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Entre convoitises et chimères
Union de la « famille destourienne »
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 08 - 2015

C'était le 2 mars 2013, le jour de la célébration de la création du Néo- Destour, La Presse titrait : «les destouriens ont-ils encore un avenir»? Aucune réponse n'a été donnée, préférant laisser le temps au temps pour savoir où pourraient aller les choses. Depuis, beaucoup de choses se sont passées. Le RCD dissous, ses hauts dignitaires arrêtés, ses militants terrés et ses biens confisqués, que reste-t-il de ce parti qui a gouverné le pays pendant plus d'un demi-siècle, si ce n'est cet imposant siège de 17 étages qui surplombe l'avenue Mohamed-V, aujourd'hui déserté mais «habité par les hiboux», comme pour se rappeler au mauvais souvenir des Tunisiens. Le moloch est devenu une coquille vide.
Les «Rcédistes» sont redevenus «destouriens», puisque le premier mot rappelle les turpitudes d'un régime voué aux gémonies par les néo-révolutionnaires qui n'y voient que dictature, népotisme, misère et malheur. Même les siens ont renié cette appellation qu'ils avaient pourtant adoptée en févier 1988, comme pour enterrer un passé, celui du PSD et son fondateur Habib Bourguiba. Son vice-président, Mohamed Ghannouchi, et son membre du bureau politique, Foued Mebazaâ, porté à la présidence de la République, au lendemain du 14 janvier 2011, l'ont complètement renié, en préférant démissionner que d'assumer le droit d'inventaire et de subir l'opprobre publique.
Diaspora dispersée
Dans ce climat marqué par une sorte d'inquisition et une volonté de barrer le chemin au retour de ce qui est communément appelé «les sbires de l'ancien régime», certains militants ont tenté avec beaucoup de courage de rassembler cette «diaspora», dispersée mais très convoitée eu égard à son poids électoral et à son expérience du terrain essentiellement. Les partis destouriens créés sur les décombres de l'ancien parti au pouvoir dont les responsables, à quelque niveau qu'ils soient, ont été frappés par l'interdiction de se présenter aux élections de l'Assemblée nationale constituante, n'ont pas réussi à faire leur entrée dans la nouvelle chambre où seul le Néo-Destour d'Ahmed Mansour s'est trouvé représenté par un député. L'Initiative de Kamel Morjane, frappé lui aussi par l'interdiction, mais ne revendiquant nullement l'inventaire «rcédiste», a, quant à lui, placé cinq représentants à l'ANC. Et ce n'est que plus tard, en juin 2012, qu'un ancien haut dirigeant du Néo-Destour de Bourguiba, l'actuel président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui, contre vents et marées, a réussi un véritable brassage entre quatre courants différents, ralliant plusieurs militants de l'ancien parti dissous. Se voulant l'héritier naturel du président Bourguiba et se réclamant du mouvement réformateur apparu pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, mouvement initié par Kheireddine Pacha et perpétué par d'autres grands réformateurs tels que Tahar Haddad, Abdelaziz Thaâlbi, Fadhel Ben Achour, Mohamed Ali Hammi et bien entendu Habib Bourguiba, l'ancien Premier ministre a créé son propre parti, Nida Tounès (l'Appel de la Tunisie), qui rassemble en son sein militants de gauche, syndicalistes, indépendants et destouriens.
Ce nouveau parti, qui se considère comme «un prolongement du mouvement de libération nationale et sociale», a réussi en très peu de temps à s'imposer sur la scène politique nationale et créer une sorte d'équilibre avec l'autre formation montante qui accaparait l'espace, le mouvement Ennahdha. Les dernières élections lui ont donné raison, le confirmant comme premier parti du pays et portant son président aux plus hautes fonctions de l'Etat.
La vérité des urnes
En même temps, l'ancien Premier ministre de Ben Ali, longtemps vice-président du RCD, Hamed Karoui, a créé un autre parti baptisé «Mouvement des destouriens», qui a réuni en son sein d'anciens hauts responsables du régime de Ben Ali, s'est réclamé lui aussi de l'héritage bourguibien. Estimant qu'en dépit de toutes les dérives, le Néo-Destour a réussi à doter le pays d'institutions modernes et à réaliser un modèle de société ouverte et moderniste. Un discours certes courageux mais qui n'a pas réussi à fédérer une famille de plus en plus dispersée et à recoller les morceaux et les débris d'un parti qui ne l'est plus.
Les élections législatives et présidentielle d'octobre et de décembre 2014, ont réduit chacun à sa juste valeur. Les candidats se réclamant du courant destourien n'ont récolté que des miettes, alors que le parti de Hamed Karoui n'a récolté aucun siège à l'Assemblée des représentants du peuple. Tout comme les autres formations et listes dites «destouriennes». Seule l'Initiative de Kamel Morjane a réussi à envoyer trois candidats au Bardo. La vérité des urnes a été dure, très dure. Qui a détruit tous les espoirs.
Aujourd'hui, beaucoup de voix s'élèvent pour rassembler «la famille destourienne» sous un seul toit. Or, la plupart des membres de cette famille ont préféré rejoindre Nida Tounes, où malgré les tensions réelles ou supposées qui secouent le parti, se sentent mieux et en sécurité. Hachemi Hamdi qui revient du pays du brouillard pour se replacer sur la scène politique et se préparer, avec son courant «Al Mhabba», aux prochaines échéances multiplie les appels en direction des destouriens, leur ouvrant les portes de son parti. Et comme pour les rassurer davantage, il promet l'amnistie pour Ben Ali en cas d'accession à la magistrature suprême. D'autres comme le député de Nida Tounes et membre de son bureau exécutif, Khaled Chouket, parle déjà de la création d'une «maison de la famille destourienne» qui servira de toit pour ceux qui croient en l'identité destourienne de Nida Tounès. De son côté, Kamel Morjane s'apprête à lancer une nouvelle initiative de rassemblement alors que ses deux anciens collègues Abderrahim Zouari, Abdallah Kallel, Mondher Zenaidi et Sadok Chaâbane travaillent, en catimini, sur le même objectif. Pendant ce temps, le mouvement Ennahdha ne dort pas sur ses lauriers et son président Rached Ghannouchi multiplie les signes de bonne volonté en défendant le projet de réconciliation nationale qui concerne en premier lieu les hommes d'affaires et les hommes politiques de l'ancien régime.
«L'espoir trompé guérit rarement»
Il faut dire que cette « famille destourienne» qu'on convoite de partout constitue, en fait, un réservoir important, naguère composé de plus de 360 fédérations et d'environ 7.500 cellules territoriales et professionnelles et comptant plus de 2 millions d'adhérents. Des réserves stratégiques, une fois mobilisées, pourraient peser sur les résultats des prochaines échéances. Or, la guerre des ego qui a fait capoter toutes les initiatives risque de briser l'espoir de l'unité. Et puis, comment des militants comme Mohamed Raouf Khammassi et Faouzi Elloumi, qui sont devenus des dirigeants influents au sein de Nida Tounès, vont-ils tout abandonner pour une chimère? Il sera difficile, dans l'état actuel des choses, pour une formation dissoute de renaître de ses cendres, ni pour ses militants de se regrouper de nouveau sous une même bannière, ni encore moins de répondre aux appels d'un quelconque homme politique qui se voit déjà promu aux grands honneurs. Un vœu chimérique. Mais la politique a ses raisons que la raison ignore et il n'est pas militant qui veut. Sauf que «l'espoir trompé guérit rarement», comme disait le proverbe.


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