Le président de l'ODC s'alarme quant à la dégradation du pouvoir d'achat et quant à la suppression de la subvention pour les industriels. Il affirme qu'il y aura une pénurie de sucre comme c'est le cas pour l'huile végétale. La traçabilité demeure une flagrante défaillance dans ce processus et le contrôle n'est pas suffisant. Des mesures répressives et une meilleure traçabilité doivent être mises en œuvre avant de prendre d'autres décisions, estime-t-il. «La subvention des produits alimentaires de base dépasse, aujourd'hui, les 1.650 millions de dinars. Si on y ajoute la subvention des hydrocarbures, de l'électricité, etc, le montant des subventions avoisine les 5.000 millions de dinars. L'un des problèmes majeurs actuellement est l'huile végétale presque en pénurie. Son prix réel est 2.700 millimes le litre mais vendue à 900 millimes. Cette subvention est dédiée normalement aux couches des plus pauvres ainsi que la classe moyenne inférieure. Cette huile végétale est finalement exploitée par les différents types de restaurateurs, hôteliers, industriels, etc, qui ne sont pas concernés par cette subvention. Aussi, les contrebandiers sont en train de la vendre en Libye et en Algérie comme ils vendent les hydrocarbures en provenance de ces deux pays. De même, certains industriels du biodiesel sont en train de mixer cette huile subventionnée avec les huiles usées et l'exportent carrément ! Cela leur permet de générer des gains énormes. L'enjeu est grand et le consommateur tunisien ne trouve pas les quantités qui lui sont normalement destinées. Les circuits de distribution souffrent de défaillances structurelles jusque-là non comblées. Le manque de l'huile végétale subventionnée est enregistré notamment dans les régions de l'intérieur et les cités populaires. Il y a des gens qui monopolisent les circuits de distribution de cette huile», a souligné le président de l'ODC. Sucre, prochaine pénurie ! «Pour ce qui est du sucre qui est vendu à 970 millimes le kilogramme, l'Office du Commerce, qui le vendait aux industriels à 1.090 millimes le kilogramme, vient de lever la compensation sur l'usage industriel afin que les professionnels l'achètent aux prix du marché international. Ainsi, soit qu'ils l'achètent du ministère de Commerce à 1.487 millimes le kilo soit qu'ils l'importent s'ils trouvent une meilleure offre. Cependant, le sucre reste subventionné pour le consommateur final. Ainsi, on risque d'avoir le même problème que celui de l'huile végétale et on verra les mêmes pratiques de monopolisation de la distribution. Les industriels vont profiter de l'énorme différence entre le prix du marché, 1.500 millimes le kilo et les 970 millimes du subventionné ! Il y aura une pénurie de sucre fin subventionné notamment dans les villages et les délégations du fin fond du pays. Et en tant qu'Organisation de Défense du Consommateur, nous n'arrêtons pas d'alerter quant à cette situation qui fait perdre au citoyen son accès aux produits subventionnés», a relevé M. Slim Saâdallah. Et d'ajouter : «Ces décisions auront des conséquences directes sur le consommateur tunisien et son pouvoir d'achat. Dans ce sens, quand on supprime la subvention pour les industriels, ils vont automatiquement augmenter le prix à la vente à l'instar des boissons gazeuses, dont le prix vient d'augmenter tout dernièrement. D'ores et déjà, le consommateur est touché par ces mesures. L'Etat pense économiser les 70 millions de dinars de subventions qu'il dédiait au sucre pour les industriels mais l'impact sera énorme sur le consommateur dont le pouvoir d'achat est en berne. Le mal est fait! Les campagnes de contrôle doivent être intensifiées pour faire parvenir le sucre subventionné au consommateur final sinon il serait obligé d'acheter le sucre emballé en morceaux dont le kilo est à 1.980 millimes ! Nous nous inquiétons pour les conséquences de cette mesure. Des propositions, que nous avons refusées, sont à l'étude pour mettre le sucre fin dans des emballages d'un kilo à des prix variables entre 1.400 et 1.600 millimes le kilo. L'organisation réaffirme son refus de ces mesures qui vont éroder davantage le pouvoir d'achat du consommateur», a poursuivi le président de l'ODC. L'huile de palme, un danger ! «Pour l'huile végétale, il y a un problème de traçabilité à double niveau. Le premier et le plus dangereux est qu'on effectuait cette traçabilité à travers l'injection d'un pourcentage, de 15% en été à 5% en hiver, dans les bouteilles d'huile végétale subventionnée. Nous avions fait une grande pression pour que cette huile de palme ne soit plus utilisée, depuis mars dernier, en tant que méthode de traçabilité, c'est qu'elle est dangereuse pour la santé. Elle bouche les artères et les veines du cœur mais elle est la moins chère des huiles végétales. Malheureusement, cette huile est encore importée pour la préparation de certains produits à l'instar des cakes, gâteaux, sardines, thon et autres. Nous travaillons au niveau de l'organisation pour que cette huile soit complètement interdite ! Et pour les industriels, ils doivent mentionner le genre d'huile végétale qu'ils utilisent dans leurs produits. Pour ce qui est de la traçabilité de la farine et du sucre, on prévoit de la faire à travers des modèles de sacs de 50 kilogrammes et d'étiquetage, ce qui n'est pas du tout efficace. En Tunisie, on a quelque trois millions de Tunisiens qui ont besoin des produits subventionnés et ils faut juste mettre à jour les listes des gens qui en ont besoin. Si le ciblage des familles nécessiteuses est bien fait, le coût des subventions sera réduit considérablement par rapport à ce que paie actuellement l'Etat. Je pense qu'il faut un travail de sensibilisation en continu pour soutenir ces efforts et éviter le gaspillage des produits alimentaires dont l'impact est important sur les dépenses».