Par Khalifa CHATER L'UE soutient «la solution de deux Etats démocratiques vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité» et ces Etats «devront garantir pleinement l'égalité de tous leurs citoyens… Dans le cas d'Israël cela veut dire qu'ils soient juifs ou pas» (Déclaration de Catherine Ashton, Maja Kocijancik, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne devant la presse. Bruxelles, 12 octobre 2010). Le gouvernement Netanyahu a adopté, dimanche 10 octobre 2010, un projet de loi exigeant que tout candidat à la citoyenneté israélienne jure loyauté envers “ l'Etat juif et démocratique d'Israël”. Deux poids, deux mesures, les juifs immigrants en Israël obtiennent automatiquement la nationalité israélienne tandis que les non-juifs doivent nécessairement prêter serment envers «l'Etat d'Israël». Cette loi remet en cause les droits de la minorité arabe qui regroupe 20% de la population israélienne. Elle institue, d'autre part, un mécanisme d'exclusion définitive, des réfugiés palestiniens des guerres de 1948 et 1967. La race remplacerait ainsi le droit du sol et le droit du sang, au mépris des droits de la citoyenneté et de l'autodétermination des peuples. Cette velléité de redéfinition donne un éclairage sur le régime pseudo démocratique. Dénonciation des résolutions de l'ONU, le deuxième texte annoncé, imposerait au gouvernement un référendum pour toute concession territoriale dans la partie arabe de Al-Qods occupée et sur le plateau du Golan. Prenons la juste mesure de cette volonté de légitimer la colonisation et l'occupation territoriale. Est-ce que la communauté internationale, peut longtemps tolérer cette négation de son discours fondateur, explicitée par la volonté de perpétuer une situation d'apartheid ? Comble de provocation, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a proposé lundi 11 octobre à Mahmoud Abbas de reconnaître Israël comme l'Etat-nation des Juifs, en échange d'un nouveau moratoire sur la poursuite de la colonisation en Cisjordanie. Une telle offre hors normes, ne pouvait qu'être rejetée. Cette volonté de poursuivre la colonisation exclut toute perspective de paix. Alors que les négociations avaient pour objectif d'évacuer les territoires occupés, de démonter les colonies, de restaurer les droits des réfugiés, dépossédés par des implantations étrangères, la politique israélienne persiste et signe. Les raisons invoquées : problème de majorité parlementaire, invocation des questions de sécurité, ne sont que des subterfuges. Or, la communauté internationale, faisant valoir des jeux d'alliance non explicités, semble s'accommoder de cette duperie. Dans l'état actuel des choses, les interventions de persuasion d'un pouvoir récalcitrant ne pouvaient que lui permettre de gagner du temps, d'établir des faits accomplis, d'assurer l'extension des colonies, des institutions de non-droit. L'impasse doit inciter la communauté internationale à effectuer une révision radicale de sa gestion de la tragédie palestinienne. Elle doit passer à la vitesse supérieure, dépasser les comportements d'indulgence et parfois les traitements de faveur. Une mobilisation diplomatique doit permettre de conforter la veille stratégique. Le retour aux normes devrait constituer la condition sine qua non de l'établissement d'un partenariat. L'exemple de la lutte de l'Afrique du Sud, contre le pouvoir discriminatoire et la stratégie de résistance diplomatique qu'elle a mis en œuvre, pour l'accompagner, lui ont permis d'atteindre le rivage du salut. Fidèle à cet exemple, l'Afrique ne pouvait rester indifférente à la réactualisation d'une telle stratégie d'émancipation, selon le modèle mis en valeur par Nelson Mandela, objet d'une célébration unanime de tous les partisans de la liberté. Le Sommet arabo-africain de Syrte rappelle cette épopée victorieuse.