La relance d'une convention de partenariat entre l'Anpe et la direction générale de l'enfance. «Si vous voulez cultiver pour une année, semez du riz. Si vous voulez cultiver pour quelques années, plantez des arbres fruitiers. Si vous voulez cultiver pour cent ans : éduquez une génération». C'est en citant ce proverbe chinois, haut en significations, que M. Faouzi Maâmouri, représentant du Fonds mondial pour la nature et modérateur de la séance plénière de la conférence sur l'éducation environnementale, organisée, jeudi dernier à Tunis, a plaidé pour la cause écologique dans un contexte à dominante agressive, polluante et anti-écologique. La rencontre a été organisée, conjointement, par l'Agence nationale de protection de l'environnement, relevant du ministère de l'Environnement et du Développement durable et le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance. Elle représente le point de relance du partenariat entre l'Anpe et la direction générale de l'enfance. Il s'agit de l'entrée en vigueur de la convention de partenariat signée le 13 novembre 2015, entre le ministère de l'Environnement et du Développement durable et le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance. Cette convention a pour principal objectif de mieux conjuguer les efforts des deux parties en vue de promouvoir l'éducation environnementale et inculquer auprès des jeunes générations le sens du respect de l'environnement et de la nature. Investir dans l'éducation environnementale M. Salah Lahsini, directeur général de l'Anpe, considère que la rencontre représente un premier pas franchi vers la mise en application de ladite convention, dans l'espoir de planifier d'autres projets de collaboration bilatérale et multipartite avec d'autres institutions dont le ministère de la Culture et le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il a rappelé que le droit à un environnement sain et au développement durable constitue un droit citoyen. Toutefois, et vu les lourdes atteintes perpétrées sur l'environnement et les défaillances cumulées des décennies durant, entravant la concrétisation des principes du développement durable, notamment la composante écologique, sociale, économique et culturelle, l'état des lieux national est, hélas, non conforme au développement durable, écologique et équitable. «D'où l'impératif d'investir dans l'éducation environnementale afin d'être certain de pouvoir ainsi changer les choses pour le mieux. Il s'agit d'un investissement nécessaire et rentable car susceptible de combler les lacunes cumulées, faute d'une politique clairvoyante. L'enfant d'aujourd'hui est le citoyen de demain. Son comportement environnemental serait le résultat d'une éducation que l'on veut environnementale», a-t-il expliqué. Il a évoqué, en outre, l'enjeu à la fois économique et environnemental. Il est, à son avis, grand temps pour l'économie tunisienne d'orienter la consommation et la production vers des techniques écologiques, respectant l'environnement et luttant efficacement contre la surproduction de la pollution et des déchets. Une production qui permettrait aussi de mieux maîtriser les richesses naturelles. Il a rappelé, par ailleurs, que le partenariat entre l'Anpe et la direction générale de l'enfance ne date pas d'aujourd'hui, et que l'agence est partante pour un partenariat plus efficient car plus méthodique. Il a saisi l'occasion pour inciter les parties concernées à multiplier les conventions de partenariat dans ce sens et à créer ainsi un réseautage à même de servir une question qu'il juge prioritaire et stratégique. De son côté, Mme Faouzia Jabeur, directrice générale de l'enfance auprès du ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, a indiqué qu'il convient désormais d'œuvrer ensemble afin d'asseoir les jalons d'une éducation environnementale tant requise. Elle a noté qu'il serait intéressant de réactiver moult conventions signées avec l'Anpe, notamment la convention sur la gestion des déchets et celle sur la protection des énergies. «L'essentiel, c'est que le travail bilatéral obéisse à des plans clairs et applicables, au cœur desquels l'enfant sera le pivot central», a-t-elle conclu. Savoir apprendre des fautes passées M. Hatem Zamouri, directeur adjoint, chargé de la sensibilisation et de l'éducation environnementale à l'Anpe, a passé en revue une historique riche en activités environnementales et en sessions de formation concoctées par l'agence en faveur des cadres de l'enfance. Des activités et des programmes qui avaient démarré en 1994 et qui se sont poursuivis, non sans ralentissement pour finir hélas par s'émousser. Le responsable a saisi l'occasion pour mettre le doigt sur les lacunes partagées entre les deux partenaires afin de les combler et d'éviter qu'elles ne se perpétuent. Parmi les lacunes cernées, il a évoqué l'absence d'une commission de suivi desdits programmes, l'absence aussi d'un financement fiable et durable des stages écologiques mis jadis à la disposition des cadres de l'enfance. Il a, également, souligné la réticence des établissements de l'encadrement et de l'éducation infantiles relevant du secteur étatique quant à la participation et à la promotion des actions sur l'éducation environnementale. Manifestement, à défaut d'une volonté confirmée d'aller de l'avant, bien des programmes sont tombés à l'eau. «Le festival national écologique de Zaghouan était une véritable dynamo de la culture environnementale destinée à l'enfance. Ce festival est passé à l'oubli. D'autant plus que les programmes pédagogiques ne traitent pas assez des thèmes environnementaux et ne contribuent donc pas à la diffusion de la culture environnementale auprès des jeunes générations», a-t-il souligné. Et d'ajouter que le rôle des inspecteurs des espaces pour enfants devrait aussi servir la cause environnementale. Réagissant à cette réalité, M. Lotfi Belaâzi, responsable à la direction générale de l'enfance, a appelé à la mise en place d'une stratégie nationale claire et opérationnelle, à même de définir les axes de travail de chaque partie.