C'est « le moral dans les chaussettes » que certains candidats au bac ont repris les cours en présentiel avec une certaine appréhension de ne pas décrocher le précieux sésame, faute de préparation adéquate et adaptée… Après dix jours de vacances en mars dernier, une période de confinement a été imposée aux élèves et lycéens pour faire face à la menace de contamination à la Covid- 19. Elle a nécessité deux nouvelles semaines d'arrêt et perturbé le déroulement des cours et des apprentis- sages scolaires. Dès lors, dans quelles conditions les élèves ont-ils repris les cours ? Ont-ils un moral d'acier pour affronter le marathon des épreuves dans un mois ? Que faut-il faire pour redresser la barre et rectifier le tir ? Mercredi 5 mai, Nizar, surveillant conseiller et professeur de gestion de formation au sein de l'établissement secondaire Menzah VI, n'en démord pas et ne mâche pas ses mots au moment de l'aborder dans l'enceinte du lycée. Il affirme avec amertume : « Il faut savoir que le bac 2021 sera certainement clos avec le succès qu'on lui connaît chaque année, mais il faudra remercier à ce titre l'ensemble du personnel du lycée dont les enseignants en premier lieu. Tout cela malgré de nombreuses lacunes et défaillances à tous les niveaux. » Ces derniers font des pieds et des mains pour terminer l'année scolaire convenablement malgré de nombreux aléas et des inquiétudes fondées à l'ère de la pandémie du coronavirus. Il est 13h00, ce mercredi, deux jeunes filles expriment leurs sentiments à l'occasion de la reprise et à l'approche des examens. Inscrites en section Eco-gestion, Oumayma et Ahlem, toutes deux âgées de dix-neuf ans gardent le sourire avant d'affirmer : « Les conditions requises pour respecter le protocole sanitaire sont très limites au sein de l'établissement avec, pour seuleffet, le distributeur de gel hydroalcoolique accroché au mur sans plus. Au niveau de la préparation aux examens, on fait avec les moyens du bord et nous ne sommes pas sûres de réussir haut la main, sincèrement. ». A l'entrée, il n'y a ni masque qui soit remis aux non-porteurs distraits, ni mesures de distanciation physique dans les salles de classe. A quoi cela rime-t-il donc ? Va-t-on se contenter de séparer les tables uniquement pendant la période de déroulement des épreuves du baccalauréat national à compter du 16 juin 2021 ? Un relâchement fâcheux au moment où la Covid-19 fait de nombreuses victimes chaque jour. Un confinement général est imposé pour la période de l'Aïd pour mettre fin à cette hémorragie de décès du coronavirus. Forcément, les absentéistes sont nombreux, les lycéens présents se comptent sur les doigts d'une main, il n'y a pas foule et cela en dit long sur le degré de préparation sur place… Infrastructure, mon doux souci Peu avant cela, vers midi à l'extérieur de l'établissement, des lycéens sont agglutinés et attendent patiemment de rentrer en classe. Il y a des travaux d'aménagement du trottoir devant le lycée Menzah VI ce qui fait penser qu'il y a un lifting en cours en vue des échéances des épreuves du bac 2021. Que nenni ! L'état déplorable de l'infrastructure, talon d'Achille de la révolution du travail et de la dignité du 14 janvier 2011, est confirmée de vive voix par le surveillant conseiller interrogé. Et Nizar de poursuivre à ce sujet : « L'infrastructure du pays est dans un état lamentable. Que dire des établissements scolaires qui manquent de tout ! Tout est à revoir. ». En effet dans la cour de l'école, c'est le dénuement complet, pas même une couche de peinture sur les murs défraîchis par l'humidité. Les mauvaises herbes poussent jusqu'en dehors des dalles et des pavés de la cour. Ce n'est pas un beau spectacle pour les yeux. Dans les salles de classe, tables et chaises sont superposées, comme si il n'y a pas cours sans doute parce que seuls les bacheliers sont admis. De façon générale, chaque année on colmate les brèches en Tunisie pour sauver l'année scolaire à moindre coût. Il n'y a pas de vision à long terme. L'infrastructure dans de nom- breux autres domaines est à déplorer et on procède avec les moyens du bord sans plus. Une situation à laquelle il faut remédier à l'avenir pour pré- server et moderniser l'infrastructure scolaire.