Le décret gouvernemental n° 2019-341 du 10 avril 2019, fixant le cadre général du régime des études et les conditions d'obtention des diplômes des études médicales, oblige les médecins généralistes à refaire des études d'équivalence pour pratiquer la médecine de famille, devenue une spécialité à part entière, une décision considérée comme humiliante par les médecins généralistes. Les médecins généralistes crient à injustice. Dans une correspondance adressée au Chef du gouvernement et aux ministres de l'Intérieur et de la Santé publique, l'Union des médecins généralistes de la santé publique (Umgsp) annonce que ses adhérents exerçant dans les institutions hospitalières publiques observeront une grève générale de 4 jours, et ce, du 1er au 4 décembre prochain. Cette grève sera observée dans l'ensemble des services internes à l'exception des services de dialyse et de réanimation. Les consultations externes ainsi que l'ensemble des activités au sein des services Covid-19 sont aussi concernées par cette grève générale. Au fait, leur principale revendication porte sur l'amendement ou l'annulation du décret gouvernemental n° 2019-341 du 10 avril 2019, fixant le cadre général du régime des études et les conditions d'obtention des diplômes des études médicales tout en qualifiant ce même décret d'anticonstitutionnel. En effet, l'origine du conflit réside dans ce décret gouvernemental qui stipule le lancement d'une nouvelle spécialité, celle de la médecine de famille, exercée auparavant par ces médecins généralistes. Ce décret oblige les médecins généralistes à refaire des études d'équivalence pour pratiquer la médecine de famille, devenue une spécialité à part entière, une décision considérée comme humiliante par les médecins généralistes. C'est, en tout cas, ce que pense le Dr Mondher Ghozzi, membre du bureau exécutif et porte-parole de l'Union des médecins généralistes de la santé publique (Umgsp). Contacté par La Presse, il dénonce une injustice faite aux médecins généralistes qui pratiquaient déjà la médecine de famille, affirmant que le fait d'obliger «un médecin à refaire des études pour avoir le statut de médecin de famille est une humiliation». «Cela fait plus d'une année que nous sommes en train de protester pacifiquement contre ce décret gouvernemental, mais les autorités font la sourde oreille. Nous avons déjà signé des pétitions, essayé de contacter les autorités, mais personne ne nous a entendus», s'est-il désolé, affirmant que cette grève intervient en signe de protestation contre «la nonchalance des autorités de tutelle à l'égard des revendications des médecins généralistes de la fonction publique malgré leurs efforts». L'impasse Interrogé si le timing de cette grève tombe mal, notamment dans ces conditions sanitaires exceptionnelles, notre interlocuteur explique que ses collègues n'ont pas pu trouver une autre solution pour se faire entendre. Les médecins généralistes, explique-t-il, tentent de trouver une solution contre ce décret gouvernemental, sauf qu'ils sont confrontés au mutisme des autorités. «Nous sommes arrivés à une impasse», a-t-il insisté. Laissant entendre que le ministre de la Santé, Faouzi Mahdi, a annoncé que les médecins généralistes doivent suivre une formation et passer des examens afin qu'ils aient accès au même rang que les médecins de famille, il a rappelé que les médecins généralistes encadraient, auparavant, les médecins de famille. Au fait, la demande essentielle des médecins praticiens généralistes porte sur le passage automatique de la qualité de médecin généraliste à celle de médecin de famille sans passer par une formation supplémentaire. Rappelons que Jed Henchiri, président de l'Organisation tunisienne des jeunes médecins, avait également relevé ce problème de taille qui frappe la médecine de première ligne. Il avait proposé dans ce sens de créer un mastère dans les facultés de médecine dédié aux médecins généralistes et autres, pour pouvoir obtenir le diplôme de cette nouvelle spécialité. Henchiri avait également mis en garde contre un «désordre qui pourrait frapper le cursus d'études et notamment le lancement de cette nouvelle spécialité, compte tenu de ses retombées sur l'activité des médecins généralistes, une période de transition est exigée». Publié le 12 avril 2019 dans le Journal officiel de la République tunisienne (Jort), le décret gouvernemental portant organisation des études en médecine dérange, en effet, les médecins généralistes. Il stipule le lancement d'une nouvelle spécialité, celle de la médecine de famille, exercée et encadrée auparavant par ces mêmes médecins généralistes. Les différents syndicats et unions de médecins et jeunes médecins se sont opposés à ce décret qui porte atteinte au statut des médecins généralistes. Le syndicat général des médecins, des pharmaciens et médecins dentistes de la santé publique, avait réitéré, rappelons-le, son refus du décret gouvernemental en question appelant à une concertation avec les différentes parties concernées. Notons, également que l'Union des médecins généralistes s'est dit disposée à entamer les négociations nécessaires avec les autorités afin de trouver des solutions.