Les citoyens et les membres de la société civile en ont ras-le-bol Une immense chaîne humaine s'est constituée, hier, sur plus d'un kilomètre le long du littoral de la banlieue sud. De Radès à Ezzahra, en passant par Hammam-Lif, Hammam-Chott et Mégrine, des milliers de citoyens et de bénévoles de la société ont répondu spontanément à l'appel pour dénoncer et dire non à la pollution des plages des cités de la banlieue sud dans lesquelles les habitants et les estivants ne peuvent plus se baigner car elles sont polluées et impropres. Pourtant, à l'époque où Ezzahra s'appelait Saint-Germain, la plage de cette coquette ville de la banlieue sud attirait l'été les vacanciers qui aimaient se baigner dans ses eaux transparentes et turquoises. Aujourd'hui, les plages de cette zone du Grand-Tunis sont polluées à un point tel qu'il n'est plus possible de s'y baigner. Les habitants et la société civile accusent aujourd'hui l'Onas d'être le principal responsable de la dégradation environnementale du littoral de la banlieue sud. Les eaux usées terminent leur trajectoire dans la mer La pollution à l'origine de la détérioration de la qualité des eaux de mer résulterait principalement du dysfonctionnement du réseau de l'Onas. Le traitement des eaux usées ne s'opère pas correctement au niveau des stations d'épuration. Non épurées et charriées par les cours d'eau (il existe cinq affluents dans la banlieue sud), elles se déversent directement dans la mer, entraînant dans leur sillage les gravats provenant des constructions anarchiques et autres résidus et détritus qui se sont accumulés dans le lit des oueds. «La détérioration de l'environnement dans la banlieue sud et la pollution des plages est la résultante de plusieurs facteurs, explique Heykel Khomssi, président de l'association de Mégrine pour l'innovation et la sauvegarde. Les problèmes ont commencé il y a plus de trente années lorsque le ministère de l'Equipement a construit des digues pour protéger les villes et le littoral de l'avancée de la mer. Finalement, le contraire s'est produit. Par ailleurs, la forte croissance urbaine, qui s'est traduite par une augmentation des constructions anarchiques, a contribué à accélérer la dégradation de l'environnement et du littoral. Aujourd'hui, le problème se pose surtout au niveau des stations d'épuration des eaux usées. Celles-ci assurent le traitement des eaux usées et pluviales provenant du réseau d'assainissement de l'Onas. Le fait qu'elles opèrent au-delà de leur capacité affecte négativement leur rendement et se traduit par un mauvais traitement des eaux usées qui ne se fait pas dans les normes. Non traitées et polluées, celles-ci terminent leur trajectoire dans la mer. Nous n'avons rien contre l'Onas. Le message des citoyens et de la société civile est clair. Nous ne voulons plus que les eaux provenant des stations d'épuration de l'Onas polluent les plages de la banlieue sud». Le président de l'Association de Mégrine pour l'innovation et la sauvegarde se montre optimiste. La dépollution des plages de la banlieue sud, envisageable à moyen et à long terme, selon lui, passe par la mise en place d'un nouveau plan d'aménagement urbain, l'installation de stations d'épuration dans les usines des zones industrielles des gouvernorats de Zaghouan et de Ben Arous qui déversent leurs eaux usées dans l'oued Meliane et le curage périodique des lits d'oued des gouvernorats de la banlieue sud.