Kairouan vit à l'heure ramadanesque avec ce que cela entraîne comme changement de rythme et d'humeur dans la vie des citoyens. Tons, couleurs et rythmes se mettent au diapason du mois saint où la vie nocturne est faite d'images réjouissantes. Nul ne peut rester insensible à l'ambiance religieuse de la médina et aux veillées, même si on devait se réveiller le lendemain un peu engourdi. Lundi 23 juillet, 4e jour du mois saint à 10h00, la ville semble dormir encore, la plupart des boutiques sont fermées et les avenues sont calmes. Mais en faisant un tour dans les différents marchés et souks de la ville, on constate le mouvement incessant d'une foule à la recherche de produits de consommation de toutes sortes. Partout, des marchands ambulants sont installés derrière des étalages de fortune et qui proposent des feuilles de brick, des œufs de ferme et des sucreries de toutes sortes, sans se soucier des règles d'hygiène. Mais les gens achètent, sans en avoir véritablement besoin. Nous avons même vu des bouchers égorger leurs moutons sur le trottoir, devant leurs boutiques, sans se soucier des éventuels contrôles sanitaires et des P.-V. Il y a de quoi devenir végétarien ! En effet, à Kairouan, les boucheries clandestines existent dans la plupart des quartiers. Cela n'est un secret pour personne et les consommateurs achètent avec une frénésie intrigante. Au hasard de nos déambulations au marché d'El Haddadine, qui reste fidèle à sa réputation, à savoir le coin le moins cher, on se trouve bousculé par une foule de consommateurs en quête de bonnes affaires. Ici, on assiste à une véritable ruée vers certains produits prisés tels que le persil dont le prix a doublé, les tomates, les citrons, le thon, les viandes rouges, le poulet, les fruits et les légumes qui ont connu une tendance haussière. Même constat du côté du marché d'El Rahba. Les clients issus de toutes les catégories sociales scrutent les différents étalages. Tout est disponible, et même en abondance. Néanmoins, certains vendeurs n'affichent pas le prix de leurs marchandises et d'autres écoulent de la marchandise importée et douteuse car échappant aux circuits de distribution contrôlés par l'Etat. «Cela dure une semaine. Mais par la suite, les gens deviennent moins fébriles et les prix baissent», nous lance un marchand de légumes qui vend les pommes importées à 5 D le kg. Notons que l'état de certains légumes laisse à désirer à cause de la canicule. Les mosquées de plus en plus fréquentées Parmi les lieux très fréquentés au cours de ce mois saint où la chaleur oblige les gens à passer la journée à la maison, figurent les nombreuses mosquées qui ont connu des travaux d'embellissement et de rénovation. Les fidèles y viennent pour faire la prière des trawih et assister aux différentes causeries religieuses, sans aucune d'être surveillés ou mal jugés. Ramadan, c'est également les veillées chez les parents et amis agrémentées de confiseries. Ce sont également les rencontres dans les cafés de la ville. On s'approvisionne aussi en milieu rural Notons dans ce contexte que beaucoup de jeûneurs se rendent dans les localités rurales d'El Baten et de Kairouan-Sud pour acheter de la viande qu'ils trouvent plus fraîche et plus délicieuse que celle proposée en ville. D'autres se rendent enfin d'après-midi aux marchés périphériques du Nord de la ville pour acheter de la tabouna préparée par des habitantes aux mains expertes. N'oublions pas d'évoquer la présence de brigades de contrôle sanitaire et économique pour le respect des règles d'hygiène et de la bonne qualité des produits exposés.