Sarra Lajnef (université de Floride) est devenue la première ondine tunisienne à se qualifier aux finales universitaires NCAA au terme de sa remarquable prestation aux SEC (Southeastern conference), compétition disputée en bassin de 25 yards du 17 au 19 fevrier et considérée comme l'une des plus relevées du programme universitaire américain. Lajnef a raté de seulement deux centièmes de seconde le podium à Gainesville lors de la finale de 200 yards brasse nagés en 2:10.66, améliorant au passage son record personnel de presque six secondes (5.90). Elle s'alignera également dès aujourd'hui à Austin sur 200 yards 4 nages (2:01.11) et 100 yards brasse (1:01.22) où elle a également amélioré ses records personnels respectivement de 3.68 et 2.28 tout en réalisant deux nouveaux minima B des NCAA. Le premier titre africain remporté sur 200m brasse il y a six mois au Maroc a dû relancer ta carrière d'autant que la dernière fois qu'une nageuse tunisienne a réussi à s'imposer sur cette épreuve date de Nairobi 1987 ? Ce fut un moment inoubliable. Je n'ai pas pu retenir mes larmes sur le podium à l'écoute de l'hymne national. Défendre les couleurs de son pays constitue un grand honneur et une cause sacrée. Nous nous devons de donner l'exemple aux jeunes. Ce premier titre continental représente une importante étape dans ma carrière mais le vrai tournant a été surtout ma sélection en avril 2008 à un championnat du monde (bassin 25m). Depuis cette sélection, j'ai appris à viser haut et ma progression est régulière. Le meilleur reste à venir. Quel est ton sentiment d'être devenue la première nageuse tunisienne à disputer les NCAA? C'est un grand honneur pour moi d'être la première Tunisienne à se qualifier pour la phase finale des championnats universitaires américains. Ma joie fut indescriptible lorsque j'ai appris que ma performance sur 200m brasse me permet de décrocher une place dans l'une des compétitions les plus relevées au monde. Il s'agit de la meilleure manière d'aborder la nouvelle ère que connaît la Tunisie. Nous autres les sportifs d'élite, la révolution nous transcende. Tu évolues depuis 19 mois dans la prestigieuse Université de Floride. Décrivez-nous l'apport d'une telle aventure... C'est une superbe expérience que je suis en train de vivre à Gainesville. Rallier les USA m'a permis de poursuivre mon rêve de nager au plus haut niveau tout en faisant des études universitaires, chose qui n'était pas possible en France. j'effectue un cursus en sciences politiques avec une option pour le business administration. Je m'entraîne sous la conduite d'un des meilleurs entraîneurs au monde avec qui j'espère aller encore plus loin. Quelles sont tes ambitions aujourd'hui et demain à Austin sur 100 y et 200 y brasse ? Sur 100 yards brasse, je vise la minute et sur 200y brasse, nager sous les 2:09.13 et battre ainsi le record de mon université. «Viser le record de l'université sur 200 y brasse» Comment expliquer que ta belle progression en brasse n'ait pas été aussi convaincante sur les épreuves de 4 nages ? Je ne suis pas d'accord avec ce constat, on m'avait dit exactement l'inverse au terme de ma participation aux mondiaux de Dubaï en décembre 2010. Mon 200y 4 nages a été satisfaisant lors des conférences mais pas vraiment comme je le souhaitais. Mon programme ne m'a pas permis de disputer le 400y 4 nages où j'ai bien progressé. Même si mes performances ne sont pas au niveau de celles accomplies en brasse, je dois reconnaître que c'est grâce à mon solide entraînement avec le groupe des quatre nages que j'ai pu effectuer cette belle progression en brasse. Tes commentaires sur le système universitaire américain... C'est une belle expérience à vivre. Elle a ses bons côtés mais aussi ses moins bons comme par exemple nager en bassin de 25 yards de septembre à mars et ce n'est qu'au début du mois d'avril qu'on enchaîne sur le bassin olympique de 50m, et ce, durant les quatre premières années. On est aussi contraint parfois de sacrifier certaines compétitions qui ne sont pas compatibles avec nos engagements universitaires. Malgré tout cela, c'est l'unique voie à suivre si on veut opter pour le haut niveau et exceller à l'université.