Le premier pays à avoir accueilli l'année 2026    Taux directeur à 7 % : une bonne nouvelle pour vos prêts et projets en 2026    La SFBT appelle les Tunisiens à célébrer sans conduire après avoir bu    Tahar Bekri : Voeux de l'oiseau patient    Etudier en France : procédures pour l'année 2025–2026 et Forum des Mobilités 2026    Météo en Tunisie : temps partiellement nuageux, pluies sur les côtes du Centre- Est    L'Année 2026 sera l'année de la lecture en Tunisie : pour réconcilier les jeunes avec les livres    Maroc 2025 : qui jouera et quand ce 31 décembre ?    Les premières villes à accueillir l'année 2026    Pluies record en Tunisie : où en sont les principaux barrages ?    CAN 2025 : où regarder le match Algérie – Guinée équatoriale aujourd'hui ?    Fêtes de fin d'année : appel à la vigilance face au nouveau variant ''K''    Ismaïl Gharbi élu meilleur joueur : la Tunisie continue l'aventure en CAN 2025    Baisse du TMM : crédits et épargne, ce qui va changer pour les Tunisiens    Tunisie - Tanzanie 1-1: Une qualification amère    Le téléviseur LG Micro RGB evo au CES 2026 : un premier téléviseur RGB haut de gamme    Eclipse solaire 2027 : la plus longue obscurité totale du siècle approche !    Match Tunisie vs Tanzanie : Où regarder le match de la CAN Maroc 2025 du 30 décembre?    ESET Research révèle LongNosedGoblin, un nouveau groupe APT aligné sur la Chine    La startup "PayDay" et la "BTE" lancent une nouvelle dynamique bancaire à fort impact RSE    Météo en Tunisie : températures en légère baisse    Tunisie Telecom organise son premier "TT Family Day": la famille pilier de la stabilité professionnelle et la performance de l'entreprise    Note de lecture : Une Reine sans royaume, de Hella Feki    Hammam-Lif : lancement officiel des travaux de restauration du Casino historique    Tensions Riyad–Abou Dhabi : le Yémen devient le théâtre d'un affrontement entre alliés    George Clooney et sa famille deviennent Français et s'installent en Provence    L'ATB et Visa International célèbrent les grands gagnants du jeu-concours ATB & Visa à l'occasion de la CAN Maroc 2025    Signature de cinq accords tuniso-saoudiens à Riyad    Décès de Brigitte Bardot, icône du cinéma et militante pour les animaux    Tunisie-Nigéria (2-3) : La déception et des interrogations    Match Tunisie vs Nigeria : Où regarder le match de la CAN Maroc 2025 du 27 décembre ?    Grand concert du nouvel An à Tunis : l'Orchestre symphonique Tunisien au théâtre de l'opéra (Programme)    Festival international du Sahara 2025 à Douz : tourisme et artisanat au cœur de la 57e édition    De l'invisibilité à l'hyper-visibilité: le voile dans l'imaginaire onusien    Les couleurs du vivant: Quand la biologie et l'art se rencontrent    Tunisie-Japon : SAITO Jun prend ses fonctions et promet un nouvel élan aux relations bilatérales    Kaïs Saïed : seule l'action sur le terrain fera office de réponse    Yadh Ben Achour reçoit le prix Boutros Boutros-Ghali pour la Diplomatie, la Paix et le développement (Vidéo)    Tunisie Telecom lance sa campagne institutionnelle nationale «Le Don des Supporters»    Match Tunisie vs Ouganda : où regarder le match de la CAN Maroc 2025 du 23 décembre?    Riadh Zghal: Le besoin de sciences sociales pour la gestion des institutions    Elyes Ghariani - Le Style Trump: Quand l'unilatéralisme redéfinit le monde    Slaheddine Belaïd: Requiem pour la défunte UMA    Comment se présente la stratégie américaine de sécurité nationale 2025    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tribune |Tunisie : le mur de la dette en 2021
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 01 - 2021


Par Skander OUNAIES
L'année 2021 verra la Tunisie faire face à trois contraintes économiques majeures. Il s'agit, d'une part, des conséquences, particulièrement en termes de chômage (près de 250.000 chômeurs supplémentaires) et de désindustrialisation (35% des petites et moyennes entreprises sont menacées de faillite), du taux de croissance négatif du Produit intérieur brut (PIB) pour 2020, estimé par le Fonds monétaire international (FMI) à -7%. Certains économistes n'hésitent pas à dire, que ce taux risquerait fort d'être, hélas, dépassé et pourrait se rapprocher des -10%, analyse, qui reste, à mon sens, très défendable, compte tenu des taux de (dé)croissance du PIB donnés par l'Institut national de la statistique (INS),respectivement, des second et troisième trimestres-21,7% et -6 %, comparativement à l'année précédente.
