Jamais les rapports de force n'ont été aussi déséquilibrés à la veille d'un derby. L'EST dispose d'un effectif bien garni et se projette dans la Champions League, alors que la formation clubiste, interdite de recrutement, est composée essentiellement de jeunes du cru. De toute l'histoire du derby tunisois, on n'a jamais connu autant de disparités entre l'EST et le CA. Le fossé est tel entre les deux « frères ennemis » que dans les sphères clubistes la crainte d'être malmené par le voisin espérantiste hante les esprits avant même le coup d'envoi de la rencontre. Que des présomptions, certes, mais on peut comprendre les réticences des supporters clubistes. Interdit de recrutement, le CA n'a pu renforcer son effectif. Hormis Yassine Chammakhi, Wissem Ben Yahia et Bassirou Compaoré, tout le reste du groupe est composé de jeunes du cru. De jeunes fragiles qui manquent terriblement d'expérience. Un manque d'expérience qui s'est traduit par l'incapacité de profiter des moments forts des matches pour faire la différence et prendre l'ascendant, à l'image de la dernière prestation contre l'USM. Une nette domination durant la première période de jeu ponctuée par trois occasions nettes que ni Hamdi Laabidi ni Yassine Chammakhi n'ont su concrétiser. En seconde mi-temps, c'était le chaos total. Un visage pâle, contrairement à celui présenté lors de la période initiale. Pourtant, ce sont les mêmes joueurs qui ont foulé la pelouse. Au coup de sifflet final, une lourde défaite qui en dit long sur la faiblesse de l'effectif clubiste. Mercredi dernier, les Clubistes ont concédé leur cinquième défaite depuis l'entame de la saison. Ils n'ont gagné qu'un seul match. Sur le volet administratif et financier, c'est le chaos total avec un Abdessalem Younsi, complètement déconnecté de la réalité de son club. Un président qui refuse de partir et dont la gestion enfonce de plus en plus le CA au quotidien. C'est dans ce contexte étouffant que le club de Bab Jedid s'apprête à disputer le derby. Sur le terrain, les joueurs, qui ont fait souvent la grève depuis le début de l'exercice, seront-ils à la hauteur de l'événement, demain ? Difficile de fournir une réponse positive, dans la mesure où ils n'ont rien montré de bon en 10 matches. Pourvu que Wissem Ben Yahia sache encadrer ses jeunes équipiers et que Lotfi Rouissi trouve les mots justes pour que les joueurs livrent un match à la hauteur de la réputation de leur club et... du derby aussi, qui reste le rendez-vous le plus suivi et le plus attendu du football tunisien. Une autre dimension... L'autre protagoniste de ce derby connaît une situation complètement différente. L'EST ne compte qu'une seule défaite depuis le début de la saison, concédée à Sfax, mais après laquelle les joueurs ont réagi en remportant deux victoires consécutives en alliant manière et résultat. Côté administratif, le club est géré depuis des années d'une main de fer par Hamdi Meddeb, son président et principal pourvoyeur. Côté recrutement, l'effectif a été renforcé par le revenant Anis Badri, déjà opérationnel et auteur de l'un des quatre buts de la victoire à Béja. Un deuxième recrutement a été opéré au début de cette semaine avec l'arrivée de l'attaquant ghanéen, Basit Abdul Khalid. En renforçant son attaque, l'Espérance de Tunis vise la Ligue des champions africaine. Un trophée que les « Sang et Or » aspirent récupérer après l'avoir perdu la saison dernière. Bref, l'Espérance de Tunis, c'est une toute autre dimension. Un club bien géré et qui s'apprête à disputer le derby avec une infirmerie qui désemplit (rétablissement de l'attaquant Nassim Ben Khalifa), une nouvelle recrue déjà opérationnelle (Anis Badri) et un avant-centre qui retrouve son instinct de buteur (Yassine Khénissi). Pour toutes ces raisons, l'EST est censée remporter haut la main le derby de demain. Le fossé qui sépare les deux protagonistes sera-t-il traduit sur le terrain par une large victoire du leader ou le CA créera-t-il la surprise ?