Autant la force de la championne tunisienne réside dans l'effort et l'équilibre, autant elle fonctionne à l'affectif, mais avec la rigueur du résultat... On a tous notre petite idée sur le sport individuel, sur les aptitudes et les faiblesses des sportifs de tout bord. Bien sûr, tout cela en fonction de l'importance du succès et de la frustration de l'échec. Mais la réussite de Safaâ Saidani, qui s'est brillamment qualifiée aux Jeux olympiques de Rio, est une jolie piste de réflexion. Beaucoup plus que la manière avec laquelle elle a été obtenue, elle fait bouger les lignes du tennis de table et lui permet ainsi d'accéder à un palier supérieur, rarement atteint jusque-là. La notion de l'accomplissement n'a de sens que dans le devoir de performance. Dans l'absolu, les résultats ont tendance à refléter les confirmations. Mais si l'on croit aux traditions et aux habitudes, le tennis de table n'a que très rarement connu de champions de la trempe de Safaâ Saidani. Une joueuse dont le parcours échappe à toute logique. On sentait déjà son envie pour aller loin. On la voyait capable de tout faire pour y arriver. Autant sa force réside dans la sagesse et l'équilibre, autant elle fonctionne à l'affectif, mais avec la rigueur du résultat. La qualification, qu'elle vient de signer à Khartoum, au Soudan, dès le stade des demi-finales des éliminatoires des Jeux olympiques ne relève pas seulement de bons sentiments, c'est aussi une notion exigeante, combative pour l'athlète tunisienne qui s'est donnée ainsi le devoir de se comporter dignement et majestueusement. Safaâ Saidani a réussi chaque fois à redistribuer les cartes en fonction des adversaires qu'elle avait affrontés à tour de rôle, mais également en se donnant aussi le plaisir de s'épanouir et d'étendre au maximum tout son savoir-faire. Mais ici et là, les approches étaient presque les mêmes. Tant de promesses et de manœuvres. Et voici la pongiste tunisienne recomposée et ressuscitée. C'est l'occasion aussi de dire qu'elle n'a jamais oublié la passion qui remue et secoue les joueurs dans les grands rendez-vous. La motivation, la volonté, la détermination et l'application représentent aussi la vitalité d'une joueuse dont l'étonnante richesse se retrouve dans tous ces beaux ressentiments. Pas la peine de parler d'autres ingrédients de réussite pour se plonger au cœur d'une athlète plus que jamais métamorphosée . Il fallait faire le pari de jouer, d'attaquer, de ne pas ‘'respecter'' les adversaires. Ne pas vivre sur un statut de joueuse défensive, attendant ses adversaires pour pouvoir réagir. Enfin, ne pas jouer pour jouer. Plutôt, jouer pour gagner. Ce qui paraît encore plus certain, c'est qu'on sent le tennis de table revivre, que beaucoup de pongistes respirent pleinement le sport, qu'ils s'accomplissent pleinement et qu'ils ne cessent de se lancer dans des défis diversifiés. Tout cela n'est pas une découverte. C'est une juste confirmation. Du côté de la sélection, on semble aujourd'hui dépasser le stade des promesses. L'espoir est plus que jamais consolidé, de vraies valeurs consacrées et de nouvelles structures instaurées. Les exigences du haut niveau Safaâ Saidani est le porte-drapeau de pongistes qui n'hésitent pas à se revendiquer dans la peau de véritables champions. Ce qu'il y a de beau dans tout ce qu'elle ne cesse de réaliser, c'est qu'une fois réhabilitée à sa juste valeur, elle devient capable d'aller au-delà de ce qu'on peut imaginer. Sa qualification aux Jeux olympiques en est la parfaite illustration... Pour atteindre un pareil exploit, Safaâ Saidani a dû forcément déployer de grands efforts pour s'adapter aux exigences du haut niveau. Tout semble évoluer aujourd'hui à la vitesse du vent, et elle découvre de plus en plus sa nature profonde au fil des échéances. Il faut dire que du côté de la fédération, il y a toute une mobilisation tournée vers la promotion de ce sport et la défense de ses valeurs. On n'hésite pas, en dépit du manque de moyen et de ressources, à impulser une nouvelle dynamique, faite surtout d'idées et de développement de tout un projet à court et à long terme. Safaâ Saidani gagne du temps. Elle ne l'ignore pas. Cette qualification la rendra sans doute plus forte. Mais surtout plus exigeante vis-à-vis d'elle-même. La même contrainte concerne aussi Adam Hmam qui a raté de peu sa qualification aux Jeux olympiques en dépit de la bonne prestation qu'il avait fournie lors de ces mêmes éliminatoires. Le parcours du pongiste tunisien s'est arrêté au stade des demi-finales. Battu sur un score étriqué par le Congolais Saka Suraji (3-4), il a laissé quand même de bonnes impressions et devrait retenir les leçons d'une élimination frustrante...