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«Le plus difficile, c'est l'incompréhension et l'immobilisme des décideurs»
Entretien avec Sarah Toumi, directrice de l'entreprise sociale «Acacias for all»
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 02 - 2016

Leader dans le domaine de «l'entrepreneuriat social» en Tunisie, Sarah Toumi a fait parler d'elle récemment : elle projette de développer son projet baptisé Acacias for all, d'ici fin 2018 : plantation d'un million d'arbres. Ce projet aurait des prolongements en Algérie et au Maroc, en collaboration avec des partenaires locaux.
Vous avez été classée récemment parmi les 30 meilleurs entrepreneurs au monde par le magazine économique américain «Forbes» : ce qui a suscité la curiosité au sujet de vos activités... Parlez-moi de votre parcours !
Enfant, j'assistais mon père dans tous ses projets associatifs, avec les enfants palestiniens, irakiens, et finalement en Tunisie. Entre 2006 et 2007, et pour lutter contre la fracture numérique et culturelle dans les campagnes, nous avons distribué plus de 300.000 livres et des centaines d'ordinateurs de Ghardimaou à Tataouine. J'ai étudié à Paris, fait une licence de communication, puis un master en littérature française sur les voyageuses au XIXe siècle. Durant mes études, j'ai eu le temps de mener beaucoup d'activités. J'ai travaillé en tant que community manager pour plusieurs marques prestigieuses et pour une association canadienne, j'ai aussi créé un incubateur de projets sociaux et environnementaux — «Dream» — qui a accompagné plus de 60 étudiants à la Sorbonne et dans d'autres universités parisiennes. J'ai également fait un stage de 6 mois dans un cabinet d'audit de communication, ce qui m'a permis de me familiariser avec la mesure d'impact. En 2011, j'ai cofondé le Centre tunisien pour l'entrepreneuriat social, et c'est cela qui m'a convaincue de l'importance de lancer ma propre entreprise sociale en Tunisie. Aujourd'hui, je suis présidente de l'association Dream in Tunisia et directrice de l'entreprise sociale Acacias for all.
Comment est née l'idée de créer «Acacias pour tous» et «Dream in Tunisia»?
Je rentre en Tunisie chaque été ou presque depuis l'âge de 9 ans. J'ai vu, année après année, s'installer la désertification à Bir Salah (gouvernorat de Sfax), le village de mes grands-parents paternels, mais aussi dans le reste de la Tunisie. L'ONU a proclamé l'année 2006 année des déserts et de la désertification. C'est à ce moment que j'ai fait le rapprochement entre mon observation locale à Bir Salah et le phénomène global. Mon père était ingénieur et a travaillé notamment au Soudan, où il a découvert l'acacia, cet arbre qui pousse dans le désert et possède des propriétés médicinales inégalées. Les agriculteurs collectent chaque année la gomme arabique et la vendent à bon marché, sans avoir à s'occuper des arbres qui poussent naturellement et ne consomment presque pas d'eau. L'acacia peuplait jadis la Tunisie, avant l'augmentation des cultures agricoles intensives. Le rapprochement de toutes ces idées a contribué à la naissance d'«Acacias Eau pour Tous», qui est devenu «Acacias for all», un projet qui résout à la fois le problème de la désertification, de la pauvreté dans les zones rurales et qui contribue aussi à l'émancipation économique des femmes rurales qui sont les acteurs essentiels du projet, puisqu'elles plantent les arbres et s'en occupent.
«Dream in Tunisia» est né en 2012, car je me suis rendu compte que beaucoup de Tunisiens s'empêchent de rêver, or le rêve est le premier pas vers le changement. Bien sûr, toutes les idées ne sont pas bonnes à réaliser, mais l'idée, c'est qu'ensemble nous pouvons réaliser nos rêves communs pour le développement des zones rurales de Tunisie. Notre première action a été la réalisation du Village Orange, avec la Fondation Orange en 2013/2014.
Quels sont les grands axes et les zones d'intervention de ces projets ?
