Ancien joueur et ex-président de l'Etoile, Dr Hamed Kammoun est un cas d'école «valorisant» de reconversion professionnelle pour un footballeur. «D'emblée,je dois avouer que pour mon cas,on ne peut même pas parler de reconversion puisque ma priorité fondamentale était de réussir ma carrière universitaire. C'était clair dans ma tête, il était hors de question de sacrifier mes études en médecine quel que soit le challenge sportif. D'ailleurs, j'ai dû sacrifier la légendaire campagne de la coupe du monde78 — je dois rappeler que j'étais sur le banc des remplaçants lors du fameux match contre l'Egypte en 1977 —, afin de ne pas rater ma saison universitaire (j'ai dû rater tous les stages de préparation pour pouvoir assurer une concentration optimale pour mes examens universitaires). Avec du recul, je n'éprouve aucun regret d'avoir privilégié mes études aux dépens d'une carrière footballistique. D'ailleurs, même quand j'étais président de l'Etoile, j'ai accordé un intérêt majeur pour le cursus éducatif notamment des joueurs doués en concertation avec leurs entraîneurs et leurs parents,en les incitant à aller jusqu'au bout de leurs parcours éducatifs afin d'assurer au moins le Bac. Un fait qui leur permettra de réussir une reconversion plus valorisante dans d'autres domaines tels que la vocation de consultant sportif, où le «background» intellectuel est fortement recommandé pour garantir davantage de pertinence pour ses analyses et commentaires. Dans ce registre, j'ai eu l'occasion de visiter des centres de formation européens notamment ceux de Bordeaux et de Lyon,où on obligeait les joueurs à réussir au moins leur Bac. Au risque de vous étonner, même les joueurs doués, s'ils ne réussissent leurs études, seront tout simplement écartés ! Cependant, je dois avouer que le contexte à la fois sportif et économique dans lequel on jouait était complètement différent de celui de nos jours. De notre époque, il y avait moins d'engagements et de compétitions, on n'avait pas la possibilité de participer à des épreuves continentales,contrairement à aujourd'hui où il y a une multitude de challenges sportifs sur le double plan local et africain. Un constat qui rend manifestement difficile de concilier carrière sportive et études. De plus,il ne faut pas oublier qu'à notre époque, les enjeux financiers n'étaient pas intéressants et n'avaient guère leurs dimensions actuelles alléchantes, qui incitent les joueurs de nos jours à opter pour une vocation fondamentalement footballistique qui se profile comme un vecteur d'affirmation sociale et financière remarquablement recherché par nos joueurs actuels».