Le président Saïed félicite les jumelles tunisiennes Bissan et Bilsan Kouka, lauréates du Défi de la Lecture Arabe 2025 à Dubaï    Tunisie : un conseil ministériel décide de mettre la pression sur les prix de l'huile d'olive dans les surfaces commerciales    Pourquoi les Tunisiens stockent-ils les traitements de la thyroïde ?    Khaled Bettine: « AGIL » sécurise l'approvisionnement énergétique de la Tunisie et mise sur les énergies renouvelables    Chômage des diplômés : l'ARP saisi d'une demande d'examen en urgence    Hatem Ben Youssef : « La baisse mondiale de l'or n'impacte pas notre marché déjà sinistré »    Tunisie : Les pharmacies suspendent le tiers payant à partir du 27 octobre    Tunisie : une économie résiliente au premier semestre 2025 malgré une conjoncture délicate    65 Etats signent la Convention des Nations Unies contre la cybercriminalité    « Where the Wind Comes From » d'Amel Guellaty sacré meilleur film arabe à El Gouna 2025    Coupe de la CAF – 2e tour préliminaire retour – Stade de Radès (17h00) : ST-OC Safi : Le pied sur l'accélérateur    Ligue 1 – Championnat national (11e journée) – Le CA à l'épreuve de la JSK    Ligue 1 – Championnat national (11e journée) – ASG : Des raisons de rebondir    Révolution dans les laboratoires tunisiens : diagnostic des bactéries en quelques minutes seulement !    Préparez-vous à la coupure : l'électricité sera interrompue dimanche    Mohamed Khalil Jendoubi offre à la Tunisie le titre mondial de taekwondo en Chine    Coup d'envoi de la première édition du Festival international des montgolfières à Djerba    Grande opération de nettoyage des monuments historiques à Mahdia    Brouillard matinal et températures en légère hausse ce samedi en Tunisie    Angelina Jolie envisage la création d'un village de secours pour enfants à Gaza    Lab'ess organise "Lem7ata" pour renforcer les liens de confiance entre les associations tunisiennes et les citoyens    AMEN BANK et le Ministère de la Santé : un partenariat durable au service des hôpitaux publics    Greenov'i lance son deuxième appel à manifestation d'Intérêt GreenAssist pour le diagnostic environnemental des entreprises    Tunisair mobilise 106 millions DT pour un programme de maintenance historique    Médenine abrite la 28ème édition de son Festival National du théâtre expérimental, session hommage à Anouar Chaafi    Le déminage de la bande de Gaza nécessitera 30 ans    Tozeur – Ong Jemel : Démarrage des travaux de restauration    Rafaâ Ben Achour - L'avis de la Cour internationale de Justice du 22 octobre 2025: Obligations d'Israël    Météo en Tunisie : pluies éparses attendues sur le Nord-Ouest    Festival International du Cinéma de la Femme de Gaza : huit films tunisiens participent à la 1ère édition    Entre traditions et diplomatie : l'Ambassadeur britannique en Tunisie célèbre les liens entre deux cultures    S.E. Roderick Drummond ambassadeur du Royaume-Uni : La Tunisie est un pont entre tradition et modernité    Ameur Bahri: Une allégorie singulière    Corée du Nord : un essai de missile suscite l'inquiétude à l'échelle internationale    Arab Reading Challenge : les jumelles Bissane et Bilsane Kouka remportent le trophée de la 9e édition    Le film 13 Round de Mohamed Ali Nahdi sélectionné au Festival Black Nights de Tallinn 2025    Météo en Tunisie : nuages passagers sur la plupart des régions    Aziz Krichen, ce vendredi à Al Kitab; pour débattre de son nouveau livre «A contre-courant»    Quand le trottoir devient un tribunal : l'Allemagne se penche sur le catcalling    Gabès – crise environnementale : Kais Saïed promet de démanteler les réseaux de corruption (vidéo)    Vient de paraître : Une fille de Kairouan de Hafida Ben Rejeb Latta    L'Espérance de Tunis ouvre la vente des abonnements "Virage" à partir du 22 octobre    Un nouveau pont entre l'université et la jeunesse : l'IPSI signe avec l'Observatoire National de la Jeunesse    Wushu Kung Fu : la Tunisie décroche 7 médailles au championnat du monde en Chine    Sarkozy se rend en prison à bord de sa voiture personnelle    L'Amiral Mohamed Chedli Cherif : Il aimait tant la mer, il aimait tant l'armée, il aimait tant la Tunisie    Pétrole russe : Pékin dénonce les “intimidations” de Trump et défend ses achats “légitimes”    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Slaheddine Ferchiou, président de la Chambre nationale de commerce à l'Utica, à La Presse : «Seule l'union économique entre la Tunisie et la Libye peut nous sauver»
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 02 - 2021

La tentative d'union entre la Tunisie et la Libye ne date pas d'aujourd'hui. Elle remonte aux années 1970... En effet, à la suite d'une rencontre se déroulant dans l'île de Djerba le 12 janvier 1974, le président Habib Bourguiba et son homologue libyen, Mouammar Kadhafi, ont annoncé la conclusion d'un accord qui prévoit l'union des deux pays au sein d'une ‘'République arabe islamique''. Restant un rêve inaccessible et impossible à concrétiser pendant des décennies, cette initiative mort-née soulève de nouveau le débat, après avoir entamé une nouvelle phase de transition en Libye suite à l'élection d'un exécutif uni qui devra mettre en place un gouvernement. Le président de la Chambre nationale de commerce à l'Utica, Slaheddine Ferchiou, nous en dit plus dans cet entretien.
