Fin de «liali el bidh» le 2 février On grelotte ! On frémit ! Ces temps-ci ! Un froid glacial à geler le mercure, les bourgeons et aussi et surtout les nez et les oreilles. «M. Mercure» fait des siennes, ces jours-ci, et fait le bonheur des marchands de «hergma» et de «lablabi». Et il faudrait se lever de bonne heure et tenir la queue pour se faire servir chichement, ce bol de pois-chiche, revigorant et admirablement bouillant et fumant... Le grand chelem de ces gargotiers est partagé avec les vendeurs de parapluies, de cache-cols et de bonnets. Et aussi et surtout avec nos amis fripiers qui, grâce à eux, nos pauvres pairs qui pleurent la misère atténuent leur calvaire et font face à la rigueur de l'hiver... Et n'eût été la friperie, ce grand paradis des mal lotis, ceux-ci auraient mené une vie de chien par ce temps de chien ! «Dame Bouteille» en cure d'amaigrissement Dans les profondeurs du pays, où ça ne gaze qu'avec le gaz butane, l'autre gaz demeurant un vœu pieux, l'on court dans tous les sens pour mettre les quatre doigts et le pouce sur «Dame Bouteille», d'«humeur» versatile et de «tempérament» lunatique. Là, notre chère paysannarie n'a pas l'air d'être bien contente de la «Dame» vedette de l'hiver qui donne l'air de faire une «cure d'amaigrissement», lui faisant perdre du poids, sans raison, à sa «haute» saison. Sans oublier de reprocher gentiment à la bonne «Dame» qui met de la chaleur dans nos foyers d'être peu chaleureuse et très négligente. Oui, notre «Dame» n'est pas comme toutes les dames. Et ne cherche guère à nous séduire par sa propreté, son élégance et sa bonne mise, comme faisait jadis Mme La Marquise... Pourtant, une douche sommaire de temps en temps lui aurait suffi, pour regagner la sympathie des mécontents... Quand «M. Météo» change de bonnet Après avoir parlé de Dame Bouteille, faisons maintenant parler «M. Météo», lui aussi notre grande vedette lorsqu'il ne fait pas beau. Le brave homme, contacté cette fois-ci, change de bonnet et d'habit. Et se drape du burnous du fellah, pour nous expliquer certains vocables agricoles ancestraux, liés aux vagues de froid, nous faisant successivement geler le sang et paralyser les membres pendant la saison des grands froids. On nous apprend que, selon le calendrier agricole, nous sommes déjà en plein dans ce qu'on appelle «Lilali-Essoud» (nuits noires). Cette dernière phase/rigoureuse de l'hiver nous a dit «bye bye» et au revoir, lundi 2 février. Elle aura duré une vingtaine de jours à compter du jour anniversaire où on avait dit «bye bye ! A jamais aux auteurs de nos mauvais jours (le 14 janvier). On nous dit que cette phase est généralement moins rigoureuse que celle de «liali el bidh» (nuits blanches). Parce qu'elle est pluvieuse. Et la pluie est de nature à atténuer le froid. Cette étape de l'hiver doit sa couleur à celle du ciel chargé de nuages bas et blancs. Quant aux «liali el bidh», s'installant entre le 25 décembre et le 13 janvier de chaque année, c'est une phase qui doit son nom au ciel plus ou moins clair, se caractérisant par l'amoncellement de nuages élevés, tantôt blancs et tantôt gris clairs. Le vent y souffle en bourrasques, avec une pluviométrie à son bas niveau hivernal. Vivement la simplicité «M. Météo» qui s'est, cette fois-ci, allègrement révolté contre son lexique coutumier, ne nous parle ni de cyclones, ni d'anticyclones. Ma foi, pour une fois, il a eu raison. Parce que le commun des mortels n'a pas besoin d'être inondé d'un galimatias, pour savoir que le lendemain, il serait inondé de pluie. C'est pour cela que «M. Météo» nous fait grâce de ce déplaisir et nous annonce sans beaucoup de plaisir, le plus simplement du monde, que la désescalade du mauvais temps, amorcée depuis hier, sera relayée par une nouvelle escalade. Ne nous cachez pas ces figures sympas ! Cela dit, on aurait souhaité voir «M. Météo» nous parler des fantaisies de la nature ! Et nous dire avec le beau sourire que pour le lendemain, «M. Mercure» nous promet le beau temps qu'on désire. Pourtant, rien à craindre. Et ces figures angéliques, photogéniques et aussi si sympathiques, semblent folles d'envie de nous dire bonjour, chaque jour. Comme elles l'avaient si bien dit auparavant, depuis le noir et blanc... Ces Messieurs nous aiment. On les aime. Où est donc le problème ?