L'hiver a mis exceptionnellement, cette année, du temps pour nous redire bonjour. Et c'est plutôt aux dégâts de nous dire bonjour. En plus des cultivateurs qui ont souffert le calvaire, les commerçants du bol chaud ont pris une douche froide et fait presque le vide autour d'eux, en plein hiver. Pourquoi le retard de l'hiver ? Quel temps il fera les prochains jours ? Rarement le temps printanier et le ciel dégagé ont si persisté en plein décembre et en plein janvier ! Que les temps ont changé, à cause du réchauffement de la planète Terre si redouté. Partout dans les mosquées, on a longtemps prié et supplié l'Etre Suprême, parfait et éternel, de nous accorder Sa Miséricorde et chasser l'automne printanier et céder sa place à l'éternel «titulaire» de décembre et janvier, pour nous «arroser» comme à l'accoutumée. En d'autres temps éloignés, la folklorique «Ommouk Tango», avec son bruyant cortège d'enfants, aurait pointé à l'horizon pour prier à sa façon le Tout-Puissant, scandant de traditionnelles chansons... Les gargotiers à genoux ! Il n'y a pas que les fellahs qui en ont reçu le coup par ces sales temps de beau temps, ayant si insolemment résisté à la pluie et au mauvais temps. La faune des gargotiers, servant le chaud en temps de froid, ont eux aussi reçu le coup d'une douche froide, à cause de la chaleur qui a imposé injustement sa loi. Aux mois du pic des recettes, c'est hélas l'imprévisible disette ! En présence de M. Soleil, Dame Harguema et Messieurs Lablabi et Sohlob n'ont pas d'autre choix que de «rentrer de leurs étouffantes coquilles pour ne réapparaître sur les vétustes tables en berne» que timidement, sans beaucoup délecter leurs nombreux friands. Ah, les bols de «lablabi» d'antan ! Ah ! Adieu les nostalgiques fêtes hivernales de la bonne bouffe du bon vieux temps, généreusement offertes par Oueld Hnifa, Oueld Ba, de nos quartiers populaires (Bab El Fallah et Bab Jedid). Sans oublier le brave duo (de confession israélite) qui nous était alors si familière. Il s'agissait de Nanou, ayant alors pignon sur rue tout près de l'adresse historique du Journal La Presse (6, rue Ali Bach Hamba) et Maninou, installé tout près à l'ex-rue Nahas Pacha. Depuis l'époque de Henri Smadja jusqu'à celle de Amor Belkhiria, toute l'équipe et la hiérarchise de notre journal s'y réunissaient à chaque pause, pour se réchauffer la carcasse et se régaler allègrement dans un cadre décent et propre comme un sou neuf. On ne fourrait pas alors, comme parfois aujourd'hui, le pain, généralement moisi (destiné au lablabi) dans des sachets géants en plastique, entassés dans des débarras ouverts aux quatre vents des cafards de toutes dimensions et aux odeurs nauséabondes des toilettes. Oui, chers messieurs de l'hygiène, on sait ce qu'on dit et on ne dit rien à ces messieurs sans-gêne qui font feu de tout bois pour nous arracher sans beaucoup les mériter, nous causant parfois de méchantes diarrhée, finissant par nous expédier, à l'urgence de la cité. Après cette divagation, revenons à nos moutons qui, espéreront, grâce à l'actuel front, brouter l'herbe à foison. Entre l'espoir et l'angoisse «M. Météo» nous explique, dans un langage qu'on essaiera de vous répercuter d'une manière moins savante, que le temps sera, hélas, moins mauvais à partir de demain, mardi. L'on doit s'attendre à un mercure en hausse de quatre degrés, à moins de nuages, moins de pluies et donc, malheureusement, à plus d'angoisse pour le cultivateur qui reprendrait espoir et renouerait avec le sourire un peu plus tard et probablement à partir de samedi prochain. Pour la période d'après, l'on ne peut se fier à des pronostics à prendre pour de l'argent comptant, pouvant faire à tort des contents et des mécontents... Vivement la simplicité ! Cela dit et loin des formules scientifiques et du lexique technique, souvent inintelligible de M. Météo, pourquoi a-t-on vu cette année l'hiver «traîner» anormalement les pieds ? Voilà ce qu'on prétend avoir compris à travers nos discussions avec les ingénieurs ès qualités. Il y a eu, au mois de décembre et pendant la première moitié du mois de janvier, une stagnation de l'air chaud sur l'Afrique du Nord et l'Europe du Sud. Cela, suite à une forte pression anormalement subie par les deux régions précitées. Résultat : il y a eu un grand obstacle qui a été suffisant pour bloquer l'air froid polaire. D'ailleurs, les stations de ski de l'Europe du Sud ont été exceptionnellement paralysées cette année pour les raisons précitées. Ainsi donc, tous les programmes des nombreux adeptes de ce sport si prisé s'en sont allés à vau-l'eau ! Enfin, un gentil appel à messieurs-dames de la météo: adressez-vous à nous par le langage de feu Abdelaziz El Aroui. C'est la meilleure façon de vous faire comprendre. Le beau monde des récepteurs n'est pas comme vous, les ingénieurs. Heureusement que les pêcheurs arrivent à vous bien comprendre à travers l'emploi de leur propre langage : «Chlouk, barrani, cherch, etc.). Donc vivement l'alignement !