Raja Farhat est de retour. Sans son emblématique costume de lin blanc que lui a taillé le tailleur personnel de Bourguiba, frimas obligent, mais toujours habité par son personnage, par son body-language, ses mimiques, ses tics de langage. Encore que... Est-ce d'avoir autant joué Bourguiba, d'avoir tellement pénétré le personnage, d'avoir endossé la personnalité de leader suprême— le joli titre à ne pas oublier. Ou est-ce parce que nous l'avons vu tant de fois, toujours renouvelé et jamais le même. Le fait est que ce Bourguiba-Raja semble plus naturel, le trait moins forcé, la personnification plus aisée, et Raja encore plus Bourguiba puisqu'il n'a plus besoin de le jouer, Bourguiba est en Amérique cette fois-ci, et ce sont ces différents périples dans le nouveau monde que nous relate l'acteur historien. Depuis le premier où, jeune avocat, il vient plaider aux Nations unies pour la liberté de son pays, jusqu'au dernier où il fut reçu triomphalement, premier chef d'Etat à rendre visite au tout jeune président de l'époque, Kennedy. Un film d'époque, passé en boucle, restitue le magnifique accueil que fit l'Amérique au leader, et l'on se surprend à dire que Bourguiba, qui aimait raconter avoir séduit au premier regard Jackie Kennedy, était bien beau. Avec le brio qui est sa marque de fabrique, l'érudition, le sens du détail et de l'anecdote qu'on lui connaît, sa façon de mettre à contribution son public, et ce soir-là de prendre à témoin Si Foued Mebazaâ présent dans la salle, avec cette fois-ci une manière plus ramassée de concevoir sa narration et de moins se perdre dans les digressions, Raja Farhat nous a offert un superbe spectacle