L'exposition de l'Union des artistes plasticiens tunisiens (Uapt), qui se tient du 11 mars et se poursuit jusqu'au 30 du même mois, est la grande fiesta de la communauté des artistes plasticiens. Chaque année, vers la même période, l'Uapt propose dans différents espaces de la capitale un panorama d'œuvres récentes d'artistes de diverses générations. Plus de 250 œuvres ont été exposées à la Maison des arts du Belvédère, à l'espace El Abdellia et au Palais Kheireddine. Cette exposition permet aux amateurs d'art, critiques et collectionneurs de découvrir les nouvelles tendances picturales mais aussi les œuvres posthumes de peintres ayant laissé leurs empreintes dans le catalogue riche et fourni de la peinture tunisienne. C'est aussi l'occasion de se réunir lors des vernissages pour débattre de la situation actuelle des arts plastiques en Tunisie et de se pencher sur les perspectives d'avenir de cet art. L'exposition annuelle de l'Uapt constitue une bonne tradition qui se perpétue mais aussi une vitrine de l'art moderne en Tunisie. Hommage aux soixante-huitards Malgré l'importance que requiert cet événement, du moins pour la corporation des plasticiens, il semble que les hauts responsables de l'Etat, particulièrement les ministres, qui appellent au combat du terrorisme par la promotion de la culture, ne daignent pas se déplacer pour une telle manifestation. L'absence de la ministre de la Culture et du maire de Tunis entre autres prouve leur indifférence à l'égard de ce secteur qui représente le foisonnement artistique d'une Tunisie en mutation. Le Palais Kheireddine abrite des peintures, des tapisseries et des sculptures. Des noms connus et d'autres moins connus participent côte à côte à cette exposition qui rend hommage à Abderahmane Medjaouli et Manoubi Boussandel. Le premier Abderahmane Medjaouli, mort à l'âge de 79 ans, a enseigné à l'école des Beaux-Arts de Tunis, puis à Paris, ensuite au Danemark durant quatre ans. Il retourne à l'école des Beaux Arts de Tunis et devient en 1994 secrétaire général de l'Union des artistes plasticiens tunisiens. Sa peinture semi-abstraite se caractérise par une fantasmagorie qui lui est spécifique. Tandis que le deuxième, Manoubi Boussandel, natif de Menzel Abderahmane (Bizerte), est décédé à 71 ans. N'ayant presque jamais quitté son village, il en a fait une source d'inspiration inépuisable en faisant constamment revivre ses premiers souvenirs où se profilent des personnages et des lieux traduits dans l'espace de la toile de manière à lui donner corps et donc vie par des valeurs chromatiques tantôt chaudes tantôt froides. Tendance à l'abstraction Il est difficile d'évoquer toutes les participations, mais ce qui ressort essentiellement de cette exposition est une tendance générale à l'abstraction qui se décline sous forme d'abstraction lyrique, abstraction géométrique ou encore poétique. Le figuratif, qui occupait autrefois une place prépondérante, n'est plus au goût du jour. L'évolution des arts plastiques se fait lente sous nos toits mais l'abstrait s'impose de nos jours comme une alternative incontournable à la peinture d'antan. Cette exposition devrait être assortie d'un catalogue réunissant toutes les œuvres exposées. Or, ce catalogue, qui constitue un document important participant à retracer l'évolution des arts plastiques dans le pays, n'a pas été réalisé, faute, sans doute, de moyens financiers.