La difficulté d'accès aux données, notamment dans les dossiers de corruption, un handicap pour l'expert judiciaire dans l'accomplissement de sa tâche Les experts judiciaires tunisiens, partie intégrante du système judiciaire, sont restés, des années durant, loin des tergiversations provoquées par la réforme de ce système, entamée en 2011, et notamment la création du tant attendu Conseil supérieur de la magistrature. Essayant de se repositionner dans la nouvelle configuration du système judiciaire, l'Association nationale des experts judiciaires tunisiens (Anejt) organise les 25 et 26 mars son premier colloque international sous le thème « Rôle de l'expert judiciaire tunisien dans l'instauration d'un système judiciaire équitable». Le colloque se veut un rendez-vous pour insister sur l'indépendance et le rôle important de l'expert judiciaire en tant qu'acteur et non en tant que profession d'assistance. Aussi, on procédera à la signature d'un protocole de création de l'Union maghrébine des experts judiciaires, une union qui rassemblera des représentants des professionnels de ce métier des pays du Maghreb, sauf ceux du Maroc. Selon le président du colloque et membre de l'Anejt, Tarek Souissi, la représentativité n'est pas assurée au Maroc en l'absence d'un organisme qui rassemble le grand nombre d'associations d'experts judiciaires. S'exprimant lors d'une conférence de presse tenue au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), Souissi a présenté le colloque en tant qu'événement qui s'inscrit dans l'optique nationale visant à restructurer le système judiciaire tunisien et accroître son efficacité. Le colloque, organisé en partenariat avec le Programme d'appui à la Réforme de la Justice (Parj), se tiendra sous le patronage du ministre de la Justice, Amor Mansour, et verra la participation de quatre cents experts, magistrats, avocats et autres représentants des professions faisant partie de la famille de la justice. Des juges, chercheurs, experts et formateurs nationaux et internationaux y prendront part en tant que conférenciers dont Patrice De Charette, juge international et chef de mission du Parj de l'Union européenne en Tunisie, Jacques Viallat, président de l'Organisation Mondiale des experts, conseils et arbitres (Omeca). Le rendez-vous sera une aubaine pour débattre plusieurs questions dont les garanties de l'équité, le respect des textes et des conventions internationaux, les expertises judiciaires et les limites de chaque acteur du système judiciaire, la lutte contre la corruption, et bien d'autres problématiques. Dans son intervention concernant la situation actuelle, le président de l'Anejt, Mohamed Sebri, a affirmé qu'on ne souffre plus d'interférence dans le travail de l'expert judiciaire, qui est un travail essentiellement technique. Et d'ajouter que le juge choisit l'expert judiciaire qu'il doit consulter même si le rapport de ce dernier n'est que consultatif... Pour sa part, Béchir Ben Khlifa, membre de l'Anjet, a affirmé, tout comme Tarek Souissi, que l'expert judiciaire trouve encore des difficultés à accéder aux données et surtout en ce qui concerne les dossiers de corruption administrative, financière ou autres. Des difficultés qualifiées de handicap pour l'accomplissement du rôle de l'expert judiciaire...