PUNE (Reuters) — Le gouvernement indien étudiait hier plusieurs pistes après l'attentat à la bombe qui a fait neuf morts, dont une Italienne et un Iranien, et 60 blessés la veille dans un restaurant de Pune, dans l'ouest du pays. L'explosion a eu lieu au restaurant German Bakery, situé près d'un centre communautaire juif et d'un local religieux fréquenté par des étrangers dans cette ville à 160 km au sud de Bombay. Il s'agit du premier attentat de cette importance en Inde depuis les attaques qui ont fait 166 morts en novembre 2008 à Bombay, imputées à des militants islamistes basés au Pakistan. La bombe se trouvait dans un sac à dos déposé sous une table, ont dit les enquêteurs. Parmi les blessés figurent douze étrangers, dont des Iraniens, des Soudanais, des Népalais, des Yéménites, un Allemand et un Taiwanais. "Je ne pense pas qu'une nationalité particulière ait été visée. Ils voulaient frapper un endroit où les jeunes, étrangers comme indiens, se rassemblent", a déclaré le ministre indien de l'Intérieur, Palaniappan Chidambaram. De source proche des services de sécurité, on précise que les soupçons se tournent évidemment vers le groupe islamiste Lashkar-e-Taiba (LeT), basé au Pakistan, mis en cause dans les attaques de 2008 à Bombay, et aussi vers un groupe local dénommé les "Moudjahidine indiens", également impliqué dans plusieurs attentats par le passé. "Pour ce qui est de l'enquête en cours, nous étudions la possible implication du LeT mais aussi d'une cellule dormante des Moudjahidine indiens", a dit un responsable de la sécurité. *Aucune piste n'est exclue Les deux groupes, qui ont des liens, luttent contre la présence indienne au Cachemire. "On n'exclut rien, on n'affirme rien. L'enquête est en cours", a simplement déclaré à la presse le ministre indien de l'Intérieur. "Il n'y a pas eu de manquement du point de vue du renseignement. Cette zone est sous haute surveillance depuis un certain temps." "La bombe semble ne pas avoir été très sophistiquée, et sa confection n'a peut-être pas nécessité une formation spéciale", a déclaré B. Raman, directeur de l'Institute For Tropical Studies de Madras. Les autorités indiennes ont mis les aéroports et les gares en état d'alerte après l'attentat et des mesures de sécurité supplémentaires entourent l'équipe de cricket sud-africaine actuellement en tournée dans le pays. L'explosion est survenue au lendemain d'un accord conclu entre l'Inde et le Pakistan en vue de discussions de haut niveau à New Delhi le 25 février. La police de Pune avait été alertée de la possibilité d'attentats contre deux sites de la ville, l'ashram Osho et Chabad House, a indiqué le ministre de l'Intérieur. Mais il n'y avait pas eu de menaces contre la German Bakery. L'ashram de Pune, a dit Palaniappan Chidambaram, était l'un des sites passés en revue par David Headley, arrêté aux Etats-Unis l'an dernier et inculpé pour avoir recherché des cibles pour les attentats de Bombay. Headley est soupçonné par l'Inde d'être lié au LeT. La bombe de samedi rappelle aussi la vague d'attentats qui avaient touché les villes indiennes l'année précédant les attaques de Bombay et qui avaient fait plus de 100 morts. La police a attribué la plupart de ces attentats à des groupes musulmans locaux. Des militants hindous sont aussi soupçonnés d'avoir commandité une partie des attentats.