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Entretien avec Mme Alissar CHAKER, Représentante Résidente a.i du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Tunisie : «Promouvoir l'économie sociale et solidaire dans les gouvernorats du Sud»...
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 08 - 2021

Les derniers chiffres répartis par gouvernorat datant de 2019 (INS) montrent que le Sud-Est et le Sud-Ouest avaient un taux de chômage respectivement de 22.2% et de 24.8% lorsque la moyenne nationale était à 15.3%. Cette inégalité économique se reflète également par une inégalité de développement des territoires. Il est essentiel que la Tunisie parvienne à combler ces disparités régionales et à s'engager vers un développement et une croissance économique inclusive qui ne laissent personne pour compte. Plus d'informations avec Mme Alissar Chaker, représentante résidente a.i du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en Tunisie.
Quelle est votre mission en tant que représentante résidente du Pnud en Tunisie ?
Mon rôle est de veiller à renforcer le partenariat stratégique et historique du Pnud avec la Tunisie ainsi que la société tunisienne, et de développer les partenariats techniques et financiers nécessaires pour accélérer l'atteinte des objectifs de développement durable (ODD) de l'Agenda 2030, ainsi que de promouvoir un relèvement socioéconomique de la pandémie du covid-19, priorisant des solutions et des options plus inclusives, plus vertes et plus résilientes.
Nous savons tous que vous avez travaillé dans six gouvernorats du sud de la Tunisie ; comment avez-vous poussé l'entrepreneuriat dans ces régions ?
En partenariat avec le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Intégration professionnelle, précédemment appelé le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, le Pnud promeut l'entrepreneuriat, la création d'emplois et l'inclusion financière à travers l'accélération et la mise en œuvre de stratégies et politiques nationales favorisant un environnement propice à l'entrepreneuriat. Cela dit, le Pnud intervient aussi au niveau local, dans ces six gouvernorats du Sud pour promouvoir l'économie sociale et solidaire à travers des projets d'entrepreneuriat social et de micro-entreprises menés par des jeunes et des groupes classiquement marginalisés, et pour renforcer l'autonomisation économique des femmes et leur accès au marché, étant donné le rôle important de la femme dans la résilience des ménages. Une étroite collaboration a été développée avec les directions régionales de l'emploi, l'Office du développement du Sud (rattaché au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Appui à l'investissement) et les commissariats régionaux du ministère de la Femme pour mener les différentes activités qui visent à développer l'écosystème entrepreneurial du Sud et assurer la pérennité des interventions. Par ailleurs, des partenariats avec le secteur privé ont été identifiés afin de diversifier et d'améliorer l'accès des femmes au marché. En ce sens, le Pnud a créé, par exemple, un partenariat avec Attijari Bank pour renforcer les actions de promotion de l'entrepreneuriat pour le développement en matière d'inclusion numérique des femmes, et ce, en vue de leur autonomisation économique.
La sensibilisation et l'innovation sont un pilier important de ce travail, à titre d'exemple, des bootcamps ont été organisés en 2019-2020 pour diffuser la culture entrepreneuriale, en collaboration avec les centres de formation professionnelle, les centres 4C et les maisons des jeunes des gouvernorats du Sud. Au total, 245 jeunes (52% de femmes) ont participé aux concours d'entrepreneuriat. En 2020, avec Enactus, un hackathon a été lancé pour démocratiser et faciliter l'accès des petites et microentreprises du Sud aux nouvelles technologies digitales, à l'innovation sociale et à l'économie sociale et solidaire afin de pivoter vers de nouveaux business model plus innovants et plus résilients. Cette année, 17 associations ont été sélectionnées pour appuyer les entrepreneures du Sud, en ciblant les populations les plus marginalisées pour les aider à outrepasser les effets de la crise sanitaire, à développer leurs capacités de résilience et à renforcer l'autonomisation économique des femmes. Cette intervention vise également à renforcer la collaboration et les liens entre la société civile, le secteur public et le secteur privé.
Nous avons également lancé un « Innovation Challenge » pour soutenir l'effort sanitaire, l'activité économique des entreprises et/ou le maintien des services aux ménages les plus vulnérables dans les territoires du Sud. Une ou deux idées innovantes pour répondre à la crise du covid-19 au Sud seront sélectionnées et soutenues au cours de l'année 2021.
Dans les régions du sud, les mentalités, qui délimitent le champ d'action des femmes dans la société, sont encore prédominantes dans le sens où la réussite professionnelle est perçue comme une affaire d'hommes ?
Ce problème n'est malheureusement pas spécifique au Sud ni même à la Tunisie. C'est une problématique que nous retrouvons partout, y compris dans les pays les plus développés. Selon l'Organisation internationale du travail, les femmes représentent au niveau global le tiers des entreprises opérant dans l'économie formelle, en plus d'être sous-représentées dans les entreprises de toutes tailles. Plus l'entreprise est grande, moins elle est susceptible d'être dirigée par une femme. Les attitudes et les normes de la société empêchent certaines femmes d'envisager même de lancer une entreprise, alors que les obstacles systémiques signifient que de nombreuses femmes entrepreneures restent limitées aux très petites entreprises opérant souvent dans l'économie informelle. Cela limite non seulement leur capacité à gagner un revenu décent pour elles-mêmes et leurs familles, mais les empêche de réaliser tout leur potentiel pour contribuer au développement socioéconomique, à la création d'emplois et à la gestion durable de l'environnement.
