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«Les relations tuniso-iraniennes doivent aller au-delà du bilatéral» Interview Ali Bagheri, secrétaire adjoint du haut conseil de sécurité nationale iranienne :
Secrétaire adjoint du haut conseil de la sécurité nationale iranienne, Ali Bagheri était parmi nous, hier et avant-hier, pour une visite tendant à consolider les relations tuniso-iraniennes. Il fait part au Temps, entre autres, de sa vision des relations tuniso-iraniennes et du nouveau départ qu'elles doivent prendre après la Révolution du 14 janvier. Il analyse les relations internationales dans la région moyen-orientale et expose la position de l'Iran à propos de la crise en Syrie, les pourparlers concernant le nucléaire iranien et de la place de la femme iranienne dans les instances de direction du pays... Le Temps : Quel est l'objet de votre visite en Tunisie et ses objectifs ? Ali Bagheri : l'Iran et la Tunisie sont deux pays importants dans les régions d'Asie et de l'Afrique du Nord. Après le succès de la Révolution tunisienne les relations entre les deux pays sont entrées dans une nouvelle étape à cause de la grande ressemblance entre les deux révolutions. La révolution tunisienne à l'instar de la révolution iranienne a une base populaire. Le deuxième point commun est que les deux révolutions sont pacifiques. Le troisième point commun : les deux révolutions sont attachées à l'identité islamique. Après le succès de la grande révolution tunisienne, les deux pays devaient développer leurs relations. Sur cette base ces relations ont évolué quantitativement et qualitativement. Leur état actuel est en deçà de ce qu'elles devaient être. Nous croyons qu'elles doivent dépasser le caractère bilatéral. Ainsi, nous pensons que les affaires internationales intéressant le monde musulman, peuvent être un des axes des relations entre les deux pays. Après le 14 janvier les deux pays peuvent être plus proches sur la question palestinienne. Est-ce que la cause palestinienne connaît de nouvelles conditions ? Nous connaissons de nouvelles conditions pour la question palestinienne. Ces nouvelles conditions dictent aux peuples musulmans un nouveau rôle et un nouveau devoir à assumer. Nous sommes passés par une étape où la Oumma subissait des pertes face à l'entité sioniste. Durant les trois dernières décennies, nous avons commencé à voir la résistance des musulmans. Nous croyons que la preuve fondamentale de ces victoires est le profond attachement du peuple palestinien à ses croyances religieuses. Durant la période passée celle des pertes, certains agissaient sur la base d'idéologies étrangères à l'Islam comme le communisme...Ces idéologies n'ont conduit qu'à la résignation. Aucune parcelle de la Palestine n'a été libérée. L'ancien régime égyptien a pu récupérer des terres égyptiennes dans des conditions spéciales en accordant à l'entité sioniste beaucoup d'avantages stratégiques. Par contre la résistance islamique au Liban a pu faire déguerpir l'entité sioniste sans lui concéder le moindre avantage. Dans ce cadre a eu lieu la victoire dans la guerre de 33 jours, celle de 22 jours et dernièrement à Gaza. Cette victoire a généré de nouvelles données que je résume dans l'Eveil islamique que certains appellent Printemps arabe. En réalité le sursaut islamique a franchi beaucoup d'obstacles. Nous n'oublions pas que lors de la guerre des 22 jours, Moubarek et Ben Ali ont pris position contre la lutte islamique. Aujourd'hui, les obstacles ont été détruits. Nous devons nous attendre à d'autres victoires encore plus grandes. Celle de la résistance islamique durant la dernière guerre de 8 jours, donne un grand avertissement aux sionistes et à l'Amérique. C'est que la Oumma musulmane ne permettra plus à l'entité sioniste de faire ce que bon lui semble. Dorénavant l'entité sioniste doit faire machine arrière. Nous croyons qu'un des domaines de l'action commune entre l'Iran et les pays musulmans est l'appui à la résistance islamique. La République islamique iranienne a prouvé durant les dernières décennies qu'elle est un appui fondamental à la résistance islamique. Le soutien iranien à la résistance islamique palestinienne a fait échouer les complots. Il est certain que les ennemis de la Oumma musulmane ne veulent que la discorde entre arabes, musulmans chiites et sunnites. La résistance n'a pas de coloration confessionnelle. L'Iran soutient la résistance islamique sur la base des fondamentaux et non sur une base confessionnelle. C'est un test pour les autres pays et peuples musulmans. Quels sont les créneaux de coopération tuniso-iranienne ? Ils sont nombreux. La commission mixte s'est réunie dernièrement. Nous avons pu faire le suivi de tous les domaines de la coopération bilatérale, dans l'industrie et ailleurs. La semaine culturelle tunisienne a été organisée dernièrement en Iran. Le tourisme est un grand créneau porteur de coopération. Il faut attirer les touristes iraniens et tunisiens dans les deux pays. Nous