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La tentative du « Coup d'état du Jeudi Noir » refait surface: Retour sur une affaire d'Etat
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 03 - 2021

Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour avouer du bout des lèvres que tous les scénarios obscurs ne se sont pas passés que dans la tête de quelques députés dont les propos ont enflammé la Toile en juin 2019 quand ils ont crié au complot et à une tentative de « coup d'Etat » ? Les mémoires de Mohamed Ennaceur, qui paraissent dans un contexte miné et semblable à celui qui régnait dans le pays à cette époque, sont-elles un message à la vigilance sur ce qui peut se tramer au Parlement ? Kaïs Saïed n'a-t-il pas à maintes reprises souligné que des manœuvres de déstabilisation et les desseins les plus obscurs se dessinent dans les coulisses ? Retour sur une affaire d'Etat.
Kafkaïenne ou ubuesque, on hésite sur les qualificatifs, pour décrire la situation par laquelle était passé notre pays en juin 2019. En effet, en ce jour du 27 juin 2019, les Tunisiens se sont réveillés avec un mal de crâne généralisé à cause de deux attentats terroristes à Tunis et du transfert en urgence du Président de la République, feu Béji Caïd Essebsi, à l'Hôpital militaire de Tunis suite à un malaise.
Mohamed Ennaceur, ancien président de l'ARP et ancien président par intérim de la République, est revenu sur cet épisode obscur de l'histoire de la Tunisie. Les révélations qu'il a faites à ce propos, bien qu'elles n'apportent rien de nouveau, contredisent ses déclarations à chaud à l'époque des évènements. Cependant, connaissant l'homme réputé pour son intégrité et son honnêteté, il a sûrement choisi de modérer les faits à l'époque en faveur d'un retour au calme auprès des députés qui avaient crié au coup d'Etat. Une simple déclaration de sa part avait suffi pour fermer la parenthèse d'une semaine, durant laquelle l'hémicycle du Bardo avait pris l'allure d'un grand chapiteau, voire une arène de gladiateurs où les factions politiques ont croisé le fer sur la question d'un présumé « coup d'Etat ».
Déclarations et contre-déclarations
D'après lui, c'est Mourou qui a été la première personne à le contacter, le jour où le Président a été hospitalisé et des attentats perpétrés, a-t-il livré chichement dans une réunion du bureau de l'ARP ! Donc, pas de tentative de « coup d'Etat constitutionnel » ou n'importe quelle autre forme d'usurpation du pouvoir. En peu de mots, il a fermé une parenthèse sur un hypothétique « putsch » des députés d'Ennahdha et autres alliés. Sauf que même si la nuit des longs couteaux n'a pas eu lieu, c'est maintenant sous ce chapiteau que se trament les plus vils complots.
Oui, une semaine pendant laquelle l'hémicycle a pris l'allure d'une foire d'empoigne où tout est permis et d'un procès avec des « traîtres » sur le banc des accusés et des « héros » à décorer.
Sept jours de clavaire, avec des récits rocambolesques, mettant les nerfs des Tunisiens à vif et affectant le moral des troupes militaires et sécuritaires qui se battent sur tous les fronts pour préserver la sécurité nationale. Sans que le président de l'ARP ne pipe un mot ! Cela est intervenu à un moment où le pays était en butte à des attentats terroristes et à des rumeurs colportées sur l'état de santé du président de la République.
Mohamed Ennaceur rapporte dans ses mémoires que le 27 juin 2019, en convalescence chez lui, suite à un malaise, il avait reçu un message du ministre de la Défense nationale à l'époque, Abdelkarim Zebidi, pour l'informer de l'hospitalisation de BCE.
Tout de suite après, Ennaceur a été informé des attentats perpétrés au centre-ville. Il commençait à se douter que quelque chose de grave se tramait quand son chef de cabinet l'appela en catastrophe pour lui dire que les députés d'Ennahdha et de la Coalition nationale qui comprend les députés de Tahya Tounès, se sont rassemblés à l'ARP et voulaient tenir une assemblée générale pour décréter la vacance provisoire à la présidence et appliquer l'article 84 de la Constitution, en confiant l'intérim au chef du gouvernement de l'époque, Youssef Chahed.
En route vers le Bardo
Un autre appel de la part du ministre de la Défense lui demandant de revenir en urgence à Tunis le fera sauter de son lit pour se rendre d'urgence au palais du Bardo. En cours de route, c'est au tour du premier vice-président de l'ARP, le cheikh Mourou, de le contacter pour l'informer de l'intention des députés de tenir leur assemblée générale, sans lui préciser qui étaient ces députés ni l'ordre du jour de l'Assemblée. Ennaceur lui a demandé de ne rien faire avant son arrivée au Bardo, et l'informa qu'il était déjà en route. Entre-temps, Abdelkarim Zebidi lui fait part de l'amélioration de l'état de santé du président BCE, qui lui demandait de transmettre ses salutations aux députés.
Une fois arrivé au Bardo, Ennaceur a, en effet, retrouvé presque la totalité des députés d'Ennahdha et de Tahya Tounès regroupés devant le bureau de l'ARP tenant dans les mains des copies de la Constitution. Il les a salués un à un et leur a transmis les salutations de BCE...Et la parenthèse ne sera fermée qu'au bout d'une semaine d'accusations et de tiraillements entre les députés des diverses coalitions.
