Le scrutin de vendredi ne doit pas ressembler à un no man's land sans foi et, surtout, sans loi. C'est sous le signe de l'incertitude que le football tunisien engagera, dans la dernière semaine de ce mois de mars, le délicat virage de la double confrontation avec les Eperviers du Togo pour une place en phase finale de la Coupe d'Afrique des nations 2017. Le climat est lourd et pesant à l'heure de négocier la préparation de cette échéance cruciale face au principal rival pour l'obtention du précieux sésame. D‘autant plus que les élections de vendredi prochain pour le bureau fédéral ressemblent à un exercice incertain de nage dans des eaux compliquées. La liste de Wadii Al Jari, le président sortant, est donnée, par les analystes, largement favorite devant celle de Jalel Tekaya. Mais, comme dans notre foot, on ne fait rien comme partout ailleurs, aucune perspective n'est à écarter. Y compris le report du scrutin du 18 mars sur décision du Tribunal administratif, saisi par le «front du refus», lequel était remonté en amont pour jeter l'anathème sur les assemblées générales de la FTF tenues le 29 juillet et le 6 novembre derniers. Représentée par le président de Grombalia Sport, Mahmoud Baroudi, l'opposition était allée dernièrement chercher à Lausanne, devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), une caution juridique au rejet des amendements adoptés lors des deux AG qui ont redessiné les règles du jeu aux élections fédérales, repêchant un candidat (à sa propre succession), embarrassé par une sanction de six mois qui devait l'écarter de la course, au prochain mandat 2016-2020. Par un tour de prestidigitateur, Al Jari a fait adopter un amendement passant l'éponge sur la mesure disciplinaire dont il a fait l'objet de la part de la Confédération africaine. Avec la caution des clubs, il a même obtenu une «liquidation» pure et simple du Comité national d'arbitrage sportif qui avait «poussé l'audace» jusqu'à déclarer nuls et non avenus les amendements apportés aux statuts fédéraux. Ce qu'on appelle une victoire écrasante donnant au président candidat les coudées franches. Les portes de l'enfer En s'abstenant de trancher sur le fond de la plainte déposée par Baroudi et avec lui le Club Africain, se disant incompétent surtout qu'une juridiction de 3e degré existe chez nous, à savoir le Cnas, le Tribunal arbitral du sport a d'une certaine manière ouvert les portes de l'enfer, comme on dit, sur toutes les interprétations possibles et imaginables, ajoutant à la confusion qui règne. Si le ministère de tutelle et le Comité national olympique tunisien se gardent de séparer les «combattants» et d'intervenir dans cet imbroglio juridico-sportif sur fond de pugilat verbal où les coups ne volent pas vraiment très haut, escamotant tout débat d'idées, toute confrontation de projets, c'est qu'ils redoutent de s'enliser dans un bourbier dont ils ne pourraient plus s'extraire. Et qui relève des juridictions sportives, sinon civiles. Force doit donc rester à la loi dans un pays où celle-ci est souveraine, un pays aux institutions séculaires, mais qui a rarement eu par le passé à faire face à un tel schmilblick. Où les protagonistes naviguent à vue, n'hésitant pas à asservir la loi et à s'armer de textes sur mesure qui jurent avec l'Etat de droit que veut bâtir la Tunisie.