Les analyses récentes ont montré le rôle largement affaibli de l'arbitre dans les résultats des matches. Peut-on considérer qu'il existe un manque cruel d'objectivité dans la prise de décisions arbitrales? Les erreurs des hommes en noir peuvent-elles devenir des fois récurrentes et voulues ? Des dirigeants sportifs vont même jusqu'à parler de «complot», de «manque de professionnalisme» et «d'incompétence». On a tous des exemples d'erreurs d'arbitrage, en tête des penaltys non-sifflés malgré une faute évidente, ou encore des matchs perdus suite à des décisions controversées. Comme souvent, les arbitres ne sortent pas indemnes chaque week-end. Le penalty accordé par Walid Bannani à l'Espérance et fortement contesté par les joueurs et les dirigeants de son adversaire du jour, l'ASMarsa, remet sur le devant de la scène le débat sur les injustices et posent (encore) la question de la vidéo. Il y aurait ainsi un déni au sein des observateurs qui considèrent que c'est toujours l'arbitre qui a le dernier mot, qu'il est le seul pour décider du sort d'un match. Il serait cependant bon de se mettre d'accord sur les termes : on ne peut parler d'erreur d'arbitrage que lorsqu'une décision arbitrale va à l'encontre du résultat logique du match. Autrement dit, lorsque l'arbitre va protéger l'équipe qui ne devrait logiquement pas l'être, car elle profite d'une erreur. Il n'est pas nécessaire de s'intéresser à toutes les fautes sifflées. Une erreur sanctionnée à 50 mètres du but ne risque pas en principe de bouleverser le cours du match. Il vaudrait mieux se concentrer sur l'analyse des penalties sifflés, des phases de jeu conséquentes et de les mettre en lien avec le résultat final et voir surtout s'ils ont avantagé ou pas l'équipe dominatrice. C'est pour cette raison que le corps arbitral ne fait que répondre aux conditions du jeu fixées par les deux équipes, fixées encore plus par l'équipe dominatrice, qui mérite vraiment la victoire. L'arbitre n'est pas dépositaire du jeu, il n'est que le répondant. Si erreur il y a, elle ne peut se faire, sauf cas exceptionnel, à l'encontre de l'équipe victorieuse. Le mécanisme de décision arbitrale Que dit la science sur la question des erreurs dans l'arbitrage ? Les statistiques ont l'avantage certain de garder un haut degré d'objectivité et de s'assurer de l'efficience d'une loi de manière absolument normative. En se basant sur des données de très long terme qui brouillent le facteur humain, elles peuvent démontrer ce qui à l'œil avisé du supporter peut sembler totalement faux et aberrant. Les analyses récentes ont d'ailleurs montré le rôle largement affaibli de l'arbitre dans l'espérance d'un résultat. Quand il prend une décision, il doit juger. Ce jugement se fabrique, comme tout le monde le sait, par la perception visuelle, grâce à un bon positionnement, mais surtout une condition physique irréprochable. Un arbitre de la Ligue 1 fait en moyenne entre 6 et 8 km par match. L'erreur humaine existe, et le mécanisme de décision arbitrale peut être conditionné. Faute n'ayant pas eu lieu, vue jouant des tours, penalty préjudiciable. Pour beaucoup des acteurs, la défaite serait justement expliquée par le piètre niveau des arbitres tunisiens, le résultat se serait même joué sur une seule décision. Sur un match, cela peut sembler vrai. Une rencontre largement dominée peut être perdue suite à un penalty douteux sifflé par un arbitre non consciencieux. Sauf que cela fait partie de l'essence du football, sport tellement humain dans lequel un seul individu, sans aucun soutien technologique, est chargé des décisions qui peuvent influencer le devenir de toute une saison. Il n'en demeure pas moins que l'erreur arbitrale n'existe pas à long terme, les arbitres ne font que répondre par le sifflet aux faits de jeu. Il serait souhaitable que les dirigeants, les entraîneurs et les joueurs ne montent pas au créneau et ne disent pas n'importe quoi. Qu'ils pensent à l'exemple à donner aux jeunes, à l'image à fournir aux spectateurs. A ce propos, dans quelle mesure un arbitre est-il influencé par le public lors d'une prise de décision? Il l'est généralement de manière indirecte dans des situations extrêmement ambiguës et le plus souvent liées à la manière de gérer un état émotionnel. Autant de considérations qui font ressortir inévitablement le débat sur l'arbitrage et les injustices qui découlent de certains faits de jeu.