En 2015, six personnes, dont des enfants, ont péri suite à une contamination par le virus de la rage. Un virus fatal à défaut d'un traitement prophylactique immédiat. Le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques a entamé, le premier janvier 2016, la campagne nationale annuelle de vaccination contre la rage, laquelle prendra fin en mars. Depuis les années 80, le programme national de l'éradication de la rage poursuit cette lutte acharnée contre le plus vilain des virus qui met en danger la vie de l'Homme et des mammifères, d'une manière générale. Cette année encore, des milliers de chiens ainsi que d'autres animaux seront vaccinés afin de prévenir la contamination redoutable par le virus et éviter que des vies humaines ne périssent dans des conditions, du moins que l'on puisse dire, dégradantes. Mme Kaouther Oukayli, chargée de la zoonose au sein de la direction générale des services vétérinaires, rappelle que la rage est, par définition, un virus mortel par excellence. Il se transmet de la race canine vers les autres mammifères dont l'Homme. Une fois mordu par un chien ou par un animal qui présente les signes propres à la maladie ( une salive abondante, des yeux rouges, une agressivité manifeste ), l'homme doit ipso facto se diriger vers les établissements de santé pour recevoir un traitement prophylactique à temps et éviter ainsi une mort imminente et atroce. «En 2015, nous avons enregistré six cas de décès dus à la rage dont la plupart étaient des élèves et des enfants. Ce nombre est énorme et scandaleux. Il n'est plus tolérable, de nos jours, de compter des décès dus à la rage», souligne Mme Oukayli. Ces personnes ont péri suite au laxisme des proches inconscients de la dangerosité d'une morsure de chien. Et à défaut d'un traitement immédiat, des symptômes cliniques apparaissent, ce qui annonce, à coup sûr, une mort irrévocable. «Les personnes contaminées et n'ayant pas bénéficié d'un traitement d'appoint meurent dans des conditions avilissantes. Enchaînées au coin d'une cellule, elles sont déshumanisées. Après leur décès, elles seront nécessairement décapitées pour autopsie», ajoute-t-elle, émue. Un travail tri-disciplinaire Pour éviter de pareils constats, trois ministères s'appliquent à la tâche, chacun de son côté, assurant, ainsi, un travail tri-disciplinaire. Le programme national de l'éradication de la rage est mené conjointement par le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Santé et le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques. Ce dernier procède annuellement à une campagne de vaccination, garantie par le biais des 201 centres de vaccination, relevant des circonscriptions de la production animale, lesquelles dépendent des commissariats régionaux au développement agricole. Chaque année, quelque 450 mille chiens appartenant à des particuliers se font vacciner d'une manière à la fois gratuite et obligatoire. Mme Oukayli précise qu'un travail de collecte des données et de recensement de la population canine présente dans tout le territoire tunisien est indispensable avant l'annonce de la campagne. Ce travail permet d'avoir une idée sur l'importance de la population canine et de prendre, ainsi, les précautions nécessaires et l'approvisionnement suffisant en vaccins. «Nous procédons, dans le cadre de la campagne nationale de vaccination contre la rage, au porte-à-porte pour informer et sensibiliser les particuliers sur l'impératif de faire vacciner leurs chiens. Nous interpellons même les imams afin qu'ils diffusent l'information lors de leurs prêches», renchérit-elle. La vaccination contre la rage touche, aussi, d'autres animaux notamment ceux présents dans les zones touristiques comme les chameaux, les chevaux ainsi que les bovins dans le milieu rural. Faut-il noter que, cette année, quelque 80 mille doses de vaccins ont été octroyées à la Tunisie sous forme d'un don de l'organisation internationale de la santé animale. Si le ministère de l'Agriculture assure la gestion des foyers de la rage et de la vaccination animale, le ministère de la Santé se charge, lui, du traitement des personnes contaminées par le virus et de l'éducation sanitaire. La responsable souligne l'importance du coût d'une telle maladie. Le traitement prophylactique coûte à l'Etat pas moins de quatre millions de dinars par an. La vaccination animale contre la rage nécessite, quant à elle, une enveloppe annuelle d'un million de dinars. Une mission collective Le ministère de l'Agriculture recommande, à chaque fois, au ministère de l'Intérieur, le recours à l'abattage des chiens errants qui présentent, dit-on, le principal risque de contamination de l'animal à l'animal et de l'animal à l'homme. «La plupart des personnes contaminées par la rage ont été mordues par des chiens errants. Le nombre des chiens errants augmente à un rythme phénoménal, ce qui renforce le risque et menace la santé publique», souligne la responsable. Elle saisit l'occasion pour appeler les citoyens à contribuer, de leur côté, à la lutte contre la rage en optant pour un comportement civique et écologique. Les tas grandissants d'ordures ménagères qui jonchent nos quartiers présentent un terrain favorable aux rassemblements de chiens errants. Selon son avis, lutter contre la rage ne devrait aucunement se limiter aux trois ministère précités mais doit concerner toutes les institutions et le citoyen, en première lieu.