Par Amor NEKHILI L'hypothèse de la nomination en 2017 d'une femme au poste de Secrétaire générale de l'ONU, en remplacement de Ban Ki-moon, dont le mandat prend fin cette année, et à laquelle bon nombre d'Etats y souscrivent, pose ici la question de la place que tiennent les femmes dans les relations internationales, et plus exactement dans la diplomatie Dès son arrivée aux commandes de l'ONU en 1997, Kofi Annan estimait qu'il était juste et nécessaire que les femmes prennent part aux instances internationales de prise de décisions. Il crée, le 19 décembre 1997 dans le cadre des réformes de l'Organisation, et pour la première fois de l'histoire des Nations unies, un poste de vice-secrétaire général, à la tête duquel il nomme la diplomate canadienne Louise Fréchette, qui occupera la fonction de mars 1998 à mars 2006. Mais, soyons justes, ce sont les Américains qui ont montré les premiers la voie. Aux Etats-Unis, la guerre froide est passée depuis un moment lorsque la toute première femme est choisie au poste de secrétaire d'Etat entre 1997 et 2001 sous le second mandat du président Bill Clinton. Il s'agit de Madeleine Albright, une immigrée tchèque, d'abord ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies de 1993 à 1997. Elle s'est rendue célèbre par les décisions qu'elle a prises dans le conflit des Balkans et la guerre du Kosovo. Après la fin du mandat de Bill Clinton en janvier 2001, elle fut approchée par le président tchèque Václav Havel pour prendre sa succession à la présidence de la République tchèque, proposition qu'elle déclina. En lui succédant à la même position de 2009 à 2013, Hillary Clinton a pour sa part joué un rôle important dans la diplomatie internationale. En octobre 2012, elle annonce son intention de quitter ses fonctions à la tête du département d'Etat au terme du mandat présidentiel de Barack Obama. Hillary Clinton annonce officiellement sa candidature à la primaire présidentielle démocrate le 12 avril 2015, par le biais d'un clip posté sur Internet. Les sondages montrent alors qu'elle doit facilement remporter la primaire et qu'elle l'emporterait sur la plupart de ses opposants républicains. Bien d'autres femmes prendront une part importante dans la politique étrangère US. On ne peut oublier la tonitruante afro-américaine Conldoeza Rice, qui a été secrétaire d'Etat de janvier 2005 à janvier 2009 sous l'administration de George W. Bush. Elle fut classée en 2004 et 2005 comme la femme la plus puissante du monde par le magazine Forbes. D'autres femmes se retrouvent dans ce même schéma ailleurs. En Europe, les femmes ne sont pas exclues des principaux organes de l'Union européenne. Le 19 novembre 2009, Catherine Ashton est désignée par le Conseil de l'Union européenne à la tête de la diplomatie européenne en tant que haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Le 30 août 2014, elle sera remplacée à ce poste par une autre femme politique italienne, Federica Mogherini. Depuis octobre 2014, la Suède a aussi sa ministre des Affaires étrangères, Margot Wallström, diplomate militante, laquelle prône dès sa nomination une "politique étrangère féministe". La ministre a également été la première représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU chargé de la violence sexuelle et les conflits. Dès son arrivée au ministère des Affaires étrangères, en octobre, elle a reconnu la Palestine. Mais la Suède a compté parmi ses femmes politiques une grande dame, Annan Lindh, ministre des Affaires étrangères depuis 1998, morte assassinée le 10 septembre 2003. Comme ministre des Affaires étrangères, elle a contribué à une plus grande présence de la Suède sur la scène internationale. Elle a notamment soutenu le oui au référendum pour l'euro du 14 septembre 2003 (qui a eu lieu 4 jours après son assassinat et a vu la victoire du « non »), et s'est prononcée contre l'intervention américaine en Irak de 2003. La Suisse, quant à elle, n'est pas en reste. Elle nomme une femme, Micheline Calmy-Rey, à le tête du Département fédéral des affaires étrangères de 2003 à 2011. Micheline Calmy-Rey s'est illustrée par sa position sur les rapports entre la Suisse et l'Union européenne élargie. Enfin, pour ce qui est de la place des femmes dans la diplomatie arabe, elle est bien maigre. On peut quand même citer le parcours de deux femmes qui ont marqué de leur présence aux Nations unies. Il s'agit tout d'abord de la Saoudienne Thoraya Ahmed Obaid, qui a occupé la fonction de directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) et secrétaire générale adjointe des Nations unies de 2001 à 2010 Thoraya Ahmed Obaid a été nommée directrice exécutive de l'Unfpa le 1er janvier 2001, devenant ainsi la première ressortissante arabe à diriger un organisme central des Nations unies. Elle a dirigé l'Unfpa jusqu'en 2010. Enfin, Rima Khalaf, qui a occupé, à Beyrouth, le poste de secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (Cesao), au rang de secrétaire générale adjointe. Rima Khalaf a apporté à cette fonction une profonde passion et une connaissance approfondie de la région, de ses défis et opportunités, de même qu'une vaste expérience aux Nations unies à des niveaux décisionnels très élevés en matière de politique, ainsi que les compétences de gestion nécessaires pour diriger une organisation aussi complexe que la Cesao. Si on peut se réjouir de cette présence de femmes arabes à un haut niveau de la diplomatie internationale, il semble, au vu du faible nombre, que l'on puisse aussi s'en inquiéter, surtout quand on sait, vieux machisme aidant, combien il est difficile pour elles de se frayer un chemin et accéder à des postes de hautes responsabilités.