La parenthèse fermée
Ennaceur dans ses mémoires ne confirme rien, n'accuse personne. Il a relaté des faits pour l'histoire. Mais voilà que plusieurs hommes politiques et avocats, dont Dalila Msaddek, en ont profité pour rouvrir les plaies de cet épisode. Même Slim Riahi est sorti de son silence pour crier aux comploteurs qui l'ont poussé à s'exiler. Dans un post sur son compte Facebook, Slim Riahi s'est interrogé sur le sort de la plainte qu'il avait déposée à l'époque des faits et qui a été close de « manière suspecte » et « en un temps record », à savoir sept jours après.
Il assure avoir parlé à plusieurs reprises du jeudi noir et «de toutes les tentatives de coup d'Etat qui l'ont précédé, alors ils ont mobilisé leurs armées médiatiques contre moi pour minimiser ce que je dis, me calomnier, nuire à ma réputation et miner ma crédibilité... Ils m'ont combattu avec vigueur, car j'ai été le premier à parler et le premier à essayer de découvrir le plan qui était encore au stade de la planification », a-t-il affirmé.
La piste du « coup d'Etat »...
Mais c'est la version des faits avec force détails que l'avocate Dalila Msaddak a donnée, lors de son intervention radiophonique sur Mosaïque FM (Midi-Show), vendredi, sur des rencontres et des appels téléphoniques impliquant l'ancien ministre de la Défense, Abdelkarim Zbibi, qui a mis le feu aux poudres.
D'après elle, l'information sur les manœuvres en cours à l'ARP n'était pas parvenue au ministre de la Défense de la part des députés mais par les canaux des renseignements militaires. Elle a cité en particulier un appel téléphonique entre le vice-président de l'Assemblée des représentants du peuple Abdelfattah Mourou et le ministre de la Défense, A.Zbidi, sur la possibilité d'annoncer la vacance du pouvoir. « Comment allez-vous réagir en cas de vacance du poste de président de la République ? Seriez-vous de notre côté ou non ? », aurait dit Mourou à Zbidi. Ce dernier aurait répondu : « Je n'ai pas d'avis sur cette question. Et il n'y pas de vacance de poste ni permanent ni partiel à la présidence de la République ». Selon Dalila Msaddek, cet appel téléphonique est enregistré. Elle a affirmé dans son intervention que Zbidi avait ensuite appelée le Chef du gouvernement Youssef Chahed et est allé le voir le lendemain. Lors de cette rencontre avec Chahed, Zbidi aurait dénoncé ce qui se trame au Parlement de la part des députés des coalitions au pouvoir en vue d'annoncer la vacance du poste de président de la République (Ndlr : ce qui ouvrirait la voie à Youssef Chahed pour devenir président par intérim) et que ce n'est pas acceptable. Chahed aurait admis que de tels agissements étaient inadmissibles. Mais une fois que Zbidi avait quitté la Kasbah, Youssef Chahed aurait, selon un délateur proche des leaders d'Ennahdha, envoyé un texto à Rached Ghannouchi lui faisant part que « ce monsieur Zbidi est devenu dérangeant et qu'il faut l'écarter ». Dans le même sillage, Dalila Msaddek rapporte que des efforts ont été déployés en vue de transférer Béji Caïd Essebsi en France. Pourquoi ? « Parce que Abdelkarim Zbidi avait interdit toute visite au défunt président, sauf pour sa femme et ses deux fils. Quant à Youssef Chahed, il était autorisé à le visiter après une grande insistance », a-t-elle indiqué. Et d'expliquer que la raison de cette interdiction fait suite à une information sur un possible recours à un collège de médecins non militaires qui rendraient visite à Beji pour constater qu'il était inconscient. L'accès à l'Hôpital militaire étant impossible, Msaddek évoque aussi le recours à un haut responsable français qui a appelé Zbidi pour lui signifier la disposition de la France à accueillir Béji pour le soigner. Ce que les médecins militaires avaient refusé étant donné que cela ne changerait en rien le protocole médical auquel il était soumis. Elle assure de ce fait que l'objectif était tout simplement d'éloigner Béji pour pouvoir constater la vacance du poste et agir en conséquence.
Aucune personne mandatée
Mais ces révélations ont poussé l'ancien ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi à procéder à une mise au point, indiquant qu'il «n'a mandaté personne pour parler en son nom», soulignant que «toute déclaration ou position n'engage que son auteur». «Suite à la polémique suscitée par le livre de l'ancien président de la République par intérim Mohamed Ennaceur Deux Républiques, une Tunisie et ses révélations sur la journée du 27 juin 2019, je tiens à affirmer à l'opinion publique que je n'ai jamais hésité à brandir la vérité», insiste Zbidi dans ses précisions. Et d'ajouter: «Un jour viendra où je donnerai mon témoignage détaillé sur mes passages, après le 14 janvier 2011, à la tête du département de la Défense.»
Pourtant, lors de la campagne électorale, Abdelkarim Zbidi avait évoqué son intention de positionner deux chars devant le siège de l'ARP, pour protéger l'institution en ce jour précis ! Donc il craignait le pire, mais le moment n'est pas encore venu pour éclairer l'opinion publique sur ce qui s'est passé réellement le 27 juin 2019. « Je n'ai fait que mon devoir, après le transfert à l'hôpital du président de la République, pour assurer le bon fonctionnement de l'Etat et barrer la route devant les complotistes, et ce dans le respect de la Constitution », a-t-il conclu sans confirmer ni infirmer ce que Dalila Msaddek ou Mohammed Ennaceur avaient étalé.


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