Pénurie d'huile subventionnée, d'œufs, de farine, de sucre, de bouteilles de gaz. La liste des produits de base et essentiels qui manquent dans les épiceries et sur les rayons des commerces modernes pour l'usage quotidien ne cesse de s'allonger. Le problème dépasse le cadre de la production ou de l'importation pour la régulation du marché et se situe au niveau des filières de la spéculation qui constitue une activité juteuse. Il y a une large palette de produits subventionnés par l'Etat, à savoir la farine, la semoule, l'huile végétale, le pain, le cahier, le carburant, le gaz à usage domestique, le sucre, les pâtes. Et la liste est longue. Mais une vraie pieuvre a tendu ses tentacules détourant les conséquentes sommes destinées à équilibrer le pouvoir d'achat en une activité criminelle qui amasse l'argent public sur le dos des consommateurs tunisiens. La lutte contre ces fraudes s'intensifie mais la résistance des spéculateurs est de taille. La hausse des prix internationaux des matières premières et des produits de base et la non-attribution des subventions aux couches vulnérables augmentent la pression de la demande et participent gravement au creusement du déficit courant à des niveaux sans précédent. Un lourd fardeau De ce fait, le budget de l'Etat se trouve affecté par la stratégie d'absorption des fortes fluctuations des prix internationaux (Brent, céréales, huiles végétales...). En même temps, une politique de tarification inefficace et la dégradation de la situation financière de plusieurs entreprises publiques (Office des céréales, Office nationale de l'huile, Steg, Stir, etc.), concernées par la production ou la distribution met le marché dans des situations de pénurie. Cela pèse lourd sur l'équation de l'offre et de la demande. Ce qui fait que les prix proposés au consommateur ne reflètent plus celui du marché. Certes, on peut intervenir pour les réajuster. Mais on ne sera pas sortis de l'auberge. Car tout produit subventionné est quasiment introuvable sur le marché. Il faut y trouver une solution qui serait dans l'intérêt de tous. Celle de faire en sorte que le budget alloué à la compensation soit orienté vers les catégories cibles. Cela dit, la différence supportée par l'Etat pourrait être directement versée au profit des citoyens nécessiteux. Certes, il n'est pas question pour le gouvernement d'annuler sa politique de compensation pour le moment. Cela dit, pour préserver les couches sociales, des leviers d'ajustement sont nécessaires. Parmi ces mesures, il est nécessaire de recourir à une application discrétionnaire du mécanisme d'ajustement des prix à la pompe pour les produits énergétiques et d'entamer sans plus tarder l'achèvement de la réforme de ciblage et des transferts monétaires directs. A cet effet, l'implémentation concertée et progressive de la réforme de l'ajustement des prix des produits de base et des produits énergétiques figure parmi les options de réformes. Entre-temps, le contrôle des circuits de distribution des produits de base reste la piste la mieux indiquée et que personne ne conteste. Il n'est plus question d'apposer une indifférence glacée aux conséquences ravageuses des manœuvres des spéculateurs.