Pour le moment, nous sommes uniquement sur les gouvernorats de Sfax et Mahdia. Notre ambition pour 2016 est de trouver des ambassadeurs régionaux dans 8 autres régions, de Kairouan à Tozeur (centre et sud de la Tunisie). Nos axes d'intervention sont :
- Acacias for all, entreprise sociale qui forme les agriculteurs, puis plante avec eux des arbres adaptés au contexte aride, et organise la commercialisation de leurs produits selon le principe du commerce équitable.
- Le Fortin de la Connaissance de Bir Salah, un espace offrant des services socio-culturels, éducatifs et économiques, participant à l'émancipation des communautés.
- Tunisie Climat, Think Tank qui identifie, répertorie et analyse les solutions qui existent au changement climatique.
Qui sont les bénéficiaires de vos projets ?
Nous travaillons au niveau du village de Bir Salah pour le Fortin de la Connaissance, mais Acacias for all a une vocation nationale. Le club des jeunes accueille régulièrement 150 jeunes, le club des femmes a formé plus de 50 femmes et, début 2016, 5 sont en cours de création d'une coopérative d'artisanes. Enfin, nous avons planté 20.000 arbres, dont 7.000 ont été offerts à 270 agriculteurs de Bir Salah, et le reste à été planté chez 5 femmes qui souhaitaient développer une exploitation biologique et sur des espaces forestiers ainsi que dans des établissements scolaires de la région.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec les femmes rurales ?
J'ai choisi de focaliser mon travail sur les femmes rurales car je suis moi-même une femme rurale, puisque je vis à Bir Salah, un village de 5.000 habitants, et je sais combien c'est dur pour une femme de s'épanouir dans ce contexte. Tout est éloigné, et celles qui n'ont pas de salaire sont dépendantes économiquement, souvent, de leurs pères ou de leurs maris. Pourtant, ce sont ces femmes qui éduquent les enfants, gèrent la famille et la maison. Donc c'est pour cela que je suis convaincue que plus il y aura de femmes rurales qui créent leurs projets et travaillent, plus les jeunes retrouveront de l'espoir. Cela contribuera aussi à un meilleur équilibre social et à la création d'emplois.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans la mise en place de ces projets ?
Les difficultés sont nombreuses, comme pour tout entrepreneur qui vit une vie de montagnes russes avec des hauts et des bas. Mais le plus difficile, c'est l'incompréhension et l'immobilisme des décideurs qui n'ont pas conscience de la portée de notre projet, tant associatif qu'entrepreneurial. Ni moi ni les membres de ce projet ne cherchons de l'aide de l'Etat, nous voulons juste pouvoir avancer tranquillement. En tant qu'entrepreneur social, je dois également me débrouiller avec les conditions existantes. A Bir Salah, nous n'avons pas accès à une ligne de téléphone fixe et l'eau courante est coupée 7 mois par an. De plus, les jeunes que nous recrutons sont sans expérience, mais nous passons beaucoup de temps à les former, car nous croyons en eux. Tout cela ralentit le développement de nos activités, mais avec le temps ce sera un atout, car nous parions sur les jeunes diplômés issus des campagnes pour développer les zones rurales de Tunisie.
Quels sont vos projets d'avenir?
Je me concentre sur le développement de l'entreprise sociale Acacias for all, qui demande beaucoup de travail, puisque nous prévoyons un développement national, d'ici fin 2018, avec la plantation d'un million d'arbres, mais, aussi, la réplication en Algérie et au Maroc avec des partenaires locaux à partir de 2017. En parallèle, j'espère pouvoir développer Dream in Tunisia à travers l'ouverture de nouveaux Fortins de la Connaissance dans d'autres gouvernorats. En tant que maman, mes projets d'avenir tournent aussi beaucoup autour de ma fille Balkis, âgée de 2 ans : j'espère pouvoir l'inspirer et, comme j'ai eu la chance de découvrir le monde avec mes parents, la faire voyager et s'épanouir pour qu'elle devienne une adulte responsable et une Tunisienne fière de ses racines. Plus généralement, j'espère pouvoir un jour contribuer à soutenir financièrement et par mon réseau de jeunes filles de zones rurales brillantes afin qu'elles deviennent des leaders du changement dans leur communauté.


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