De plus, aujourd'hui, la crise du covid-19 représente un réel défi pour l'autonomisation économique des femmes et des filles. La pandémie menace d'annuler les gains durement gagnés sur les droits des femmes et l'égalité de genre. Les impacts économiques, sociaux et sanitaires de la pandémie affectent de façon disproportionnée les femmes et les filles quotidiennement avec une recrudescence des violences basées sur le genre et une insécurité économique encore plus grande. Les femmes sont presque deux fois plus susceptibles que les hommes de perdre leur emploi pendant cette crise. L'une des raisons est que la pandémie augmente considérablement le travail non rémunéré qui est largement porté par les femmes.
Ceci, entre autres facteurs, signifie que l'emploi des femmes baisse plus vite que la moyenne. Et pourtant, les voix des femmes sont très souvent absentes des décisions liées à la crise du covid-19. Sans femmes dans les rôles décisionnels et un changement de rapport, le relèvement post-covid aggravera les inégalités de genre. En Tunisie, malgré certains progrès réalisés sur le plan légal, l'inégalité entre les sexes est bien présente dans la sphère économique, sécuritaire, sociale et dans la vie politique et s'est aggravée avec la pandémie. Pour preuve, la multiplication par 7 des signalements liés à la violence contre les femmes en 2020. Sur le plan économique, le taux d'activité économique est de 26.4% pour les femmes et 69.4% pour les hommes au second trimestre de 2020. Pour ce qui est du chômage, il est de 15% pour les hommes et de 23.8% pour les femmes au premier trimestre 2021 selon l'Institut national de la statistique (INS). Face à ces défis, le Pnud, au niveau global, s'est engagé dans une réponse à la crise du covid-19 basée sur l'équité de genre qui s'articule autour de cinq axes principaux, à savoir : renforcer l'inclusion des femmes dans la prise de décision, améliorer la collecte des données ventilées par sexe ; lutter contre les taux élevés de violence basés sur le genre ; combler la fracture numérique entre les sexes et placer le travail de soins au centre de nos efforts. En Tunisie, et en particulier au Sud, le Pnud a adopté une approche intégrée en ce qui concerne la lutte contre les inégalités de genre qui contribue à la création d'un environnement propice pour élargir les choix des femmes et leur accès aux opportunités et à leurs droits. Les projets d'entrepreneuriat sont complémentés par des initiatives pour renforcer la sécurité (police de proximité), la justice et l'accès aux droits, la cohésion sociale, la lutte contre la violence économique faite aux femmes.
Avez-vous pensé à des sessions de formation pour accompagner ces femmes, afin de faciliter leur intégration sur le marché du travail ?
Plusieurs sessions de formation ont été réalisées dans ce sens ; par exemple, cette année, des artisanes dans la région cible du sud ont été formées sur le design de produits, le marketing digital, le-e-commerce et la communication en vue de renforcer leur résilience face à la crise du covid-19. Ces formations ont permis de donner aux artisanes de nouveaux outils pour développer leurs marchés et produits et, ainsi, améliorer leurs ventes en cette période de crise. Ainsi que des formations des femmes entrepreneures aux stades de création et de post-création de projets et en inclusion financière ont été répliquées.
Selon vous, le Sud tunisien reste une région où le taux de chômage est élevé…
Les derniers chiffres, désagrégés par gouvernorat datant de 2019 (INS), montrent, en effet, que le Sud-Est et le Sud-Ouest avaient un taux de chômage respectivement de 22.2% et de 24.8% lorsque la moyenne nationale était à 15.3%
Cette inégalité économique se reflète également par une inégalité de développement des territoires. Ainsi, les gouvernorats de Tataouine, Kébili, Tozeur et Gafsa comptent parmi les moins développés selon l'indicateur de développement régional, développé par l'Institut de compétitivité et d'économie quantitative, au même titre que l'ensemble des gouvernorats de l'Ouest. Cet indicateur composite et multidimensionnel se base sur l'emploi, mais également sur des variables, telles que les commodités de vie, les aspects sociaux et le capital humain.
Il est essentiel que la Tunisie parvienne à combler ces disparités régionales et à s'engager vers un développement et une croissance économique inclusive qui ne laisse personne pour compte.
Quel est l'engagement du Pnud d'ici 2030
en Tunisie ?
L'objectif principal du Pnud d'ici 2030 est d'appuyer la Tunisie pour qu'elle atteigne les Objectif de développement durable (ODD) pour lesquels elle s'est engagée. Pour ce faire, le Pnud s'est engagé dans la réalisation d'un Programme pays avec une première échéance fixée à 2025. Le programme s'articule autour des axes suivants : appuyer les institutions à mener des politiques publiques efficaces pour un développement socioéconomique inclusif, durable et résistant. Pour ce faire, une place importante sera accordée à la collaboration avec le secteur privé qui doit être un acteur essentiel dans l'atteinte des ODD. Consolider la transparence des institutions en vue de renforcer l'Etat de droit, la protection des droits humains et la paix sociale, en particulier pour les plus vulnérables. Le Pnud continuera à soutenir l'Etat de droit et la consolidation de la démocratie qui garantiront l'inclusion des groupes vulnérables, des jeunes et des femmes selon les normes internationales de gouvernance inclusive, de responsabilisation et de transparence. Assurer une gestion équitable, transparente et durable des ressources naturelles, des écosystèmes et des territoires, en améliorant leur capacité d'adaptation et de résilience ainsi que celle des populations en proie aux crises et aux risques climatiques. Le Pnud continuera à soutenir la gouvernance environnementale et le développement vert à faible émission de carbone afin d'améliorer la résilience des communautés en atténuant les facteurs de vulnérabilité.
Il y a évidemment des connexions et des complémentarités entre ces domaines qui comptent contribuer au renforcement de la confiance de la population dans les institutions et dans les communautés et renforcer la résilience et l'équité.
Propos recueillis par Sabrine AHMED


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