Alors que la ferveur autour du CA a peut-être pu effrayer certains de ses prédécesseurs, Youssef Elmi la voit comme une composante de la culture clubiste. Le président du CA place ainsi le club de Bab Jedid sur un planisphère à côté de ceux qui conçoivent le club « rouge et blanc » comme un creuset fiévreux animé par la passion et la pyro-technicité des fans sur les travées d'un stade qui nous a forcément manqué ces dernières années. Le CA, c'est l'enthousiasme, l'ivresse et la fièvre autour d'un club qui fascine, concentre et polarise encore et toujours l'attachement autour d'une institution centenaire. Pas un hasard, donc, si le président du CA n'arrive pas à se détacher du vêtement de supporter pour enfiler celui de commandant. Pourquoi ? Car, avec son tempérament volcanique, le personnage serait capable d'entrer en conflit avec un poteau de corner ou de s'émouvoir à terme quand le CA rate le coche. Ne plus gâcher un immense potentiel Cependant, depuis quelque temps déjà, si pour tous les Clubistes, la stagnation du CA est un terrible gâchis, pour le boss de l'association de 1920, dorénavant, le CA n'a plus le droit de plonger ou plutôt de couler. En clair, il faut rompre avec cette manie périodique de se tirer une balle dans le pied, de mettre du plâtre dans l'eau au lieu de mettre le pied à l'étrier. Gâcher un immense potentiel sans voir le bout de son tunnel, voilà ce qui ronge le CA depuis quelques années. Quand on voit la master class d'un certain Chiheb Jebali, cédé à l'OB, alors qu'il est pétri de talents, il y a de quoi se poser des questions. Bref, en l'état, le président du CA retiendra-t-il la leçon ? A-t-il tiré les enseignements d'un échec retentissant que l'on n'est pas près d'oublier (le CA a flirté avec la relégation, un jour) !? Processus de reprise en main et GRH Dans le cadre d'un processus de reprise en main, un CA en marche, comme on pourrait le déterminer, n'a pas le droit de se montrer maladroit comme en atteste la gestion du cas Ghandri (quelle bourde!). Là, sincèrement, les supporters ont subi un large échantillon de ce qu'un club peut infliger à ses inconditionnels ! Sauf que les cas d'insuffisance (pour ne pas être sévère) du bureau ne se résument pas au cas de Nader Ghandri. Wissem Ben Yahia a été mis au banc, Ahmed Khalil a été rayé de la carte et Zouheïr Dhaouadi fut chassé des seniors et contraint à s'entraîner avec la réserve. Tout ça, bien entendu, avec le consentement du head-coach, un timonier qui, récemment, a demandé à Sabo de s'échauffer, à 15 secondes du coup de sifflet final face à l'USM, sans qu'au final, ce dernier ne foule la pelouse. Franchement, en termes de certitudes envers l'un des meilleurs milieux de la Ligue 1, la saison passée, c'est inattendu et même déconcertant de la part de Montassar Louhichi. Ne nous dispersons pas cependant et posons à nouveau le curseur sur le volet propre à l'exécutif. Contrairement à son prédécesseur, Youssef Elmi s'active à maîtriser la communication du club, là où l'échec de Abdessalam Younsi fut entériné en raison de certaines positions et prises de paroles improductives., Younsi pensait accomplir une révolution et concrétiser des promesses qui n'engageaient que lui. Au final, son mandat fut jalonné par des crises chroniques à gérer et un budget à raboter en permanence. Eternel drame donc d'un dirigeant qui pensait pouvoir administrer un club prestigieux seulement comme une PME. Mal lui a en a pris car il fallait au passage prendre toute la mesure d'un club aussi complexe et se poser la question principale, celle qui revient sur toutes les lèvres : pourquoi est-ce qu'un club avec un tel potentiel, qui suscite une telle ferveur, a malgré tout conservé un tel statut sans pour autant l'honorer comme il se doit ? A Youssef Elmi de s'imprégner de cette interprétation, et de faire en sorte qu'à l'avenir, le CA alimente son palmarès plus que la chronique.