Absent tout l'après-midi, le médecin est intervenu trop tard. L'état de la patiente s'est brusquement détérioré. Elle finit par rendre l'âme ainsi que le nouveau-né Najoua est-elle décédée de mort naturelle ou a-t-elle été victime comme beaucoup d'autres d'une erreur médicale? Enceinte de neuf mois et âgée de 40 ans, la jeune femme se portait comme un charme jusqu'à ce jour fatidique où elle se rend chez son médecin pour un contrôle de routine. Ce lundi 2 décembre est le dernier jour où elle est encore en vie, comme à son habitude, souriante et attendant avec impatience la naissance de son cinquième enfant, qui est un garçon. Cette fois-ci, la jeune femme a décidé d'accoucher dans la seule clinique privée qui se trouve à Ksrar Helal, afin d'éviter la mésaventure qui lui est arrivée à l'hôpital régional de la ville lors de son précédent accouchement. En voulant aider le bébé à sortir, la sage-femme le tire vers elle, ce qui a altéré l'épaule du nouveau-né. La petite fille a dû par la suite subir une opération pour lui remettre l'épaule en place. Ce 2 décembre, le médecin décide d'hospitaliser la jeune femme et de provoquer l'accouchement. Le couple ne comprend pas pourquoi le praticien est si pressé d'en finir. Mais la parturiente obtempère, rentre chez elle pour préparer ses affaires puis se rend à la clinique. Il est 13 heures. Dans la chambre située au troisième étage, des infirmières s'affairent autour de la patiente. Elles ont reçu l'ordre du médecin de lui injecter un produit destiné à provoquer les contractions. Le personnel paramédical est jeune et probablement sans expérience pour la majorité, se rappelle le conjoint de la jeune femme. Dans l'après-midi, prise de violentes douleurs, celle-ci tire à plusieurs reprises sur la sonnette située près du lit pour appeler l'infirmière de l'étage. Son état se détériore brusquement. Absent tout l'après-midi, le médecin est prévenu trop tard. La patiente a déjà rendu l'âme. Ce dernier tente, alors, de sauver le bébé dans la salle d'accouchement. Bien que mort, le nouveau-né est mis en couveuse et la famille lui rend visite. «On pensait qu'il était vivant. Le médecin nous a dit que mon fils souffrait d'une insuffisance respiratoire. C'est pour cela qu'ils l'ont mis en couveuse. Il m'a menti. Il était déjà mort et on ne le savait pas». Sous le choc, Fraj Abdellaoui demande des explications au médecin qui se dérobe à ses questions. Il lui répond qu'il ne sait pas de quoi est morte la jeune femme et qu'il s'agit d'un cas de complication très rare. Le mari qui commence à douter qu'une erreur médicale est survenue en l'absence du praticien entre dans une colère noire et demande à voir le dossier médical de sa femme. Mais on refuse de le lui donner. «Le médecin doit assumer sa responsabilité. C'est lui a qui a pris la décision de provoquer l'accouchement. Il aurait dû être présent. Lorsque son état s'est brusquement compliqué, il n'y avait que les infirmières. De plus, il m'a menti sur l'état de mon fils qui était déjà mort lorsqu'il est né. C'est inconcevable. Je compte porter plainte». Le jeune père a dû abandonner son travail pour s'occuper de ses quatre orphelins secoués par la mort de leur mère qui a perdu tragiquement la vie à cause du manque de professionnalisme et de conscience d'un médecin qui a trahi le serment d'Hippocrate.