Douze points noirs identifiés, impropres à la baignade Où se baigner sans craindre d'attraper un germe ou un virus à cause d'une eau de baignade très polluée? La réponse, il faut la chercher du côté de la classification établie cette année par le ministère de la Santé. En application des directives de l'OMS sur la classification des plages suivant leur degré de pollution, la direction de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement a procédé à l'analyse de 577 points de baignade au cours des saisons hivernale et estivale. Afin d'évaluer le degré de pollution des eaux de baignade sur l'ensemble du territoire — la Tunisie compte 1.300 km de côtes —, des équipes de techniciens ont prélevé des échantillons qu'ils ont analysés sur la base des recommandations de l'OMS. Deux critères principaux doivent être pris en compte: la réalisation d'une enquête environnementale afin d'évaluer la sensibilité de l'eau de baignade à la pollution environnante et l'identification des sources de pollution de l'eau de baignade analysée. «L'analyse microbiologique des eaux de baignade s'inscrit dans le cadre du programme national de prévention des maladies hydriques, a observé M. Mohamed Rabhi, responsable de la direction de l'hygiène du milieu et de la protection de l'environnement. Une des composantes de ce programme concerne le contrôle des plages, afin de déterminer si elles sont propres ou non à la baignade. Les analyses effectuées nous permettent d'identifier la ou les sources de pollution ainsi que les germes présents dans les eaux de baignade ». La direction a installé un logiciel, qui a permis, à partir des prélèvements et des analyses effectués, de procéder à une classification des plages selon qu'elles sont très bonnes (pas de source de pollution), bonnes, assez bonnes, à suivre, médiocres ou très médiocres. Selon la classification qui a été effectuée cette année, 63% des plages tunisiennes sont très bonnes, 15% sont bonnes et 2% sont assez bonnes. «80% des plages sont propres à la baignade, a relevé M. Mohamed Rabhi. Il y a de très bonnes plages à Bizerte, Sousse, Nabeul, Mahdia, Béja, Jendouba et Médenine». Par contre, 14% des plages doivent être contrôlées, 4% sont médiocres (polluées) et 2% sont très médiocres (très polluées) et impropres à la baignade. Le ministère de la Santé a identifié douze points noirs, en l'occurrence le canal el Khlij et la plage d'el Hafiène à Raoued ainsi que deux points à Ben Arous (Msab miizet et oued Belkhamsa), deux points à Ezzahra et Hammam-Lif, trois points à Bizerte (Menzel Jmil, Marsa Essayaddine et El Aïn el Kbira) et deux points à Sousse (Oued Halouf et Oued Hamdoun). Polluées par des eaux usées non traitées et des déchets ménagers solides, ces eaux de baignade peuvent présenter des risques pour la santé des nageurs. «Se baigner dans une mer polluée comporte des risques. Les germes pathogènes véhiculés par les déchets de toutes sortes et les eaux usées peuvent provoquer des réactions allergiques et des intoxications chez les baigneurs», a relevé le responsable. A l'Agence nationale de protection de l'environnement, un service est chargé d'assurer le contrôle de la pollution en milieu marin causée par des rejets de plusieurs sortes. En effet, l'augmentation de la pollution en milieu urbain est à l'origine indirectement de la pollution marine. Dans les zones côtières, les eaux pluviales se déversent directement dans la mer. Or, elles charrient sur leur passage les déchets et les détritus de toutes sortes qui s'accumulent sur les trottoirs et les chaussées. Dans les zones intérieures, les déchets sont véhiculés par les eaux pluviales drainées dans les conduites aménagées pour les eaux pluviales. Au sud, dans les régions de Sfax et de Gabès, les déchets industriels sont les principaux responsables de la pollution marine. Les tonnes de phosphogypse déversées quotidiennement dans la mer ont fini par détruire la flore marine, étouffant la végétation et entraînant une désertification progressive du milieu marin. Des stations de traitement ont bien été aménagées pour traiter ce type de déchets. Mais sous-dimensionnées pour certaines, elles rejettent une partie de ces déchets directement dans la mer. «Il faut savoir que nous respectons rigoureusement les législations internationales et nationales en matière de protection du milieu marin de la pollution, a observé un cadre de l'Anpe. Nous avons, au niveau de l'agence, 24 experts chargés de contrôler la pollution du milieu marin. La Tunisie est dotée de tous les équipements et de la technologie nécessaire pour protéger le milieu marin de la pollution. C'est une question que nous suivons de très près».