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Méroé, héritière des « pharaons noirs »
Musée du Louvre
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 08 - 2010

Pour la première fois, la civilisation de Méroé est représentée dans une exposition, avec des œuvres très originales, peu connues et souvent énigmatiques. L'empire méroïtique révèle une civilisation puissante et raffinée, qui régnait entre le IIIe et le IVes siècles avant J-C. « Méroé – Un empire sur le Nil » jusqu'au 6 septembre 2010.
Des statuettes, des hiéroglyphes, des pyramides... l'Egypte pharaonique ? Non, bienvenue au royaume méroïtique poétique. Un empire sur le Nil jusqu'à aujourd'hui méconnu.
La star de l'exposition est la statue d'un roi archer. Elle a été découverte en 1974 à Tabo et date du IIe siècle avant J.C. Une pièce en bronze stuqué qui nous touche par son aspect doré qui s'écaille et qui donne à l'œuvre un aspect à la fois humain, royal et divin. C'est l'objet méroïtique en métal le plus spectaculaire et aussi une des rares statues de roi. Ce roi est prêt à bander son arc. Avec son diadème, son collier à triple tête de bélier et son pied gauche qu'il avance, il montre qu'il est capable de régner.
Le vaste empire de Méroé s'épanouit pendant six siècles. Ses pyramides, plus pointues et plus petites que les pyramides égyptiennes, dominent la région entre 270 avant et 350 après J.-C. Le royaume naît quand le roi Armani Ier décide de transférer la nécropole royale près de Méroé, distante de 220 km de Khartoum, actuelle capitale du Soudan. Le déclin de la Basse-Egypte permet au royaume de Méroé de s'enrichir par le commerce de l'or, des fourrures, de l'ébène et de l'ivoire.
La moitié des objets exposés vient du musée de Khartoum, dont beaucoup d'inédits. Guillemette Andreu-Lanoë, directrice du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, est fière de présenter « des objets qui sont littéralement sortis des cartons. Nous avons fait de l'archéologie dans les musées et les réserves. Les œuvres venant de Khartoum ont été bichonnées, restaurées, améliorées par nos laboratoires».
Une tête de Dionysos se trouve au milieu de céramiques extrêmement fines, de stèles funéraires, de cobras dressés et de motifs africains locaux. Ce mélange d'influences frappe notre œil, comme ce gobelet qui a été retrouvé en mille morceaux: « Là encore, vous avez les trois éléments constitutifs de la civilisation de Méroé : une inscription en grec, le dieu égyptien Osiris et des détails locaux dans les ornements, les costumes et les coiffures.» Un mélange spécifique avec une identité et une puissance propres au royaume de Méroé : « Son caractère Afrique subsaharienne fait de cette civilisation et de cet empire un monde à part qui a son autonomie économique, politique et culturelle ».
« Le bestiaire africain»
Epoustouflante, la figurine de prisonnier ligoté avec son expression très cruelle et d'une forme parfaitement harmonieuse ; ou ce lion dévorant un prisonnier, magnifiant la royauté méroïtique triomphante : « C'est le bestiaire africain. Le lion a une ambivalence » explique Guillemette Andreu-Lanoë. « Il est violent, destructeur, guerrier, c'est l'animal des savanes par excellence. En même temps il a un rôle très protecteur en étant gardien de la royauté. Nous avons trouvé beaucoup de statues de lion ornant les portes de palais, mais aussi les réservoirs d'eau. » Le roi est, quant à lui, associé au dieu égyptien Amon, symbolisé par un bélier.
Il existe trois productions emblématiques pour les objets de prestige: la faïence, l'orfèvrerie et la verrerie, qui intrigue les scientifiques. Une école voudrait que la verrerie fût importée du monde méditerranéen via l'Egypte. Une autre suppose une fabrication locale avec une transmission de savoir-faire de verriers venant de l'extérieur. « À l'heure actuelle, nous n'avons pas retrouvé d'atelier de verriers. Donc, ni une proposition, ni une autre ne peut être confirmée, ni infirmée. »
« Coincée dans ses mystères»
La langue méroïtique reste également une énigme. Les deux écritures comportent 24 signes chacune : l'une est hiéroglyphique, l'autre cursive. 2.000 textes royaux, échanges diplomatiques, faits d'armes, récits de campagne, annales existent, mais sont indéchiffrables. Personne ne sait pourquoi les rois ont bâti leurs monuments, si Méroé reposait sur l'esclavage ou pourquoi il n'y a pas de momies comme en Egypte. « La langue de Méroé fut longtemps une langue coincée dans ses mystères. Elle n'était plus utilisée depuis des millénaires et l'on a perdu sa grammaire. Contrairement à l'Egypte, nous n'avons pas encore trouvé la pierre de Rosette, qui nous faciliterait grandement les choses. »
En 1822, ce fragment de stèle a servi de clef à Jean-François Champollion pour déchiffrer l'égyptien hiéroglyphique. La pierre de Rosette porte trois versions d'un même texte, dans deux langues et trois systèmes d'écritures. Pour l'énigme de Méroé, c'est l'archéologue et linguiste français, Claude Rillons, qui mène les enquêtes. Il a pu reconstituer la famille linguistique du méroïtique. Il a découvert des traits communs avec les langues encore parlées au Tchad et en Erythrée et il a réussi à traduire une stèle qui est présentée dans l'exposition.
En l'an 200 de notre ère commence le déclin de l'Empire. En 320, le royaume construit sa dernière pyramide. La culture de Méroé disparaît progressivement : d'abord par les attaques des ennemis traditionnels, Nubiens à l'ouest et Blemmyes à l'est, ensuite par le développement du christianisme et l'arabisation.


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