Après l'accouchement, plus vite la mère revient à l'emploi, moins elle perd de salaire puisque, dans notre pays, la mère tunisienne ne perçoit que 67% de son salaire pendant ce congé. La Tunisie a récemment célébré la semaine mondiale d'allaitement maternel pour encourager une pratique qui peine à faire des émules dans le pays puisque selon des données datant de 2018, notre pays affiche un taux d'allaitement maternel exclusif de 13,5 %, soit uparmi les plus bas au monde. C'est bien de faire des campagnes de sensibilisation sur l'allaitement maternel, mais cette équation ne semble pas être facile à résoudre car la femme tunisienne ne dispose que de 30 à 60 jours de congé de maternité. Les femmes de retour plus tôt au travail Depuis près de deux ans, le ministère de la Femme, de la Famille et des Personnes âgées planche sur la mise en place d'un congé prénatal pour la mère, d'une prolongation de son congé postnatal, mais aussi la création d'un congé paternité de deux semaines. Mais ce projet de loi est resté lettre morte et est toujours en stand by. Selon le ministère de tutelle, le seul inconvénient réside dans le coût de ce projet de loi, estimé à 250 millions de dinars, alors que la situation économique et sociale du pays ainsi que celle des caisses sociales ne permettent pas une telle loi. Par ailleurs, la Tunisie est malheureusement positionnée en bas du classement international en comparaison à d'autres pays, à l'instar du Maroc où la femme dispose de trois mois et demi de congé maternité, la France (quatre mois) ou le Royaume-Uni (52 semaines). A cela, on ajoute la pénalité salariale, puisque la mère tunisienne ne perçoit que 67% de son salaire pendant ce congé. Il existe aussi un autre fait scandaleux : notre pays ne reconnaît toujours pas l'importance du rôle du père dans l'accueil d'un enfant. Un seul jour de congé dans le secteur privé et deux jours dans le secteur public, outre le fait que le père n'a pas le droit d'accompagner sa femme lors de l'accouchement. Il l'accompagne jusqu'à la porte du bloc de naissance et la récupère après des heures avec le nouveau-né. Bien que dans les cliniques privées, les papas peuvent y assister. Donc, il est évident que ces deux jours de congé sont insuffisants et n'aideront pas la jeune maman à récupérer de l'accouchement, qui se fait parfois par césarienne, et cette dernière se retrouve rapidement seule à gérer un petit. Il y a des exceptions qui ouvrent la voie à plusieurs questions : lorsque la jeune maman est médecin interne ou résidente, elle n'a pas le droit à un congé de maternité et si elle est chanceuse d'avoir quelques jours ou une semaine, elle est dans l'obligation de refaire toute la durée sans être payée ou elle se trouve obligée de la refaire en fin de cursus. Par ailleurs, pour la femme qui travaille —d'une manière générale—, c'est vraiment malheureux de voir des femmes galérer pour s'occuper de leurs enfants toutes seules : gérer le boulot, les enfants, la maison et surtout le temps. Et donc, cela freine leur carrière professionnelle et renforce les inégalités de genre qui sont déjà très fortes à l'arrivée d'un enfant... Ainsi, la femme, qui souhaite bénéficier de son droit naturel ''être une mère'', se trouve devant des sacrifices difficiles au détriment de sa carrière car s'investir avec une année sans solde ou même deux pour élever un enfant est un choix décisif qui pourrait même bouleverser sa vie avec un contexte économique et social très particulier du fait de la crise sanitaire liée du covid-19. Et dans ce cas, plus vite les femmes reviennent à l'emploi, moins elles perdent de salaire. Mais là encore, ce sont toujours nos enfants qui paient la facture. Pour toutes ces raisons, il faut faire bouger les choses et changer tout le système existant. Cette réforme pourrait profondément changer la société...