On a trop parlé du décrochage scolaire sous toutes ses formes. Les statistiques sont on ne peut plus alarmantes. Des efforts, limités, pour réintégrer certains élèves ayant quitté l'école ont été entrepris, permettant à quelques centaines d'entre eux de retrouver les bancs de l'école. Bien sûr, cette action n'est qu'une façon de réagir dans l'immédiat et limiter, autant que faire se peut, les dégâts. La vraie solution doit être concrétisée à travers une stratégie et un programme national impliquant les parties concernées. Le débat engagé sur la réforme du système éducatif a, bel et bien, abordé cet aspect et a suggéré des propositions dans son rapport général (novembre 2015). Le phénomène en soi n'est pas à traiter à part, mais il doit s'inscrire dans une logique et une dynamique plus étendues englobant toutes les composantes du système. Les 12 ateliers qui ont été constitués ont, justement, touché aux différents sujets susceptibles d'aboutir aux solutions escomptées. 106.895 défaillants Un atelier a, donc, été consacré à l'analyse du décrochage scolaire sous toutes ses formes (redoublement, déscolarisation...). Les chiffres et les statistiques dont disposaient les participants ne pouvaient laisser indifférent. Au niveau des effectifs, on compte près de 106.895 défaillants à tous les niveaux (du primaire au secondaire en passant par le préparatoire). Cela représente 5,5% du total. Mais ce qui est plus important, c'est l'impact matériel du phénomène. Le redoublement, par exemple, coûte au budget du ministère de l'Education plus de 315 MD. En d'autres termes, c'est 7,8% du budget du ministère. L'abandon scolaire, lui, coûte 1.159 MD, soit 28,8 % du budget du ministère. En tout, cela veut dire 1.474 MD et 36,7 % du budget en question. On a constaté que le fléau de la déscolarisation frappe tous les niveaux de l'enseignement. 83% des abandons scolaires sont enregistrés au niveau des classes de quatrième, cinquième et sixième primaire. Quant au taux le plus élevé, il est enregistré en septième année de l'enseignement de base : 55,8%, soit 26.983 élèves sur 48.413. Il faut savoir que ces défaillants scolaires se répartissent en deux catégories. Il y a ceux qui décrochent volontairement et qui représentent environ 60% ainsi que ceux qui le sont par voie réglementaire (40%). Un autre constat a été fait. Il concerne le cycle préparatoire et secondaire. A ce niveau, les défaillants en septième année de base et en première année secondaire représentent 43,4% de l'ensemble. L'examen de ces données a permis de dégager un ensemble de remarques et de propositions. En gros, ces dysfonctionnements sont décelables au niveau du passage d'une étape à une autre (du primaire au collège ou du collège au lycée). D'où la nécessité d'étudier de façon plus profonde l'intégration des élèves et leur prise en charge au cours de leur scolarité en vue d'aplanir les problèmes qui sont à l'origine de ces échecs. Il y a, en plus, ce côté sélectif qui caractérise notre système éducatif. Ce dernier ne tient, pratiquement, pas compte des spécificités de certains apprenants (élèves handicapés ou à besoins spécifiques, surdoués...). Alors, de quel échec doit-on parler ? Celui du système dans son ensemble ou de celui de l'élève ? Personne ne peut trancher tant que les causes profondes n'ont pas été étudiées de la façon la plus objective qui soit. Et même dans ce cas, il sera toujours possible de mettre en doute telle ou telle conclusion. Aussi, quelques recommandations ont-elles été faites pour parvenir à juguler le phénomène et à lui apporter les réponses adéquates dans le cadre d'une vision globale qui n'est autre que celle de la Réforme.