Généralement et tout au long du mois de mai jusqu'à fin juillet, les services du ministère de l'intérieur procèdent à une véritable chasse aux chiens errants. Ces campagnes s'intègrent en fait dans le Programme national de lutte contre la rage auquel participent, outre le ministère de l'intérieur, le ministère de la Santé publique, et celui de l'agriculture. La rage fait en effet peur dans le monde entier. Malgré le vaccin antirabique, malgré les précautions de toutes sortes et le quasi contrôle des animaux concernés, la rage tue chaque année des centaines de milliers de personnes dans le monde, auxquelles il faut ajouter les pertes d'animaux, allant du chien jusqu'aux vaches en passant par le renard. 55.000 décès dus à la rage ont été ainsi recensés en 2004 dans le monde par l'Organisation mondiale de la santé. Le gros du bataillon provient d'Afrique et d'Asie. Toutefois et à l'exception de quelques rares pays où la rage est éradiquée, la maladie continue à sévir un peu partout dans le monde. En Tunisie, l'évolution de la rage est passée par plusieurs phases. Une première phase qui se situe juste après l'indépendance et qui s'est poursuivie jusqu'aux débuts des années quatre-vingt. Durant cette période, le choix de vacciner les animaux, principalement les chiens, dépendait du libre arbitre et de la bonne volonté du propriétaire. Les résultats furent carrément médiocres, et annuellement,la moyenne d'animaux enragés atteignait les quelque 260 cas. Cette période, et au vu des résultats négatifs, fut suivie par la mise en place du premier Programme national de lutte contre la rage. Les ministères, avec l'appui de l'OMS, ont déclenché une campagne de vaccination massive de chiens sur tout le territoire national qui s'est soldée par des résultats réellement encourageants avec un chiffre de contamination constamment revu à la baisse. L'année 1985 restera même dans les annales avec, pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie, zéro cas de rage chez l'homme. Malheureusement, cette période de vigilance extrême ne fut pas maintenue et quelque temps après, on assista à une recrudescence sans précédent de cas de rage. Il faut attendre l'année 93 avant qu'une reprise de vaccination ne soit enregistrée. De nouveau, les chiffres ont entamé la courbe descendante sans pour autant jamais arriver aux résultats obtenus aux premières années d'application du programme national. La rage est l'objet cependant d'une réelle préoccupation, notamment dans le monde rural où le chien, principal vecteur de rage dans les pays du Maghreb, occupe une place de choix avec, en moyenne, deux chiens par ménage. D'autre part, la rage se caractérise dans la perception du Tunisien de troubles comportementaux bizarres, d'hallucination et d'effroi. La rage est, en fait, une zoonose, c'est-à-dire une maladie de l'animal principalement à sang chaud. Elle est en plus transmissible à l'être humain. Elle est provoquée par un virus qui fait partie des lyssavirus , un groupe de virus responsables d'encéphalite. Une fois que les signes cliniques et les symptômes apparaissent, le malade est fatalement mené à la mort car, à cette étape de la maladie, aucun traitement, aucun vaccin n'est valable. Fatalement, la mort est au bout du compte. Mais auparavant, le malade passe par des étapes pénibles. Les premiers symptômes s'accompagnent, en effet, de troubles comportementaux, d'hallucination, de confusion, d'anxiété. Le patient devient même hydrophobe et ne supporte plus des liquides dont la seule vue ou le contact provoque en lui panique, peur profonde et sensation de brûlure insoutenable. Chez l'animal, les signes et symptômes de la rage varient selon le degré d'impact du virus sur le cerveau. D'une façon générale, l'animal contaminé présente un comportement inhabituel. Il peut être très agressif et s'attaque aux personnes et aux autres animaux sans aucune raison. Mais souvent, il est aussi pris de soubresauts et de tremblements et finit par être paralysé. Aussi bien pour l'être humain que pour l'animal, la mort survient quelques jours seulement après l'apparition des premiers symptômes. C'est pourquoi aujourd'hui, tous les efforts de nombreux pays, dont le nôtre, tendent à éradiquer la rage.