Par M'hamed JAIBI Elle aurait dû unir et rassembler, elle a davantage divisé, et même subdivisé. Notre indépendance nationale ne jouit plus du respect qu'elle mérite, même pas chez ceux qui en réclament la filiation. Le 20 mars 2016 aurait dû marquer une pause solennelle dans la division qui frappe le plus grand parti se réclamant actuellement du mouvement national et de Bourquiba, des groupes parlementaires qu'il a enfantés et des courants en gestation issus de ses rangs. Au contraire, on a vu le spectacle d'une famille politique déchirée qui tire profit du 20 mars pour faire étalage de ses divisions, en une piteuse compétition d'affluence entre la coupole d'El Menzah et le Palais des congrès où, là encore, la division a régné en maître. Ce, alors que des milliers et des milliers de citoyens tunisiens attachés à l'indépendance, que des milliers de bourguibistes, de bourguibiens, de destouriens, de patriotes de diverses tendances et sensibilités, de femmes, de jeunes... étaient laissés au ban des «festivités», et que les islamistes d'Ennahdha s'essayaient laborieusement à la chose, symboliquement, en plein milieu de l'avenue Bourguiba (chapeau !). Le pays vit une délicate expérience démocratique, inédite dans le monde arabe, affronte une terrible guerre que lui livre le terrorisme jihadiste, se débat dans une crise économique sans précédent, avec des caisses vides et si peu d'idées porteuses, et on lui suggère l'unité nationale comme unique remède. Or, que voyons-nous ? Un spectacle démoralisant d'inconscience et d'irresponsabilité, chez ceux-là mêmes à qui les électeurs ont majoritairement confié leur sort ! Pourtant, tout le «beau monde» des députés issus des listes de Nida Tounès ont su préserver l'unité de leurs options et votes à l'ARP. N'auraient-ils pas pu mettre une sourdine à leurs divisions et ambitions partisanes ? Ne serait-ce que le temps d'une commémoration symbolique, qu'aurait pu présider le président de l'Assemblée.