Par H. HKIMA Sommes-nous tous à ce point drogués, insensibles, aveugles, intoxiqués, frappés de léthargie ? Où donc sont passés la dignité arabe, la compassion et la solidarité, l'union qui fait la force, le sens du sacrifice, du bien, du nationalisme, de l'identité ? Avons-nous perdu l'intelligence et la perspicacité ? Sommes-nous des benêts et des moutons de Panurge pour nous laisser manipuler par des dirigeant, qui, loin de chercher notre bonheur et celui de nos générations, ont vendu leur âme et leur esprit au diable pour une poignée de dollars et d'euros, de pétrodollars golfiques, américano-sionistes et occidentaux, au service de leur hégémonie, de leur expansionnisme, au service des vils projets déstabilisateurs qu'ils confectionnent dans les chambres noires de leurs services de renseignements ? Quelle réaction salutaire pouvons-nous espérer de ces dirigeants face aux massacres quotidiens de la population palestinienne et des enfants palestiniens ? Quelle réaction de ces dirigeants face au massacre direct de la population yémenite par le régime sunnite à coloration wahhabite, et par procuration en utilisant tous les moyens de destruction, d'assassinat de femmes, d'hommes et d'enfants, de musulmans et de chrétiens, n'épargnant ni écoles, ni mosquées, ni églises, par les hordes de terroristes à sa solde ? Est-il concevable qu'on se taise face à de tels crimes contre l'humanité par allégeance aux pétrodollars de ce pays golfique ? Qu'est-ce qui pousse tous ces pays arabes et musulmans, qui se veulent chefs de file, soi-disant sunnites, à s'allier au régime saoudien même si le sunnisme dont il se réclame est de coloration évidente, reconnue wahhabite, voire sioniste, son implication avec Israël n'étant plus un secret pour personne ? Pourquoi donc cette allégeance à la Turquie erdoganienne, charriant, comme c'est le cas de ce minuscule « Etat qatari », la doctrine rétrograde des Frères musulmans, dont les atrocités à travers l'histoire arabe sont incalculables ? N'est-il pas temps que nos peuples demandent et exigent que leurs dirigeants annoncent clairement la couleur et courageusement ? Sont-ils au service de leurs peuples ou les obligés des forces extérieures ? Jusqu'où veulent-ils nous entraîner ? Quelle sont leurs véritables intentions et les vrais contours de leur gouvernance ? Vont-elles dans le bon sens, celui de l'intérêt supérieur et bien compris de nos pays ? Où cherchent-ils à conditionner et hypothéquer notre avenir ? Pour revenir plus particulièrement à mon pays, la Tunisie, tout concourt à démontrer qu'on nage dans l'incertitude, le flou, le doute entretenu, bien qu'on s'obstine à nous faire croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. On continue à se gargariser du « Prix Nobel » et de l'expérience tunisienne modèle ! Dans les faits quotidiens, dans la réalité palpable, rien n'est sûr, rien n'est clair, et même souvent inquiétant et peu rassurant. A titre d'exemple, l'éviction du ministre des Affaires religieuses qui avait voulu et tenu à appliquer la loi, au grand dam des islamistes, défendant leurs propres prêcheurs, étant partie prenante dans la gouvernance, cette éviction est une nouvelle concession faite au parti islamiste ! C'est à se demander combien nos « islamistes » ont la haute main sur les affaires de l'Etat, et peut-être aussi une intervention dans le dernier remaniement ministériel. En outre, quels que soient les griefs avancés contre la nomination du nouveau ministre des Affaires étrangères, et la réalité de ses antécédents avec l'entité sioniste, et les motifs sous-jacents qui l'ont nécessité, c'est encore une fois un pavé dans la mare et un nouvel objet de suspicion, que corroborent bien d'autres positions et prises de position vis-à-vis de la question palestinienne et de la normalisation avec Israël vers laquelle veulent nous entraîner certains pays du Golfe. Pays arabes et islamiques : où est donc l'Organisation islamique qui, semble-t-il, réunit