L'imminente intervention militaire de la coalition en Libye pourrait sonner le réveil des cellules dormantes en Tunisie Faisons comme si c'était déjà fait : la Libye est mise à feu et à sang sous l'effet dévastateur des bombardements aériens de la coalition. Les dégâts sont énormes, le nombre de tués et de blessés échappe à tout recensement. Idem pour celui des déplacés. Daech et Al-Qaïda, cible directe de cette intervention militaire qui se veut musclée, trouvent le moyen, bien qu'acculés dans leurs derniers retranchements dans les montagnes et les tranchées, de se défendre par attentats à la voiture piégée interposés. Dans ce paysage chaotique et apocalyptique, seules les ambulances circulent. Un peu plus loin, et plus précisément à la frontière tuniso-libyenne, ils sont des dizaines de milliers de rescapés à se masser, cherchant désespérément à fuir l'enfer et, par conséquent, à trouver refuge en Tunisie. Là où un plan de secours humanitaire, d'une ampleur sans précédent, est mis en place. Les postes frontaliers de Ras Jedir et Dhehiba sont saturés, débordés et envahis, 24 heures sur 24, par des vagues humaines incessantes, presque incontrôlables. Mais, diable, comment accueillir des milliers de réfugiés sans être sûr qu'ils ne sont pas infiltrés par des terroristes en cavale ? La question revêt une telle importance qu'il a été établi par les services de renseignements occidentaux les plus puissants que les jihadistes circulent, un peu partout dans le monde, avec de faux passeports, généralement difficilement identifiables. Combien de coupeurs de têtes passeront-ils alors dans nos murs ? Nul ne le sait. Ce que l'on sait, par contre, est que toutes les mesures préventives ont été, à cette occasion, d'ores et déjà prises par le gouvernement tunisien : acheminement de renforts en hommes, intensification des opérations de contrôle d'identité et de fouille des véhicules et installation d'équipements technologiques de détection ultrasophistiqués, fraîchement importés d'Europe et des Etats-Unis. Le tout avec l'apport non moins précieux des drones et des hélicoptères pour mieux maîtriser la longue frontière terrestre par laquelle tout le danger vient... Le réveil des démons Ceci côté frontière. A l'intérieur du pays, et dans pareille circonstance, l'heure est habituellement au réveil des démons, c'est-à-dire des cellules terroristes dormantes qui n'attendent que cette aubaine pour passer à l'action. Et c'est dans la pure tradition de l'internationale intégriste qui s'adonne, illico presto, à sa sale besogne, dès que le chaos s'installe dans un pays. On l'a vu en Afgahnistan, au Pakistan, en Tchétchénie, en Irak, en Syrie, au Yémen, en Libye, au Mali et à un degré moindre en Tunisie en 2011. Dès lors, se pose à notre pays l'indésirable interrogation suivante : faudra-t-il, en cas d'intervention militaire de la coalition en Libye, s'occuper de la très lourde tâche de contrer l'extraordinaire invasion des frontières, au risque de payer les frais d'un réveil tonitruant des cellules dormantes dans nos murs? Et dire que ces cellules se comptent par centaines et sont redoutablement armées.