C'est un vieux rêve qu'il caressait, un des morceaux de bravoure qu'il réservait à ses proches, un thème qu'il filait sous forme d'un projet de film, de livre ou de tout autre support. Aujourd'hui, Raja Farhat va au plus près, au plus rapide, au contact direct, aussi. En effet, c'est en avant- avant première qu'il présentait récemment, à un public d'amis, dans l'accueillante galerie Ammar Farhat, son «Bourguiba, une journée particulière», spectacle à une voix, rédigé et interprété par lui-même. Et là est la première surprise : car si on connaissait le passé d'homme de théâtre de Raja Farhat, on avait largement eu le temps de l'oublier, ne sachant plus dater sa dernière apparition sur scène. Il n'avait pas fallu moins que l'ombre gigantesque de Bourguiba pour lui donner envie de renouer avec les planches. La deuxième surprise étant la compagnie «Carthage Culture» qui produit le spectacle (son premier) : une toute nouvelle compagnie créée par Raja Farhat et Samia Cherif qui se donne pour ambition «de faire tout ce qui ne s'est jamais fait jusque-là». La troisième est l'extraordinaire empathie de Raja Farhat en costume blanc et en "chéchia méjidi" pour son personnage, ce Bourguiba de la grande époque, tout feu tout flamme, passionné, colérique, drôle, brillant, de mauvaise foi quand il le faut, pathétique, convainquant, ravageur, mangeur d'hommes, si grand qu'il en donne le vertige. Raja Farhat se met dans sa peau, dans sa tête, dans son cœur, et raconte l'épopée de cet homme qui fut l'histoire de son pays, avec ses hauts faits et ses faiblesses, ses victoires et ses défaites, ses vérités et ses mensonges, ses mythes et ses symboles. Bien sûr, on connaît l'Histoire de Bourguiba, et les enfants l'apprennent à l'école. Mais l'entendre racontée, avec une sobriété de scénographie et un extraordinaire talent de mimétisme qui évite brillamment l'écueil de la caricature, est un grand moment….théâtral. Raja Farhat présentera son spectacle en avant première dès la mi-septembre, puis engagera une grande tournée à travers la Tunisie. Avant de se lancer, enfin, dans le film sur Bourguiba qu'il projette depuis longtemps