devons fournir les moyens aux touristes des deux pays y compris les vols directs. Vous soutenez la révolution tunisienne. Pourquoi soutenez-vous Bachar Al-Assad et non l'opposition syrienne ? L'objectif principal de notre position concernant la Syrie est que le destin du peuple syrien soit entre ses mains. La question qui se pose : est-ce en envoyant des armes et des terroristes qu'on va le faire ? Comment peut-on croire que certains pays qui n'ont jamais connu la Démocratie durant toute leur histoire, vont la revendiquer pour la Syrie ? Certains pays qui n'ont pas connu une seule élection envoient des armes pour réaliser la Démocratie en Syrie. Nous croyons que le destin du peuple syrien ne doit être décidé ni par les pays occidentaux, ni d'autres. Ce que les autres pays peuvent faire est de préparer la plate-forme nécessaire pour que le peuple syrien choisisse son destin. L'Iran a fourni beaucoup d'efforts dernièrement. Il a présenté un projet de plate-forme adéquat pour réaliser la Démocratie en Syrie. Il a présenté ce projet au Gouvernement syrien et à l'opposition. Le Gouvernement l'a accepté. L'opposition ne l'a pas traité de façon sérieuse. L'Iran dialogue avec d'autres pays dont l'Egypte et la Turquie. Avant-hier a eu lieu une réunion de haut niveau entre responsables d'Egypte de Turquie et d'Iran à Islamabad. Notre conviction est que la Démocratie ne sort pas du bout du canon. Un autre point fondamental : le Gouvernement syrien a été et demeure un pilier fondamental dans le soutien de la Résistance contre le sionisme. Lorsque Moubarek et Ben Ali étaient au pouvoir, ils n'ont pas bougé le bout des lèvres contre les agressions sionistes, alors que la Syrie faisait de la résistance. Nous croyons que la question syrienne n'est pas seulement interne, car les pays qui offrent tout leur appui à l'entité sioniste se pressent pour soutenir l'opposition syrienne. Ces forces protectrices des intérêts sionistes et complices dans l'effusion du sang des enfants palestiniens n'ont pas le droit de revendiquer la Démocratie en Syrie. Où en sont les pourparlers concernant le nucléaire iranien ? L'Iran a présenté un projet à la partie en face. Il faut savoir que la crise montée par les forces occidentales, est une crise réellement artificielle. C'est ce que confirment nos interlocuteurs. Ils déclarent que leur problème avec l'Iran n'est pas technique, mais politique. Ils avouent que leur problème réside dans le soutien qu'apporte l'Iran aux forces de résistance dans la région. En dépit de tout, l'Iran a continué à coopérer avec l'Agence Internationale de l'Energie Nucléaire. L'Iran poursuit le dialogue avec le groupe 5+1. Dans ce dialogue il y a une divergence. Nous considérons que ces négociations sont stratégiques, alors que nos interlocuteurs les prennent pour une solution tactique. Sur cette base, nous avons présenté un projet dans les négociations qui ont eu lieu à Baghdad. Nous l'avons expliqué lors de la rencontre à Moscou. Nous avons expliqué les détails à deux étapes. Nous n'avons toujours pas reçu de réponse constructive. Nous attendons. Attendez-vous du nouveau dans la position d'Obama après sa réélection ? Nous n'attendons rien de la partie en face, sauf d'être dans la logique de la région et de ne pas utiliser la politique des deux poids deux mesures. Des déclarations et des décisions du Conseil de sécurité contre l'utilisation pacifique du nucléaire et le silence sur les activités d'armement sioniste. Ils misent sur les sanctions pour infléchir négativement la position iranienne. L'expérience a montré que les sanctions n'influencent pas la position iranienne et ne font que la renforcer. La preuve en est les progrès réalisés dans le nucléaire durant la période des sanctions. De même la lutte palestinienne n'est pas sortie des négociations, mais de la logique de la force. Nous poursuivrons nos activités pacifiques. Quelle est la place de la femme iranienne dans les instances de décisions ? Peut-elle être candidate à la présidence ? Il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme en Iran. Ils sont les deux ailes pour l'envol et le progrès de la société. Dans plusieurs domaines économiques, scientifiques, politiques, médiatiques, au Parlement, il y a une présence active des femmes. La différence est grande entre la situation de la femme avant et après la Révolution. Deux adjointes au président de la Républiques, une ministre et beaucoup de députés sont des femmes. Dans les domaines scientifiques et universitaires la majorité des postes sont occupés par les femmes. L'Iran a un modèle de société attaché à l'identité religieuse. Nous ne sommes pas contre son rôle dans la société. Dans la société libérale occidentale on présente la femme comme un objet sexuel. Il n'y a de différence entre l'homme et la femme qu'en termes de piété. Beaucoup de sportives iraniennes ont remporté des médailles lors des compétitions paralympiques et olympiques de Londres tout en respectant la tenue islamique.