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Le bourguibisme toujours présent dans nos pensées
Festival d'été de Nabeul: Bourguiba, Dernière prison » (2) de Raja Farhat
Publié dans Le Temps le 29 - 08 - 2013

Le document est une référence explicite au réel. Il constitue une trace, un témoignage du factuel. Le théâtre documentaire a ses adeptes. Il relève tout à la fois de ces divers aspects : la prétention à la « vérité » du témoignage, la démarche pédagogique et/ou critique, et la dimension artistique au travers d'une mise en scène.
En effet, là où l'auteur du récit documentaire élaborera la narration (instances énonciatives, point de vue, construction d'un schéma et d'un ordre narratif...), le metteur en scène fera lui aussi des choix qui conditionneront la réception de son spectacle. C'est le pari de Raja Farhat qui s'est illustré une deuxième fois en présentant sa deuxième création « Bourguiba, dernière prison (2), une œuvre qui traite de la vie du leader Habib Bourguiba tout au long du XXe siècle, dans sa lutte contre la colonisation française et son combat admirable pour l'éducation de l'Etat tunisien moderne, outre la période noire vécue par le leader en résidence surveillée dans la villa du Gouverneur de Monastir, durant 13 ans, de 1987 (date du coup d'Etat de Ben Ali) à 2000, date de sa mort.
Bourguiba dernière prison, comme nous le précise Raja Farhat qui incarne le rôle d'Ezaim Bourguiba, est une biographie avec des connotations shakespeariennes, racontant la vie du "combattant suprême' à travers plusieurs péripéties: les victoires et les défaites, les vicissitudes de la vie politique, la guerre de Bizerte, les événements douloureux de 1978, 1980 et 1984, dans un style attrayant, non dépourvu d'humour malgré la gravité du contexte. La pièce évoque aussi la vieillesse, la maladie et la déchéance d'une fin de règne. S'apparentant au théâtre documentaire, « Bourguiba dernière prison, a permis au public de comprendre l'enchaînement de faits historiques complexes et mal connus de la Tunisie depuis l'occupation nazie jusqu'à 1987. Il fait découvrir le questionnement intérieur de Bourguiba devant les situations dramatiques auxquelles il a été confronté durant cette phase historique du pays. L'histoire a pour fonction essentielle de tenir en éveil la conscience d'un peuple, de féconder de ce fait le présent afin que soit envisagé, à partir de réalisations concrètes et durables, l'avenir proche ou lointain. L'ère des indépendances et les tâches de construction nationale qu'elle implique constituent la principale sustentation de ce théâtre historique dont les ressorts politiques sont par conséquent évidents.
Dans la lutte qu'il mène pour bâtir son propre avenir, le peuple tunisien a besoin de se reconnaître dans ses héros du passé, Bourguiba, Hached, Hédi Chaker qui sont considérés par les générations modernes comme les phares de l'espérance. Espérance de triompher de la domination impérialiste et du sous-développement. Raja Farhat a réussi à ressusciter littéralement Bourguiba dans ce spectacle à une voix et à la première personne. Son interprétation est tellement intense, juste et vraie qu'elle provoque immanquablement des tonnerres d'applaudissements.
Il a voulu rendre hommage à cette élite tunisienne de l'indépendance ouverte et moderniste biculturelle, formée au moule du collège Sadiki, sincèrement musulmane, mais pétrie par « l'esprit des Lumières ». Bourguiba n'oublie pas sa femme Matilde, une vraie militante qui l'a soutenu à fond et qu'il a tenu à honorer parce qu'elle a servi la Tunisie. Raja avec son humour, son franc parler et ses improvisations, a voulu monter le rôle joué par Bourguiba juste après l'indépendance, sa lutte pour nourrir et surtout éduquer un peuple. Sa rencontre avec les Américains notamment avec Kennedy témoigne de sa stratégie à bâtir un Etat moderne. Bourguiba a été reçu avec des égards exceptionnels en présence de son fils Bibi.
La qualité de prestation de Raja Farhat mais aussi celle d'Amel Farchi, le médecin de Bourguiba durant son dernier séjour à Monastir a permis au public, visiblement impressionné, de découvrir la personnalité de Bourguiba qui lutta courageusement, contre la misère imposée par le système colonial et appela à des réformes profondes du pays. Le personnage de Bourguiba porte en lui une humanité exceptionnelle. Ses idées novatrices, sa vision futuriste, son amour pour sa patrie, son pari sur le savoir et l'éducation, son paternalisme et son modèle sociétal font de Bourguiba et du Bourguibisme une référence. Raja Farhat a restitué le personnage avec des détails inséparables de l'image que nous gardons de lui. « La démarche, à petits pas, lents, souvent saccadés. Cette gestuelle unique – que la nostalgie rend aujourd'hui épique – qui précède la parole, comme pour l'accoucher. Cette élocution qui lui est propre, tantôt hardie, tantôt hésitante, parfois à dessein, mais toujours l'expression d'une personnalité hors pair. Puis, à travers tout cela, ce prodigieux coq à l'âne, ce discours, à la fois dirigé et anarchique, au gré des réminiscences d'un passé qui ne le quitte jamais » témoigne Chedli Kilibi l'ancien collaborateur de Bourguiba. « Le bourguibisme ne mourra jamais », avoue une vieille dame, les larmes aux yeux à la sortie du spectacle. Bourguiba est certes parti mais son œuvre reste en nous et l'hommage qui lui est rendu par Raja Farhat est la preuve que la pensée Bourguibiste est une référence culturelle et identitaire.


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