Le personnel de la santé est en effervescence. Alors qu'il est frappé de plein fouet par une crise sanitaire inédite, il se trouve à chaque fois obligé de mobiliser pour revendiquer ce qu'il appelle ses droits. En tout cas, face au blocage, la Fédération générale de la santé a opté pour l'escalade. Photo : Koutheïr KHANCHOUCH Hier, devant le ministère de la Santé, le personnel de la santé a répondu à l'appel lancé par la Fédération générale de la santé pour protester contre les récentes déclarations de la ministre auprès du chef du gouvernement chargée de la Fonction publique, Hasna Ben Slimane, et réclamer l'application de l'article 2 de la loi portant statut général des personnels de la fonction publique. Tout le blocage réside dans ce point. Alors que le gouvernement et la Fédération de la santé avaient signé des accords, il y a quelques mois, qui portent sur le statut général des personnels de la santé, et conformément auxquels ces derniers devraient être concernés par l'article 2 portant statut général des personnels de la fonction publique, les dernières déclarations de la ministre précitée ont mis en colère le personnel de la santé. Pour elle, l'application des dispositions de cet article aux personnels de la santé «risque de démanteler la fonction publique». Des déclarations, considérées par le syndicat comme un détournement de positions concernant les accords signés avec le gouvernement Elyes Fakhfakh. Face à ce blocage, la Fédération générale de la santé a opté pour l'escalade. Othman Jallouli, secrétaire général de la Fédération générale, affirme que le personnel de la santé observera à partir d'aujourd'hui, mardi, une grève générale ouverte dans tous les établissements hospitaliers et de santé à l'exception des urgences. Il promet également un sit-in ouvert dans les locaux du ministère de la Santé et dans les hôpitaux régionaux pour revendiquer ce qu'il appelle leur droit. Cet article 2 de la Loi n° 83-112 du 12 décembre 1983, portant statut général des personnels de l'Etat, des collectivités publiques locales et des établissements publics à caractère administratif, porte sur les statuts particuliers de certains métiers. Ces statuts particuliers fixent pour chaque catégorie de personnel les modalités d'application de la présente loi. Ils portent notamment sur les personnels du corps diplomatique, du corps administratif et technique particulier au ministère des Affaires étrangères, du corps enseignant, des corps supérieurs des services extérieurs de l'administration régionale, des agents des douanes, du corps des services actifs des forêts, du corps du contrôle général des services publics relevant de la présidence du gouvernement. Mais aussi sur le corps médical et juxta-médical, du corps des contrôleurs de la réglementation municipale du corps technique, et du corps des animateurs sportifs relevant du ministère de la Jeunesse et du Sport et autres. Mais ce que veut la Fédération de la santé, c'est que cet article 2 soit appliqué à tous les personnels de la santé, comme convenu avec l'ancien gouvernement. Le blocage ? Contacté par La Presse, Abdelfatah Ayari, membre de ladite Fédération, dit rejeter les déclarations de la ministre en question, et affirme qu'elles font fi au principe de la continuité de l'Etat, et que le gouvernement est appelé à respecter ses engagements et ses accords signés avec la Fédération. « Nous défendrons nos intérêts quoi qu'il en soit, tout le secteur est aujourd'hui livré au désespoir et nous continuerons de lutter jusqu'à ce que nous obtiendrons gain de cause », a-t-il affirmé, n'écartant aucune forme d'escalade. Il explique également que ces formes de protestations interviennent aussi pour protester contre les conditions de travail des personnels de la santé et pour réclamer l'application de tous les textes et accords conclus avec le gouvernement. En effet, cette escalade intervient au moment où la Tunisie se trouve dans une crise sanitaire inédite, ayant mis à mal tout le secteur de la santé et notamment le système hospitalier. Les médecins, infirmiers et les différents personnels de la santé avaient, à maintes reprises, appelé à l'amélioration des conditions d'exercice. En décembre dernier, suite à la mort tragique d'un jeune médecin dans un accident d'ascenseur à l'hôpital de Jendouba, tout le secteur s'était révolté contre une infrastructure hospitalière défaillante. Le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, s'était engagé à consacrer une enveloppe pour remédier à la situation.