D'autre part, de l'impossibilité quasi certaine de financer le budget compris dans la loi de finances (LF) 2021, car il nécessite des financements extérieurs de l'ordre de 4 milliards d'euros, une somme très difficilement mobilisable sur le marché financier international, vu la dégradation récente de la notation souveraine du pays (rang B) par l'agence Fitch Ratings (novembre 2020), qui passe de stable à négative .Enfin, du niveau des dettes publique et extérieure, qui verront leur montant quasiment atteindre des pics insoutenables pour l'économie. C'est sur ce dernier constat, dangereux à tous points de vue, que se focalise cette analyse.
Une erreur de politique économique fatale
Comment la Tunisie a-t-elle abouti à cet engrenage de l'endettement, qui impliquera, obligatoirement en 2021, des choix décisifs en termes de stratégie de gestion de dettes. Deux éléments majeurs expliquent, à notre sens, la situation actuelle. Il s'agit, d'une part, d'une erreur manifeste de diagnostic économique, effectué en 2012 par le premier gouvernement tripartite Troïka I, issu des élections législatives d'octobre 2011,qui a considéré que la Tunisie subissait un choc de demande, et donc il fallait appliquer une politique de relance par la demande (augmentations des salaires), alors que, réellement, le pays subissait un choc d'offre, suite aux différents mouvements sociaux observés, nécessitant ainsi une action immédiate en faveur des entreprises, par une subvention des coûts, ainsi qu'un report momentané des différents paiements, afin de maintenir la compétitivité de ces firmes et contribuer ainsi à maintenir, autant que possible, l'emploi.
D'autre part, pour financer les déficits résultant des différents augmentations de salaires, ainsi que des recrutements aberrants effectués dans la fonction publique (92.000 fonctionnaires recrutés en 2012, selon le Journal officiel), l'Etat a dû emprunter, surtout à l'extérieur, pour faire face, entre autres, à cette explosion de masse salariale, couplée à une croissance atone. Il en résulte, selon une étude de l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites 2018), que l'encours de la dette publique, a été multiplié par 3, entre 2010 et 2018, et sa part dans le PIB progressé de 40,7% à 71,7% entre 2010 et 2018. Toutefois, cet endettement n'aura servi à rien en termes de croissance pour le pays, puisque, sur la période 2007-2010, la Tunisie empruntait 0,5 dinar pour réaliser 1 dinar de croissance. Ce même dinar de croissance nécessitera en 2011-2014, un emprunt de 1,2 dinar. En revanche, sur la période 2015-2018, la Tunisie empruntera 1,8 dinar pour réaliser, toujours, 1 dinar de croissance.
On constate ainsi l'efficacité quasi nulle, à partir de l'année 2011, de l'emprunt extérieur sur la croissance du PIB. Ces chiffres sont à rapprocher de l'envolée de la dette extérieure, dont la part dans le PIB passe de 37% du PIB en 2010 à 86% en 2018 (FMI), pour culminer à 107,8% du PIB pour l'année 2020, toujours selon le FMI (avril 2020). Cette situation résulte du creusement des déficits budgétaires depuis 2011, liés, entre autres, à une baisse drastique du taux d'épargne nationale qui passe de 23% du PIB en 2011 à 2% du PIB pour l'année 2020.
Le mur de la dette pour 2021
Ainsi, pour 2021, la Tunisie aura à faire face à une dette publique de l'ordre de près de 100% du PIB, si l'on inclut les pertes des entreprises publiques, ainsi que le montant à payer (estimé à près de 1 milliard de dollars), pour le litige de la Banque franco-tunisienne (BFT), tout en considérant, pour la même année, une dette extérieure, qui sera, vraisemblablement, et selon les différents stress tests (tests de soutenabilité de la dette) établis par le FMI, supérieure à 100% du PIB. Cette pression financière se prolongera jusqu' en 2025, vu les échéances de remboursements qui se profilent.
La crise sanitaire en cours et ses effets à venir poseront certainement des problèmes graves en termes de remboursements de dettes, pour lesquelles, à mon sens, on aurait dû négocier, depuis 2015-2016, une restructuration, car la marge de manœuvre était encore possible, sachant qu'elle ne l'est plus actuellement. Il en résulte pour le pays, dans ce cas, une seule voie possible, celle d'un nouvel accord avec le FMI, qui permettrait d'éviter la situation d'un « mur de la dette », mais dans ce cas, l'Institution imposerait, certainement, des conditions économiques et financières draconiennes pour le pays. L'économiste Michel Aglietta affirme qu' « il n'y a de monnaie légitime qu'adossée à une souveraineté », pour le cas de Tunisie, à partir de 2021, cette réflexion prend une signification vitale.
S.O.
* Ancien conseiller économique, Fonds Souverain du Koweït (KIA)
Professeur à l'Université de Carthage


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.