Al-Qods occupée — Israël a rejeté, hier, en termes vigoureux, l'idée attribuée à la France de déployer des observateurs internationaux sur l'ultra-sensible esplanade des Mosquées à Jérusalem pour aider à enrayer l'escalade des violences en cours. Alors que la communauté internationale semble chercher à grand-peine les moyens de peser sur les évènements, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a confirmé, hier, qu'il rencontrerait cette semaine en Allemagne le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, puis qu'il irait au Proche-Orient pour s'entretenir avec le président palestinien Mahmoud Abbas. La Cisjordanie et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, sont en proie depuis deux semaines à une escalade qui fait redouter une nouvelle intifada. Les affrontements sont quotidiens, depuis le 1er octobre, entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons sont permanentes, et une vague d'attaques à l'arme blanche de jeunes Palestiniens contre des soldats ou policiers israéliens ou des juifs a semé l'anxiété et parfois la panique chez les Israéliens. Des lieux publics, habituellement fréquentés, restaient largement déserts, hier, à Jérusalem et les forces de sécurité ont été déployées en masse. La municipalité de Tel-Aviv a interdit l'accès des écoles aux employés chargés de l'entretien et du nettoyage pendant les heures où les élèves sont présents, par crainte des attentats. La mesure concerne «aussi bien les (employés) juifs que les Arabes», a dit un porte-parole de la municipalité. Les Arabes israéliens (17,5% de la population), citoyens israéliens largement solidaires des Palestiniens des territoires occupés, représentent une bonne part du personnel non-enseignant. Totalement irresponsable La bande de Gaza, territoire palestinien cadenassé par les blocus israélien et égyptien, a été gagnée par les violences le 9 octobre. Après plusieurs manifestations violentes auprès de la barrière frontalière, Israël a annoncé la fermeture, au moins pour hier, du seul passage israélien pour le transit des personnes, en faisant exception pour les cas humanitaires. Depuis le 1er octobre, 41 Palestiniens ont été tués, dont plusieurs auteurs d'attaques, et des centaines blessés. Sept Israéliens sont morts et des dizaines ont été blessés. En Cisjordanie, des étudiants juifs d'une école talmudique de Jérusalem ont été sauvés par les policiers palestiniens d'un lynchage par une foule en colère quand ils se sont rendus, sans autorisation ni escorte, en plein territoire palestinien au tombeau de Joseph à Naplouse (nord de la Cisjordanie occupée), pour le restaurer. Le tombeau révéré par les juifs avait été incendié, vendredi par des dizaines de Palestiniens. Vu le contexte, la venue d'une trentaine d'étudiants juifs au tombeau de Joseph était «totalement irresponsable» et «l'incident aurait pu se terminer tragiquement», a dit la police israélienne. L'incendie du site avait renforcé l'inquiétude que les tensions ne prennent davantage un caractère confessionnel. Le pape François a dit, hier, suivre «avec une grande inquiétude la situation de tension et de violence qui afflige la Terre sainte». La communauté internationale, comme les responsables israéliens et palestiniens, a paru largement impuissante face à un mouvement principalement conduit par de jeunes Palestiniens échappant à tout contrôle, exaspérés par l'occupation et la colonisation, encouragés par les réseaux sociaux et les incantations religieuses. Rejet de la proposition de Paris Vendredi, le président Barack Obama avait jugé important que MM. Netanyahu et Abbas et d'autres responsables essaient «d'atténuer la rhétorique susceptible d'alimenter la violence, la colère et l'incompréhension». L'un des cris de ralliement pour les Palestiniens est la défense de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier les règles régissant l'esplanade, troisième lieu saint de l'islam, également vénéré par les juifs. Ce «statu quo» autorise les juifs à se rendre sur l'esplanade à certaines heures, mais leur interdit d'y prier. Les musulmans peuvent y prier à toute heure, mais sont régulièrement soumis aux restrictions de la part des Israéliens qui contrôlent l'accès à l'esplanade. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier le «statu quo», ce dont Netanyahu s'est encore défendu hier. Il a fermement rejeté l'idée, qu'Israël attribue à la France et qui serait contenue dans une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU, d'une présence internationale sur l'esplanade. «Israël rejette la proposition française au Conseil de sécurité, car elle n'inclut aucun rappel de l'incitation à la violence et au terrorisme des Palestiniens», a dit Netanyahu. Les Affaires étrangères sont allées jusqu'à accuser Paris de «récompenser le terrorisme» palestinien.