Le Tribunal de première instance de Sidi Bouzid a annoncé un non-lieu au profit du directeur et propriétaire de l'école de Regueb de Sidi Bouzid dans la seule affaire de traite des êtres humains, l'accusé avait également comparu pour polygamie et mariage non conforme aux règles légales. L'affaire remonte au début de l'année 2019, lorsqu'un reportage télévisé avait mis sous la lumière les conditions de santé, d'hygiène et de sécurité jugées médiocres dans une école coranique à Regueb dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, où 42 enfants âgés entre 10 et 17 ans avaient été hébergés. Le parquet avait alors ouvert une enquête et arrêté cet individu, d'autant plus que pas moins de deux enfants auraient été violés dans cette école coranique, selon les résultats des tests annaux. Mais aujourd'hui, le dossier a été rouvert et placé de nouveau sous les projecteurs suite à la décision du tribunal de première instance de Sidi Bouzid portant sur un non-lieu au profit du directeur et propriétaire de cette école fermée. Cette décision a soulevé un tollé, d'autant plus que cette affaire avait choqué l'opinion publique sous l'effet des dépassements et des atteintes qui auraient été commis à l'encontre de ces enfants, certains ont même crié à un camp d'embrigadement. Mais cette décision judiciaire a fait l'objet d'un appel rejetant, en première instance, le non-lieu prononcé en faveur du directeur de « l'école de Rgueb », ce qui relance cette saga juridico-médiatique, d'autant plus que l'affaire a été hautement médiatisée, son origine remonte même à un reportage médiatique diffusé dans le cadre d'une émission d'investigation télévisée. Le porte-parole du Tribunal de première instance de Sidi Bouzid, Makram Mosbahi, rappelle dans ce sens que le directeur de l'école coranique avait été inculpé, précédemment, de cinq mois de prison pour mariage illégal et que l'un des employés avait écopé de vingt ans de prison pour viol sur deux mineurs. Makhlouf annonce le triomphe ! Fidèle à lui-même, l'actuel président du bloc Al-Karama et avocat du propriétaire de cette école hors-la-loi avait recouru aux réseaux sociaux pour annoncer la nouvelle, ajoutant que son client a été libéré, puisque le pôle judiciaire antiterroriste avait classé dès le début les accusations à caractère terroriste. « Dieu merci, et honte à ceux qui ont monté cette affaire de toutes pièces ! », a-t-il posté sur Facebook. Pourtant, Makhlouf avait été condamné à 20 mois de prison par le Tribunal de première instance de Tunis, en décembre 2019, pour diffamation à l'encontre du procureur de la République près le Tribunal de première instance de Sidi Bouzid, ayant ordonné la fermeture de l'école en question et l'appréhension des responsables. En tout cas, pour la présidente de l'Instance nationale de la lutte contre la traite des personnes, Raoudha Laâbidi, le non-lieu en faveur du propriétaire de l'école coranique de Regueb est inquiétant. « Cette sentence nous incite à nous poser des questions quant à notre capacité à protéger nos enfants », s'est-elle interrogée. « Au camp de Regueb, tous les dépassements ont été commis contre des enfants, y compris le viol », a-t-elle dénoncé, affirmant qu'aujourd'hui la question est celle de la protection des droits de nos enfants. L'affaire de l'école coranique de Regueb avait éclaté en février 2019, dévoilée par un reportage télévisé portant sur l'histoire d'une école isolée dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, méconnue même par les habitants de cette délégation. L'investigation avait été donc confiée à la direction sectorielle pour la prévention sociale et à la direction de la police judiciaire, en collaboration avec l'Instance nationale de lutte contre la traite des personnes et le délégué de la protection de l'enfance à Sidi Bouzid. Le ministère de l'Intérieur a découvert, pour sa part, que cette association abritait un groupe de jeunes et d'enfants dans des conditions inappropriées. Depuis, un feuilleton juridico-médiatique avait commencé. Cette affaire avait fait la une des journaux pendant plusieurs jours au vu de sa sensibilité et les dépassements et crimes qui auraient été commis sous le toit de cette école religieuse que certains préfèrent appeler un camp d'embrigadement. Au total, 42 enfants, dont 29 sont retournés à l'école, et 13 autres ont été inclus dans le programme de formation professionnelle dans diverses spécialités, étaient herbagés dans cette école.