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Rachid Ben Daly, Directeur Général des Hydrocarbures au Ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Mines: "Aller vers le système de ciblage et l'application des prix réels de l'énergie"...
selon le responsable, il y a une action sérieuse de mettre en place un régulateur national d'énergie. Avec la montée en puissance des énergies renouvelables, le marché des produits pétroliers prend l'eau. Les objectifs de réduction de l'intensité carbone et d'augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique continueront à impacter le marché des produits pétroliers qui est soumis à un modèle de gouvernance jugé par les experts obsolète, étant donné qu'il a été nstauré dans les années 70. L'administration et le subventionnement des prix des produits pétroliers ont, en effet, engendré des distorsions qui ont, lourdement, impacté la rentabilité non seulement des entreprises de distribution, mais aussi de la Stir qui détient le monopole de l'importation des produits pétroliers. Quel est le modèle de gouvernance adéquat qu'il faut instaurer pour préserver l'équilibre du marché des produits pétroliers ? Faut-il supprimer, dans ce contexte, les subventions à l'énergie ? Avec le déclin des ressources pétrolières et gazières, quelle est l'alternative énergétique sur laquelle peut miser la Tunisie pour s'attaquer de front à une crise qui se pointe à l'horizon? Dans l'optique de donner des éléments de réponse à toutes ces questions, Rachid Ben Daly, directeur général des Hydrocarbures au ministère de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, est intervenu lors de la 6e édition du forum de la gouvernance qui s'est tenue récemment à la Maison de l'entreprise et qui a abordé cette année le thème de la distribution dans le secteur de l'énergie. Il a élucidé de nombreuses questions relatives au secteur de l'énergie. Les statistiques 2020 Dévoilant les statistiques relatives aux produits énergétiques en 2020, Ben Daly a fait savoir que la consommation générale des produits pétroliers a baissé de 10 et de 8% par rapport, respectivement, aux années 2018 et 2019. Cette baisse est imputable à l'apparition et à la propagation de l'épidémie covid-19 ainsi qu'à la prolifération de la contrebande dans le secteur de la distribution des hydrocarbures, a-t-il précisé. En détail, la part du gasoil ordinaire était de 40%, alors que le gasoil sans souffre continue sa percée avec 8% de part de marché. L'essence et le GPL représentent 40% de la consommation des produits pétroliers, répartis à parts égales. Aller vers la levée de la subvention à l'énergie Evoquant le poids de la subvention de l'énergie dans le budget de l'Etat, le responsable du ministère de l'Industrie et de l'Energie a rappelé que le subventionnement de 1 dollar sur le prix du baril, engendre 128 millions de dinars supplémentaires à supporter par la caisse de compensation. En 2021, les estimations tablent sur un montant additionnel de 3 milliards de dinars pour la compensation, et ce, par rapport à ce qui a été prévu par la loi de finances où le budget alloué à la compensation de l'énergie n'était que de 401 millions de dinars, a affirmé Ben Daly. Parmi les produits pétroliers qui sont fortement subventionnés, figure le GPL. "Le citoyen achète la bouteille de 13 kilos à 7 dinars, alors que son prix réel est de 25 dinars. Rien que la subvention bouteilles de gaz engendre un coût additionnel de 800 millions de dinars", a -t-il précisé. Il a ajouté que la question de la subvention de l'énergie est au cœur des discussions avec le FMI, indiquant, à cet égard, que l'orientation consiste à supprimer les subventions généralisées de l'énergie pour aller vers un système de subvention ciblée qui profite aux personnes nécessiteuses. "Il y a une volonté d'aller vers le système de ciblage et l'application des prix réels de l'énergie. Cela veut dire qu'il n'y a plus de nécessité de garder le monopole de la Stir", a-t-il souligné. Changer le modèle de gouvernance Ben Daly a rappelé, dans ce même sillage, que le modèle de gouvernance du secteur des produits pétroliers repose essentiellement sur la Stir qui est "le portail de l'import et par conséquent de la distribution. Elle gère cette subvention pour le compte de l'Etat". Et d'ajouter : "Peut-être que le modèle existant est arrivé à ses limites, peut-être qu'il faut le modifier pour qu'il soit au diapason et à l'écoute du marché". Il a précisé, dans ce contexte, qu'il y a une action sérieuse de mettre en place un régulateur d'énergie conformément aux recommandations. Le panéliste a précisé, en ce sens, que même si la Stir n'est pas rentable dans son exploitation, étant donné que sa capacité de production est de 35.000 barils par jour alors que la capacité de production d'une raffinerie rentable doit dépasser les 100.000 barils, la Société nationale de raffinerie demeure un instrument stratégique pour le pays. Evoquant le problème de la marge bénéficiaire dans le secteur de la distribution, Ben Daly a affirmé que, dans le cas où le système de subvention est maintenu, l'augmentation de la marge devrait être négociée avec la Chambre syndicale des Sociétés de distribution des produits pétroliers pour voir comment satisfaire cette demande d'augmentation et identifier quels sont les acteurs qui vont supporter cette hausse de prix (la caisse de compensation ou le consommateur). De nouvelles orientations Par ailleurs, l'intervenant a souligné que le marché des produits pétroliers sera impacté par les nouvelles orientations de l'Etat en matière de réduction de l'intensité carbone, mais aussi en matière d'augmentation de la part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie. Il a rappelé, dans ce contexte, que l'objectif de la Tunisie est de réduire de 45% son empreinte carbone d'ici 2030 par rapport à l'année de référence 2010 et d'atteindre une part d'électricité de 48% dans la consommation finale d'énergie en 2050. " La combinaison de ces deux objectifs mène à ce que l'électricité ne doit être que d'origine renouvelable », a-t-il affirmé. La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique n'est actuellement que de 4%, alors qu'elle devrait être de 11% en 2022 et devrait atteindre 30% en 2030, a-t-il indiqué. Evoquant le problème du tarissement des gisements gaziers et pétroliers en Tunisie, Ben Daly a fait savoir que selon les prévisions du ministère, le déclin de la production nationale de gaz et de GPL va poser un grand problème qui va toucher, notamment, la Steg. "La production nationale de gaz s'élève à 6 millions de m3 par jour et on consomme 15 millions de m3, on est en train d'importer plus de 66% de notre consommation de gaz. Au cas où il n'y aurait pas de renouvellement de réserves et de découverte de gisements, le gaz sera un grand problème qui va toucher la Steg. Le GPL est un produit localement à hauteur de 20%. Selon nos prévisions, il n'y aura plus de GPL en 2030, en tant que production nationale", a-t-il souligné. Il a fait savoir que dans le contexte tunisien où la réduction de l'empreinte carbone est l'une des conditionnalités environnementales à respecter, il serait plus intéressant d'importer le gaz.