Deux morts à Thala, inondations, voitures emportées par les eaux, maisons remplies d'eaux pluviales, métros et moyens de transport paralysés, panique et appels à l'aide, les mêmes images se reproduisent malheureusement avec les fortes précipitations qui marquent les intempéries de l'automne. Si ces pluies, tant attendues, sont certainement bénéfiques suite aux longues périodes de sécheresse, les Tunisiens payent le prix cher d'une infrastructure défaillante et incapable de faire face aux fortes précipitations dans un court laps de temps. Chaque année, à compter du mois de septembre ou octobre, c'est comme une impression de déjà-vu : en quelques minutes, les pluies torrentielles provoquent la panique. C'est dans la soirée du samedi que la situation météorologique a eu l'effet de surprise en dépit des alertes météo et de plusieurs avertissements de l'Institut national de la météorologie, lancés depuis jeudi dernier. Ce sont les régions de l'extrême nord et du nord-est dont notamment Bizerte et le Grand-Tunis, mais aussi Nabeul qui ont été lourdement affectées par ces pluies diluviennes ayant transformé le quotidien des Tunisiens en calvaire. Progressivement durant le week-end, les intempéries ont également concerné les régions du nord-ouest et du centre-ouest causant malheureusement des dégâts humains. Dans la délégation de Thala, gouvernorat de Kasserine, un véhicule transportant deux jeunes, âgés de 20 et 27 ans, a été emporté samedi soir par les eaux au niveau de oued Ayoun-Homr, dans la localité de Boulahnech. Selon la Protection civile, les corps des deux victimes ont été repêchés après plusieurs heures de recherche. Dans le Grand-Tunis, les mêmes images que nous observons chaque année se sont reproduites notamment dans certains quartiers au Bardo, à Sidi Hassine, Melassine, Zahrouni et autres. Les unités de la Protection civile ont dû intervenir d'urgence au vu des innombrables appels à l'aide lancés par des citoyens dont les maisons ont été submergées par les eaux et face aux risques d'électrocution. Un contexte de catastrophe naturelle Suite à cette chute abondante de pluies, dans certaines zones, les images renvoient à un véritable contexte de catastrophe naturelle : routes coupées, moyens de transport interrompus, citoyens en détresse, effondrement d'infrastructure, voitures emportées par les eaux, c'est ainsi que se résume la situation, marquant de nouvelles scènes douloureuses dont les citoyens sont les premières victimes. Les moyens de transport publics ont été également affectés par cette situation pour certains catastrophique. La Société des transports de Tunis (Transtu) a mobilisé, depuis hier, ses bus pour assurer le transport des passagers de la capitale vers les banlieues, suite à l'arrêt de la circulation sur toutes les lignes du métro-léger. La société a expliqué, dans un communiqué, que les fortes pluies enregistrées durant les dernières 24 heures au Grand-Tunis ont causé l'arrêt du trafic du métro-léger, relevant que la circulation à bord des trains et sur les lignes de bus se poursuivra normalement. Les conducteurs pourraient, cependant, effectuer un changement exceptionnel des trajets, sur les lignes de bus, selon l'état des routes, prévient la Transtu. Pas que les moyens de transport et les lignes des trains et métros, la circulation routière a été considérablement touchée par cette situation météorologique très délicate, annoncée pourtant par les services de l'Institut national de la météorologie (INM). Ce sont certaines routes de la capitale Tunis et des autres villes du Grand-Tunis qui ont été bloquées par les eaux pluviales, des automobilistes ont été contraints de rebrousser chemin. Les eaux de pluie, dont le cumul a atteint 100 mm dans certains quartiers, ont également pénétré dans des maisons, des citoyens étaient dans l'incapacité de répondre à la situation par leurs propres moyens. La protection civile mobilisée La Protection civile a annoncé que ses équipes étaient mobilisées sur tous les fronts et notamment dans le Grand-Tunis et Bizerte où elles ont contribué au pompage des eaux ayant piégé les maisons. On annonce également que des hommes grenouilles ont été mis à contribution, pour dégager une voiture qui avait été piégée par la montée des eaux au niveau du tunnel de Bab Souika. Un autre véhicule a, de même, été extrait de l'autre bout du même tunnel, selon la même source. Sur les réseaux sociaux, les images et vidéos étaient spectaculaires, témoignant d'une véritable situation catastrophique dans certains quartiers. Des véhicules renversés, des habitants sinistrés, tout renvoie à des scènes désolantes. Au vu de cette situation délicate et aux risques d'électrocution, la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) a, pour sa part, appelé tous les citoyens à faire preuve de vigilance et à ne pas s'approcher des poteaux, câbles et transformateurs électriques pour éviter des accidents, vu les précipitations, qui peuvent causer des dégâts sur les réseaux d'électricité et de gaz. La Steg a appelé, dans ce sens, les citoyens à contacter ses services pour déposer les déclarations d'accident, les réclamations de pannes sur le réseau d'électricité ou la fuite de gaz, afin de mobiliser des équipes techniques pour éviter tout danger. L'importance d'agir ! L'infrastructure a encore une fois lâché. Incapable de faire face aux abondantes chutes de pluies dans un court laps de temps, les routes, les quartiers, les maisons, les écoles et même les établissements publics se trouvent, avec les premières gouttelettes de pluies, isolés. S'il y a aujourd'hui une urgence qui s'impose, c'est certainement la remise en état de l'infrastructure de la capitale et des autres grandes villes du pays, devenue un cauchemar pour les citoyens. Si les inondations sont de plus en plus récurrentes, le pays reste peu préparé à les affronter. En dépit de plusieurs projets annoncés depuis plusieurs années comme celui de la protection du Grand-Tunis des inondations, la situation est toujours la même, aucune avancée n'a été enregistrée. Les vagues d'urbanisation successives et l'apparition de quartiers spontanés non-réglementaires depuis des décennies, des maisons sont même construites au niveau des oueds, ont accentué, certes, les risques des inondations, mais l'Etat doit certainement négocier avec l'actuel état du paysage urbain.