La visite attendue du Président algérien en Tunisie survient, selon les observateurs, dans un contexte marqué par les tentatives d'ingérence dans les affaires intérieures et de déstabilisation des deux pays. Ils ont livré la même bataille contre l'occupant français qui n'a pas hésité, le 8 février 1958, à larguer ses bombes sur le village frontalier de Sakiet Sidi Youssef, gouvernorat du Kef. Le bilan était très lourd, avec plus de 80 morts et plus d'une centaine de blessés, dont notamment des enfants. Le sang des Tunisiens s'est mêlé à celui des Algériens, scellant à jamais l'amitié entre les deux peuples. Ces derniers mois, le Président algérien a multiplié les messages de solidarité à l'égard de la Tunisie et a été le premier à féliciter son homologue tunisien pour la formation du nouveau gouvernement. «Ce qui touche la Tunisie nous touche aussi» Si le Président algérien n'hésite pas à rappeler, lors de ses sorties médiatiques, que «la sécurité de son pays et celle de la Tunisie sont intimement liées», c'est que les deux pays font face aujourd'hui aux mêmes défis et aux mêmes menaces sur fond de tentatives d'ingérence qui ne dit jamais son nom. «Ce qui touche la Tunisie nous touche aussi. Quiconque menace sa sécurité nous trouvera à l'affût», a déclaré dimanche dernier Abdelmajid Tebboun, le Président de la République Algérienne, à l'occasion d'une rencontre avec des représentants de la presse algérienne. Il a affirmé à la même occasion que «l'Algérie ne tolérera aucune pression sur la Tunisie par des parties étrangères», rappelant à cet effet l'élan de solidarité envers notre pays dans les pires moments de la propagation de la pandémie. En juillet dernier, l'Algérie avait annoncé un don, en guise de solidarité avec notre pays, de 20 tonnes de matériel médical et 250 mille doses de vaccin anti-Covid, ainsi que plusieurs camions d'oxygène. Du côté de la majorité des politiques tunisiens et au sein de l'ARP dissoute, le temps n'était pas à la solidarité, mais plutôt à la politique politicienne qui n'a contribué qu'à leur isolement et à la démoralisation du peuple. Visite attendue du Président algérien Lors de sa campagne électorale, Kaïs Saïed avait promis que l'Algérie serait sa première escale étrangère. Il a tenu sa promesse. En février 2020, il effectue une visite d'Etat à ce pays voisin pour discuter de la coopération bilatérale et des questions internationales et régionales, notamment les deux dossiers, libyen et palestinien. Il va sans dire que la coopération en matière de sécurité, notamment la lutte contre le terrorisme était au menu de cette visite. Pour rappel, la coopération entre les services d'intelligence des deux pays a toujours porté ses fruits dans le cadre de la poursuite des groupes jihadistes terroristes très actifs à proximité de la frontière des deux pays (du côté du Centre-Ouest de la Tunisie). Pour sa part, le Président algérien se rendra à Tunis dans les prochains jours. Les préparatifs en prévision de cette visite ont été au centre de la rencontre tenue en septembre dernier entre le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l'Etranger, Othman Jarandi, et l'ambassadeur d'Algérie à Tunis, Azouz Balaal. Les grands axes de la visite ont été déjà abordés, à savoir le développement du cadre juridique régissant la coopération bilatérale et la promotion des projets économiques, sans oublier le renforcement des concertations sur les sujets régionaux et internationaux d'intérêt commun, notamment le dossier libyen. La Tunisie et l'Algérie font face aujourd'hui à des tentatives de déstabilisation sur fond d'ingérence dans leurs affaires internes. Les condamnations des deux pays à l'encontre de ces tentatives ne se sont pas fait attendre. Du côté tunisien, le ministère des Affaires étrangères a condamné dimanche l'invitation lancée par certains partis et personnalités politiques à des parties étrangères pour s'ingérer dans les affaires du pays. La partie algérienne vient d'annoncer de son côté la mise en échec d'un «complot visant à compromettre la sécurité et l'unité nationales, avec la complicité de partis internes d'obédience séparatiste» (selon la télévision algérienne). Cela ne fait que confirmer les graves menaces de déstabilisation qui planent aujourd'hui sur les deux pays, en dépit des «déclarations de bonnes intentions» des dirigeants de l'autre rive de la Méditerranée. L'Union du Maghreb arabe (UMA) n'étant plus qu'une illusion.