des sommités religieuses du monde islamique et qui a la charge de veiller à l'intégrité de cette grande religion et de ses lieux saints, voire au respect de ses principes intangibles qui régissent la pratique de l'Islam dans le monde? Que signifie son silence incompréhensible éternellement devant les méfaits de l'islam fanatique et politique qui a déferlé sur le monde arabe ? Que fait-elle pour aider le peuple palestinien spolié à recouvrer tous ses droits ? Quelle hâte a-t-elle démontré devant toutes les menaces qui pèsent sur le lieu saint sacré d'Al-Qods ? Quelles ont été sa réaction et sa condamnation à la suite de l'exécution de sang-froid de plus d'une cinquantaine d'innocentes victime civiles saoudiennes par le pouvoir de l'un des membres de cette organisation qui, de plus, abrite les lieux saints de l'Islam ? Pourquoi depuis des mois et des années, cette Organisation islamique ne réagit pas au massacre des musulmans et des chrétiens en Syrie, en Irak, au Yémen, voire en Libye ? N'était-ce pas son rôle et sa mission ? Ou bien est-elle au service d'un secrétaire général turc d'obédience Erdoganienne qui étouffe dans l'œuf toute réaction positive ? Voilà ce qui dérange notre conscience de citoyens arabes et musulmans, voilà ce qui devrait chatouiller la conscience de tous ceux qui avaient un zeste de dignité arabe et musulmane, et un brin de justice et d'équité ! Voilà à quoi devrait s'atteler une opposition constructive et pacifique, une intelligentsia arabe et musulmane efficiente, des prêcheurs de la bonne parole et du vrai Islam, la société civile, la jeunesse estudiantine, et tous les honnêtes gens de nos pays pour renverser la vapeur et construire un monde plus juste, plus respectueux des vraies valeurs religieuses et politiques, loin des intentions malsaines et belliqueuses, loin des projets fous de retour en arrière, loin des idéologies qui prônent la haine, la violence et le meurtre, au service d'intérêts égoïstes et expansionnistes. Si la situation économique, sécuritaire et sociale de nos pays l'exige, nos peuples, quelque peu démunis, peuvent malgré eux s'accommoder de la plus minime dépendance envers certaines puissances, qu'elles soient occidentales, américaines ou russes, mais jamais, au grand jamais, avec ces pays qui prétendent nous donner des leçons de démocratie alors qu'elle n'existe pas chez eux, où familles royales et semblants d'Etats constituent une minorité qui s'approprie toutes les richesses et tout le pouvoir, au détriment de la majorité de leurs peuples, ils sont dépourvus d'institutions et de structures démocratiques. La Tunisie, héritière de Carthage, la rivale de la puissante Rome, la Tunisie républicaine et souveraine, est un Etat moderne enraciné dans un passé séculaire. Cette Tunisie ne peut faire allégeance à ces pays désuets, à ces idéologies wahhabites et ikhwanites. Plus encore et de façon catégorique avec l'entité sioniste, spoliatrice de la terre arabe de Palestine ! Ce sont là les lignes rouges à ne pas franchir par nos gouvernants arabes et musulmans s'ils se réclament d'une vraie et solide citoyenneté. En conclusion : si les élites religieuses islamiques avaient donné naissance à moult érudits et savants en matière religieuse et politique, à l'instar du grand mufti de la République arabe syrienne, l'honorable Adreddine Hassoune, avec de telles sommités religieuses, nul doute que l'Islam s'en serait porté beaucoup mieux et aurait été davantage outillé pour répondre à tous ses détracteurs en déjouant leurs sales stratagèmes de division de notre Islam en sunnites et chiites, créant ainsi une antinomie entretenue, dans le but de stopper la fulgurante montée de l'Islam dans le monde. Les plans diaboliques élaborés avec des traîtres arabes et « musulmans » seront à plus ou moins longue échéance voués à l'échec politique et religieux car l'éveil de nos peuples ne saurait tarder, il sera l'œuvre de la jeunesse arabe et musulmane. Dieu en sera le témoin.