Par Jawhar CHATTY «Les réformes, incontournables pour lever le plafond de verre qui pèse sur l'économie tunisienne, doivent être portées par cette préoccupation majeure de la nécessaire inclusion», écrit Radhi Meddeb dans une tribune parue hier sur ces mêmes colonnes. Cette inclusion globale, totale, pluridirectionnelle, multidimensionnelle qu'il nous exhorte de mettre en pratique en toute chose est financière, économique, sociale, culturelle, politique. Une telle inclusion, qui n'en rêverait pas? N'est-ce pas le désir ardent de cette même «inclusion» qui a porté à incandescence l'étincelle du 17 décembre 2010 ? Poser ainsi la question, c'est évidemment y répondre. C'est aussi une manière de rappeler que ce désir d'inclusion à tous les étages de la vie de la Cité et en son sein se heurte à une nouvelle configuration politique et institutionnelle qui ne va elle-même pas dans le sens de l'inclusion. La refonte de l'ancien modèle de développement ou son abandon et son remplacement par un nouveau qui serait marqué du sceau de cette «inclusion» se fait toujours attendre. La nouvelle Constitution du pays fait sans doute et d'une certaine manière référence aux principes de l'inclusion mais cela n'en fait pas un projet de développement. La conception d'un tel projet est une entreprise par essence politique qui ne pourra être menée à bien que si l'on intègre le long terme à la politique. Somme-nous aujourd'hui dans cette logique ? Hélas non ! Le courtermisme ronge la classe politique, partout les divisions, les scissions, les alliances et les contre-alliances, cependant que, ainsi que le relève fort justement notre collègue Sofiane Ben Farhat, «la structure éclatée et fragmentaire du pouvoir constitue un excellent terreau de manœuvre pour les uns et pour les autres». Les Tunisiens ont soif de certitudes, mais ils savent que dans ce bas monde, toutes les certitudes comme les vérités sont relatives. Cela ne leur interdit évidemment pas de rêver, d'espérer... C'est même pour eux essentiel afin de pouvoir avancer. Leur désir rejoint dans ce sens beaucoup un déjà trop vieux désir, celui de l'inclusion. Pour que ce vieux rêve se réalise, il leur faudra pousser leurs bien-pensants à s'affranchir de la tyrannie du court terme.