Commençons par le commencement, pouvons-nous faire un retour sur l'accord de 1974 ?
Tout d'abord, nous félicitons l'élection d'un Conseil présidentiel libyen, un événement historique qui va permettre d'ouvrir un avenir nettement meilleur pour ce pays frère et ami, mais aussi pour nous — les Tunisiens — et tous les pays arabes et africains. Il faut le dire, après une décennie de conflits, la désignation d'une autorité exécutive unifiée pour mener la transition a ravivé l'espoir — non seulement de nos frères libyens — d'une relance de l'économie du pays, d'une meilleure stabilité politique et sociale capables de jeter cette crise dans l'oubli. Donc, la Tunisie ne peut que saluer cette avancée importante pour une résolution politique du conflit dans ce pays voisin.
Revenant maintenant sur l'accord de Djerba du 12 janvier 1974, qui était, en fait, ‘'un traité d'union'' pour avoir un seul pays, je me rappelle bien que l'annonce de la signature de l'accord d'union entre la Tunisie et la Libye, qui a été faite par Mohamed Masmoudi, ministre des Affaires étrangères à l'époque, a eu un effet positif — et non négatif — sur le peuple des deux pays, qui était satisfait et content. Les gens ont vu un avenir plus prospère et plus sain pour tous et toutes. C'était vraiment une forme de soulagement parce qu'il n'y avait pas de raison qu'on soit deux pays différents, alors qu'à l'origine, nous étions un seul pays.
Le président Bourguiba, que le rapprochement avec la Libye a toujours hanté, a appelé le lendemain le président algérien à l'époque Houari Boumédiène, pour lui annoncer cette nouvelle et le convaincre de rejoindre cet accord. Mais Boumédiène, qui s'est toujours opposé à l'idée de l'union, lui a répondu que ‘'l'Algérie ne prend jamais le train en marche''.
De l'autre côté, quand l'annonce de l'union a été proclamée dans les journaux et les radios, elle a fait beaucoup de bruit à cette époque là : Bourguiba était seul à Tunis, alors que son Premier ministre durant les années 70, Hédi Nouira, était en Iran, et son épouse, Madame Bourguiba, qui avait beaucoup d'influence sur la politique, était à Beyrouth. Quand ils sont revenus, tous les deux étaient contre l'union entre la Tunisie et la Libye. Pour Hédi Nouira, cette union ne pourrait jamais fonctionner : les deux chefs d'Etat rêvent d'assumer le leadership de la région, voire de la "nation arabe" (ce qui va créer un climat de tension et de malaise général pour les deux pays) et économiquement, chaque pays persistait à se concentrer sur ses propres potentialités.
Malheureusement, les politiciens à l'époque n'ont pas compris que le problème était beaucoup plus important qu'une affaire d'homme ; c'est un problème d'avenir, de stratégie, d'environnement... Et donc, l'initiative a été bloquée du côté tunisien par des personnalités influentes.
Il est important ici de rappeler que l'accord a stimulé l'organisation d'un référendum pour accepter la fusion des deux pays. Du côté libyen, il n'y avait pas de problème, alors que pour la Tunisie, il fallait une durée de trois mois pour convoquer un référendum. Et finalement, Bourguiba s'est excusé après le bras de fer qui a abouti à l'avortement de cette initiative.
Après avoir enterré cette initiative, il y a 47 ans, elle refait surface ces derniers jours, mais sous une autre forme.
Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
A l'époque, les hauts responsables tunisiens n'ont pas compris que l'avenir de ces deux pays est commun et l'égoïsme des anciens dirigeants nous conduit, aujourd'hui, à cette situation déplorable. Toutefois, nous — la Tunisie et la Libye — pouvons devenir un ‘'grand pays'' et revenir à ce que nous étions dans l'histoire ancienne (un seul pays). Et donc, le retour à l'origine est une vertu dans ce cas-là !
En 1974, Bourguiba m'a dit une phrase qui est toujours d'actualité : ‘'Kadhafi ne va pas durer. Lui, moi et tout le monde sommes de passage sur cette terre...Personne ne dure...Ce qui va durer, c'est le peuple tunisien et libyen, qui vont dans l'avenir vivre ensemble''. Aujourd'hui, plusieurs d'entre nous se sont rendu compte que si ce rêve de Bourguiba avait été réalisé, la Tunisie ne serait pas, aujourd'hui, dans cet état de crise. Mais ce que je dis est le suivant : il n'est jamais trop tard de reprendre les choses en main et de faire naître cette initiative.
