Une tentative de présenter une nouvelle vision picturale en mettant en avant-plan toutes les énergies créatives Presque 200 œuvres d'artistes plasticiens sont exposées au Palais Kheireddine dans le cadre de l'exposition annuelle de la Fédération tunisienne des arts plastiques. Le vernissage a eu lieu vendredi dernier en présence d'un grand nombre de plasticiens et d'amateurs d'art. Première remarque : la grande majorité des œuvres proposées sont abstraites ou semi-figuratives. Le figuratif du genre «Ecole de Tunis» est pratiquement banni de cet événement. D'ailleurs, il n'y a qu'un ou deux tableaux exposés discrètement au fond de la galerie. Deuxième remarque : la plupart des tableaux sont réalisés par de jeunes peintres, même si on retrouve dans cette nouvelle collection certains anciens vétérans comme Brahim Azzabi, Habib Bida, Mohamed Ayeb, Abdelmajid Bekri qui continuent à apporter leur grain de sel de nouveautés dans un paysage artistique dominé aujourd'hui par une génération nourrie au cercle des aînés. Troisième remarque : hormis quelques sculptures, les œuvres sont réalisées sur des châssis. Il manque les installations qui étaient récemment à la mode. La photo est présente mais sans être envahissante à l'instar d'ailleurs du tapis, objet artisanal par excellence mais détourné de sa vocation première. Le reste de l'exposition est constitué d'œuvres picturales réalisées avec de l'acrylique ou des techniques mixtes. Abdelamajid Bekri a osé le tissu sur lequel il a imprimé des motifs inspirés du patrimoine ancien, caractéristique de sa propre peinture. Sinon, l'exposition donne à voir des œuvres reflétant les désirs et les ambitions de peintres, qui sans prétendre au génie, évoluent dans des imaginaires correspondant à leur époque, celle d'une Tunisie d'aujourd'hui après la révolution, une Tunisie en pleine mutation et en mouvement. Chez Mohamed El Ayeb, cette Tunisie se manifeste dans deux photos de grand format, travaillées à partir de techniques informatiques et représentant des manifestations de protestation où les protagonistes de deux clans, les salafistes d'un côté et les laics de l'autre s'affrontent. Pour sa part, Brahim Azzabi traduit dans ses deux tableaux, par des figures abstraites, la chevrotine utilisée par la police pour dissuader les manifestants à Siliana en 2012. Certains autres peintres mettent en valeur des motifs ou des taches par des gestes souples en adoptant des couleurs tout en nuance comme par exemple Habib Bida. D'autres prennent le visage ou le corps humain comme cible pour dire leur joie ou leur chagrin. Les visages sont dévisagés par des traits pointus, les corps sont grossis comme des poupées gonflables. L'idée est de ressortir des états d'âme, mais aussi des états picturaux avec différentes valeurs. La Ftap tente de présenter une nouvelle vision picturale en mettant en avant-plan toutes énergies créatives. D'autre part, le samedi 13 février, la Fédération tiendra son assemblée générale élective au cours de laquelle le bureau sortant présentera son bilan.