Vendredi dernier, à 10h00, la ville de Kairouan semble dormir encore, la plupart des boutiques sont fermées et les avenues sont calmes. Exit les terrasses de cafés d'habitude bondés de monde ainsi que les gargotes de keftagis. Mais en faisant un petit tour dans les différents marchés et souks de la ville, on constate une grande dynamique due au mouvement incessant d'une foule à la recherche de produits de consommation de toutes sortes. Partout, des marchands ambulants installés derrière les étals de fortune et qui proposent des feuilles de brik, des hlalem, des nwacir, des œufs de ferme et des sucreries de toutes sortes sans se soucier des règles d'hygiène. Mais les citoyens achètent, sans en avoir vraiment besoin… Comme s'ils craignaient une quelconque pénurie. Au hasard de nos déambulations au marché d'El Haddadine, on se trouve bousculé par une foule de consommateurs sur les nerfs en quête de bonnes affaires. Une véritable frénésie d'achat inexpliquée d'autant qu'il y a une variété de choix et de prix et que le mois de Ramadan est censé être un mois de piété et d'abstinence. En fait, on assiste à une véritable ruée vers certains produits prisés tels que le persil, les citrons, les tomates, les fruits, les vermicelles, les salaisons, le thon et les légumes. «C'est plus cher qu'avant Ramadan. Même les figues de Barbarie (le seau est passé de 500 à 700 millimes) et l'eau minérale ont vu leur prix augmenter…», observe une mère de famille. Notons que les prix sont élevés surtout en ce qui concerne les pêches plates, les dattes, l'ail et les poissons (de 15 à 24 D le kg le rouget de roche). Seules les viandes rouges (12D le kg) ont connu une certaine baisse de leur prix, d'où les queues devant les boucheries. Les gens semblent avoir oublié leur taux de cholestérol pour céder à la tentation. Côté fruits, les raisins sont passés de 2,600D le kg avant Ramadan à 1,800D. «Cela dure une semaine. Mais par la suite, les gens deviennent moins boulimiques, alors les prix baissent…», nous lance un marchand de légumes. On s'approvisionne aussi du milieu rural Notons dans ce contexte que beaucoup de jeûneurs se rendent dans les localités rurales pour acheter des fruits et de la viande qu'ils trouvent plus fraîche et plus délicieuse que celle proposée en ville ! D'autres se rendent, en fin d'après-midi, aux quartiers périphériques du nord de la ville pour acheter de la tabouna, préparée par des mains expertes. N'oublions pas d'évoquer la présence de brigades spéciales de contrôle sanitaire et économique pour le respect des règles d'hygiène et pour éviter certaines hausses illicites des prix.