Regardez ce qui s'est passé pendant la dernière décennie: depuis la révolution de 2011, l'internationalisation de la guerre en Libye n'a fait que menacer la stabilité économique, politique et sécuritaire de la Tunisie. Aujourd'hui que la donne commence à changer et que notre voisin s'approche de sa stabilité politique, économique et sociale, l'union entre les deux pays ne peut qu'être bénéfique pour les deux parties. Mais cette fois-ci, ce rêve doit être mis sur les rails pour éviter de répéter les erreurs qui ont entraîné l'échec de cette initiative. Loin des conflits politiques et des intérêts personnels, c'est l'avenir de toute une Nation qui est en jeu. Et donc, nous pouvons rendre possible, aujourd'hui, l'impossible d'hier. C'est une question de volonté et de détermination.
Mais il existe des obstacles lourds à l'échelle économique, un déficit de confiance, une frilosité politique...Qu'en pensez-vous ?
Comme on dit souvent, on ne peut pas tout faire en même temps, mais on ne peut pas tout laisser tomber d'un coup. La priorité devrait être accordée à l'économie, car un accord politique, dans ce moment historique pour les deux pays, paraît une affaire difficile.
En Tunisie, et grâce à cette démocratie chèrement acquise, nous avons, aujourd'hui, un pouvoir populaire qui peut refuser cet accord. Du côté libyen, notre voisin vient de sortir d'une crise terrible et il a besoin du temps pour pouvoir récupérer, travailler et s'habituer à ce nouveau contexte. Donc, en ce moment, l'union entre la Tunisie et la Libye sur le plan politique paraît une affaire difficile. Par contre, on peut parler, aujourd'hui, d'une coopération et d'une union économique.
Regardez la Communauté européenne, qui est formée de 27 Etats où chaque pays a son propre gouvernement, ses propres lois...Cette communauté progresse à pas de géant vers son intégration économique...Les ressortissants des pays membres de l'Union peuvent franchir les frontières intérieures sans être contrôlés ou montrer leur passeport, ce qui permet aux citoyens européens de circuler, s'établir, travailler, étudier...dans tout autre Etat de l'Union européenne. Ces pays ont la même monnaie, aujourd'hui, qui est l'euro et ce marché commun a fait des pas énormes depuis sa mise en place.
Pourquoi nous n'essayons pas de faire les premiers pas et de créer une communauté économique entre la Libye et la Tunisie — et plus tard l'Algérie. D'ailleurs, les gens du sud des deux pays considèrent les frontières tuniso-libyennes comme des frontières artificielles invisibles... On a le même langage, la même religion, les mêmes habitudes alimentaires, les mêmes habitudes traditionnelles dans les mariages, les fêtes...Tous les ingrédients qui peuvent faire de ce rêve une réalité sont réunis.
Est-ce facile à faire?
Tout le monde le sait, la Tunisie a connu pendant les dernières années une crise économique et politique très difficile qui se transforme en une crise sociale. Et la pandémie de Covid-19 ne fait qu'aggraver et compliquer cette situation, ce qui fait qu'on ne peut pas estimer la date de départ en croissance.
Facile à le faire ou non reste lié à la volonté de nos décideurs. Mais ce qui est certain, c'est que la création d'une communauté économique entre la Tunisie et la Libye sera la seule solution pour voir le bout du tunnel et faire sortir ces deux pays du marasme dans lequel ils sont plongés depuis des années. De l'autre côté, il est du devoir de nos décideurs d'amener les peuples des deux pays à accepter ce compromis pour bâtir un Etat unifié.
Est-ce un partenariat vraiment gagnant-gagnant ?
Il est vrai que la Tunisie ne dispose pas d'importantes richesses naturelles pour arriver à redresser l'économie et que le pays se trouve toujours bloqué face à cette crise à multiple facette. Du côté libyen, la guerre a détruit énormément de choses et de possibilités de travail ; la production de pétrole a été réduite, voire interrompue, et le commerce extérieur a été fortement perturbé...et tout est à reconstruire. Après cette période noire, les deux pays peuvent aujourd'hui travailler ensemble.
Aujourd'hui, la Libye a besoin des compétences et de la main-d'œuvre tunisiennes presque dans tous les secteurs, ce qui nécessite la facilitation de l'intégration des jeunes tunisiens sur le marché du travail libyen et le renforcement de la coopération économique tuniso-libyenne afin d'impulser le commerce bilatéral. Idem pour la Tunisie qui a besoin des Libyens pour des projets d'investissement et du marché d'emploi libyen qui peut absorber un grand taux de chômage parmi les jeunes diplômés tunisiens...
Donc, loin des conflits politiques, la Tunisie et la Libye sont deux communautés complémentaires et seule l'union économique entre les deux pays peut nous sauver et mettre un terme à cette situation chaotique.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.